Les phantasmes du «grand» journaliste Sereni sur les généraux Nezzar et Toufik
Par Karim B. – A la lecture de son CV, on est tout de suite tenté de croire à ses écrits comme un dévot se rattache à un texte sacré. Jean-Pierre Sereni est l’auteur d’un article paru dans Orient XXI, un site d’information «sur le monde arabe, le monde musulman et le Moyen-Orient», créé en 2013. Il a été directeur du Nouvel Economiste, rédacteur en chef de L’Express et auteur de plusieurs ouvrages sur le Maghreb. Pourtant, dans sa dernière livraison intitulée «Hirak, les autorités algériennes choisissent la manière forte», il démontre que rien ne le différencie de l’internaute amateur qui avale ce qu’on lui sert et le régurgite pour le répandre sur les réseaux sociaux sans aucun recul.
Le «professionnel» Jean-Pierre Sereni ressert à ses lecteurs ses propres lectures sur Facebook dont il fait une référence indubitable, lui et le «groupe de journalistes, universitaires, militants associatifs, anciens diplomates» qui ont «l’Orient au cœur» et qui «[veulent] contribuer à une meilleure connaissance de cette région si proche et dont l’image pourtant est si déformée, si partielle». Et c’est justement une image complètement déformée qu’il nous offre. Par ignorance ou par calcul ? En tout cas, son verdict est sans appel, et il l’assène dès l’abord : «Alger a arrêté sa ligne : la répression», puis il s’en va expliquer comment l’ancien ministre de la Défense nationale, le général Khaled Nezzar, et l’ex-patron des services secrets, le général Toufik, dirigent l’Algérie derrière le rideau.
Le journaliste français fait siens, à vrai dire, les slogans des éléments de Rachad et du MAK lors des dernières manifestations qui ont cessé d’être tolérées depuis que le Hirak a été récupéré par ces deux mouvements, désormais classés comme organisations terroristes. Le signataire de l’article creux et plein de contrevérités avoue du bout des lèvres son agacement face à ces «durs hostiles au Hirak comme à la réconciliation avec Paris». Voilà donc ce qui dérange l’auteur qui confirme, concomitamment, la collusion entre les «meneurs» du mouvement de contestation dévoyé et des cercles qui, à partir de l’Hexagone, jouent la carte de la déstabilisation en Algérie pour «donner une leçon» à l’axe antifrançais.
Ce serait donc les généraux Nezzar et Toufik qui ont «repris les choses en main et impriment désormais leur marque aux affaires politiques et diplomatiques» de l’Algérie, après que le président Tebboune et le chef d’état-major de l’ANP «ont cherché un accommodement avec [les] deux rivaux [de Gaïd-Salah]». L’un a gardé une certaine aura dans l’armée en raison de son passé de combattant au Sahara ou en Egypte et surtout de son rôle dans la guerre civile, dont la sanglante répression d’octobre 1988 ; l’autre a nommé pendant vingt-cinq ans tous les chefs de services et conservé des fidèles dans le corps. Entre temps, les promotions faites par Gaïd à la tête de l’armée comme dans les services ont été annulées, le dernier à partir étant le secrétaire général du ministère de la Défense.
Jean-Pierre Sereni explique à ceux qui le lisent que «les deux octogénaires ont mené ensemble la bataille contre l’insurrection islamiste il y a plus de trente ans, ils se sont réconciliés et ont la conviction que l’histoire recommence». Il ajoute, sans sourciller, que «le Hirak est, à leurs yeux, une menace mortelle pour l’Algérie, en réalité pour son système politique autoritaire», si bien que, poursuit-il sur sa lancée de guingois, «l’influence de Nezzar et de Toufik s’est fait sentir lors des dernières nominations et ils pèsent ensemble sur la ligne politique d’ensemble de l’Algérie à la veille des élections législatives du 12 juin prochain qui, à coup sûr, n’inaugureront pas la transition vers plus d’ouverture espérée un temps par le président Macron». «Sans gouverner directement, ils sont à eux deux le clan dominant aujourd’hui sans lequel rien ne peut se faire à Alger. Ils désigneront après le 12 juin le prochain Premier ministre et le successeur de Tebboune, malade, à la présidence de la République». Rien que ça !
Les généraux cités, qui suivent les événements de loin à partir de leur retraite perturbée, n’ont pu que ricaner à la lecture de ce phantasme.
K. B.
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