L’ambassadeur d’Israël fuit Rabat quatre mois à peine après s’y être installé
Par Kamel M. – L’ambassadeur d’Israël à Rabat n’a pas eu le temps de s’installer que, déjà, il fait ses valises, fuyant le Maroc où les manifestations pro-palestiniennes sont quotidiennes. Les Marocains prouvent ainsi que le Makhzen a pactisé avec l’entité sioniste malgré l’opposition de l’écrasante majorité des Marocains. David Goffrin a justifié son départ par des raisons «personnelles», mais l’argument ne tient pas la route. «On ne quitte pas son poste dans un contexte aussi explosif et quelques semaines à peine après une normalisation obtenue au forceps pour une raison familiale», font remarquer des sources informées.
Mohammed VI et son Makhzen sont sur une corde raide. Les événements sanglants qui se déroulent en Palestine occupée ont un impact direct sur le régime de Rabat pour, au moins, deux raisons. Ils interviennent au lendemain du mariage de raison conclu entre le Maroc officiel, représenté par son gouvernement islamiste, et l’Etat hébreu dirigé par un Premier ministre contesté. De même que le statut de président du Comité Al-Qods dont jouit Mohammed VI, couplé à l’attitude lâche du régime monarchique qu’il incarne, met à nu le caractère illégitime de cette entité tant que ses destinées sont confiées à cet allié de la puissance occupante.
Les crimes contre l’humanité commis par l’armée israélienne à El-Qods et à Gaza n’ont été rendus possibles que grâce à la normalisation des Etats arabes qui ont, ainsi, donné à Tel-Aviv une sorte de feu vert pour massacrer les Palestiniens. Si des régimes comme ceux du Maroc et du Qatar font semblant de condamner les actes criminels commis par Israël en Palestine, les Emirats arabes unis, eux, soutiennent carrément l’entité sioniste via des prédicateurs et des personnalités publiques qui s’en prennent violemment au Hamas, accusé de mener des actions «terroristes» qui «se devaient d’être contrecarrées par Israël».
«La reprise de l’Intifadha remettra immanquablement en cause le plan de reconfiguration du Moyen-Orient échafaudé par Washington et qui est en train d’être annihilé par la puissante réaction inattendue de la résistance palestinienne et la détermination des Palestiniens d’El-Qods à ne plus se laisser arracher ne serait-ce qu’un pan de terre supplémentaire», notent des sources proches du dossier. Le président Mahmoud Abbas a, d’ailleurs, clairement indiqué que les Palestiniens ne «commettront pas les crimes de 1948 et 1967» et le revirement des pays arabes qui ont tourné le dos à la cause «par opportunisme géopolitique» n’est pas de nature à affaiblir la lutte palestinienne, «d’autant que les pays arabes, représentés dans la Ligue du même nom, n’ont jamais rien apporté de concret à la Palestine, hormis les slogans creux et la traîtrise», soulignent nos sources.
Le départ, même momentané, de l’ambassadeur d’Israël du Maroc dénote, en tout cas, la fragilité extrême de la normalisation imposée par les Etats-Unis au profit des intérêts exclusifs de l’entité sioniste. Les dirigeants palestiniens, qui le savent, ont appelé les pays normalisateurs à rompre avec Israël. Mais c’est déjà trop tard : ces pays sont pris dans les mailles du filet sioniste et n’en sortiront pas indemnes.
K. M.
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