Tebboune va-t-il reporter les élections législatives pour éviter une mascarade ?
Par Houari A. – Sur les réseaux sociaux, il n’est question que de ça. Les affiches ridicules des candidats aux prochaines élections législatives sont un signe avant-coureur de ce que sera la prochaine Assemblée : un magma d’opportunistes non initiés à la politique qui veulent faire carrière dans un domaine qu’ils croient être lucratif et confortable. A la vue des posters confectionnés par les candidats, il apparaît clairement un grand amateurisme qui risque, si l’échéance n’est pas reportée, le temps de remettre de l’ordre dans l’échiquier politique national complètement déstructuré, de donner naissance à un Parlement ubuesque qui ne fera qu’aggraver la crise que traverse le pays.
Par ailleurs, même si la qualité des candidats à la députation n’était pas à ce point vaudevillesque, on s’achemine clairement vers une atomisation de l’Assemblée qui aura pour conséquence directe l’impossibilité de constituer un gouvernement issu de ce que la nouvelle équipe dirigeante voudrait que ce soit la première élection réellement propre et honnête depuis l’indépendance du pays. Ce qui conduirait au maintien de l’Exécutif actuel ou de son remaniement par le président de la République, renforçant ainsi le régime ultra-présidentiel que le successeur d’Abdelaziz Bouteflika s’était pourtant engagé à abolir en priorité à travers la nouvelle Constitution.
Des sources concordantes n’excluent pas un changement de cap, au regard de la catastrophe vers laquelle se dirige tout droit le pays si le chef de l’Etat ne corrige pas le tir avant qu’il soit trop tard. Ces sources croient savoir qu’une conférence nationale pourrait précéder les élections législatives, qui se tiendraient à la prochaine rentrée sociale ou plus tard, de sorte à préparer le terrain à un rendez-vous électoral mieux préparé. Le retour sur le devant de la scène d’hommes politiques chevronnés serait envisagé. Mais Tebboune réussira-t-il à les convaincre de participer à l’effort de sortie de crise ? Ces derniers, en effet, pourraient poser des préalables, notamment un assouplissement de l’approche de l’Etat à l’égard des manifestations, même si, de l’avis général, le mouvement de contestation populaire originel a été dévoyé de ses objectifs initiaux et récupéré par des cercles qui veulent entretenir le chaos et pousser à la confrontation.
Si l’option de la conférence nationale ou d’un rendez-vous similaire était confirmée, on reviendrait alors à ce que le prédécesseur d’Abdelmadjid Tebboune avait voulu proposer avant que l’ex-vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd-Salah, n’imposât le cinquième mandat pour «sauver sa peau». Le but, au départ, était de prolonger le quatrième mandat de six mois à un an, le temps de nettoyer les écuries d’Augias et de préparer le terrain à des élections présidentielles qui se seraient tenues après que tout le personnel politique contesté ait été mis à la porte. Mais c’était sans compter sur les résistances farouches qui allaient en découler de la part des milieux dont le changement radical dérangeait les gros intérêts. Il s’en est suivi les règlements de comptes qui ont conduit le pays à la situation inextricable dans laquelle il se débat jusqu’au jour d’aujourd’hui.
Le report des élections législatives est devenu impératif pour éviter au pays de sombrer dans une nouvelle longue période d’instabilité. Le temps n’est pas l’initiation à la chose politique au profit de postulants novices, mais à l’action prompte et efficace.
H. A.
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