La Palestine est au bout du fusil
Contribution de Saâd Hamidi – Seïf Al-Qods. Acte IV(*). Rideau. En attendant la victoire finale du peuple palestinien dans le drame qui se joue devant nous. L’acteur majeur de cette injustice est le sionisme qui est une véritable plaie de l’humanité. Deux figures majeures du conflit récent ont retenu mon attention, Yahya Sinwar et Benny Gantz. Deux trajectoires, deux destins forgés dans l’adversité pour l’un et dans le déni et l’insolence pour l’autre. Quand l’un symbolise la résistance farouche et la détermination, l’autre symbolise l’arrogance, le mépris et la suffisance de soi-même.
Quand le fils de la patrie a humé la terre mouillée de Khan Yunis à Gaza et parcouru ses ruelles dans un camp de réfugiés dans son propre pays, l’autre est né en Palestine occupée d’une mère hongroise et d’un père roumain fraîchement débarqués dans la Palestine mandataire pour la coloniser et l’usurper à ses autochtones. Pour ce dernier, autant dire que ses racines sont étrangères à cette terre bénie. Alors que Sinwar puise ses racines dans cette terre millénaire qui a connu tant de bouleversements, et non des moindres, et c’est l’Histoire qui nous conte ces épopées. Richard Cœur de Lion n’a pas résisté aux assauts chevaleresques de Salah-Eddine Al-Ayoubi à la bataille de Hattin. Plus spécifiquement, Gaza fut un point de discorde dans le traité de paix entre les deux belligérants. Le contrôle de Gaza, s’il était occupé par les croisés, permettait de couper les communications entre l’Egypte et la Syrie.
Pressé de rentrer en Europe, Richard Cœur de Lion cède, mais obtient pour les pèlerins chrétiens le libre accès à Al-Qods sans taxes ainsi que la libre circulation des marchands des deux confessions à l’intérieur de la ville. Le traité est conclu le 2 septembre 1192. Richard Cœur de Lion quitte la Terre sainte le 9 octobre pour revenir en Occident (la troisième croisade, Wikipédia). Salah-Eddine y a demeuré adulé, aimé et admiré de ses proches et compagnons jusqu’à son enterrement parmi les siens à Damas, la ville du Jasmin.
Au sortir de la deuxième grande guerre et dominé par les vainqueurs, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est arrogé un droit cynique, inique et unique dans l’histoire de l’humanité en jugeant péremptoirement de donner «une terre sans peuple à un peuple sans terre». L’ONU n’a fait que suivre la fourberie immonde du projet sioniste. La Shoah du peuple palestinien venait de commencer et ce, sur la terre de ses ancêtres. La «communauté internationale» venait de décider que le peuple palestinien paye, désormais, pour le crime et l’inhumanité subis par les juifs en Europe.
En suivant les péripéties de cette agression sauvage, quelque chose zappe dans ma mémoire et me fait rappeler plus spécialement deux autres figures historiques : Larbi Ben M’hidi et Marcel Bigeard. Le fils de la terre et le colon sûr de sa domination, de ses armes et de sa science. Sur le tard, quand Bigeard s’est courbé, sous le poids d’une conscience malheureuse, a dit finalement de Ben M’hidi : «Il est l’âme de la résistance, fanatique, illuminé, il ne vit que pour l’indépendance de l’Algérie.» C’est le portrait que nous avons vu du comportement de Sinwar lors de sa marche de défi, victorieuse et prémonitoire, dans les rues de Gaza après la fin du conflit. Un jour, l’histoire fera dire à la conscience malheureuse et haineuse de Benny Gantz des propos similaires de Sinwar.
Dans l’épopée de Seïf Al-Qods, nous avons été témoins de la puissance destructrice d’une machine de guerre inhumaine d’un côté et de l’autre côté nous avons été admiratifs d’une volonté et d’une patience trempées dans les recoins les plus refoulés de l’âme d’un peuple.
Dans l’histoire du conflit israélo-palestinien, nous avons vu à l’œuvre trois principaux facteurs qui ont animé et consolidé tour à tour le sionisme : la récurrence de la conscience culpabilisante occidentale, le facteur religieux qui consiste dans le soutien sans commune mesure des évangélistes sionistes, surtout états-uniens, et troisièmement le fait d’être un poste avancé de l’Occident, une base militaire diront certains, avec tout ce que cela suppose comme contrôle de la finance et des richesses des pays de la région.
Il y a cependant trois autres facteurs, parmi d’autres innombrables, qui jouent en faveur du peuple palestinien. Tout d’abord, les sionistes porteurs d’une idéologie raciste et d’apartheid vivent au sein d’un milieu où la démographie n’est pas en leur faveur, loin s’en faut. Deuxièmement, pour des raisons géostratégiques, les Etats-Unis commencent à se détourner actuellement de cette région pour aller contrer la route de la soie et le développement de la Chine qui s’inscrit dans une démarche pacifique, inclusive et de type gagnant-gagnant avec les pays qui veulent établir un partenariat économique et ce, en respectant leur spécificité et en les traitant d’égal à égal. Le sionisme orphelin de la puissance protectrice américaine occupera moins les devants de la scène médiatique mondiale. L’AIPAC ira chercher des soutiens ailleurs, peut-être chez les nouveaux sionistes arabes !
Le troisième facteur tient au propre de l’homme, comme le soutien Ibn Khaldoun dans ses Prolégomènes. Les pères fondateurs d’une dynastie, d’un pays sont animés de buts, d’objectifs, de vision, ce que les troisième et quatrième générations perdent de vue. Dans le cas de la Palestine occupée, aujourd’hui, beaucoup de sionistes ont un deuxième passeport et ne voient plus en la Palestine la terre promise. Ils ont perdu de vue ce pourquoi leurs grands-parents se sont injustement battus bien sûr.
Le massacre de Deir Yacine est là comme une plaie béante dans notre chair. Ce qui intéresse les nouvelles générations sionistes, c’est de détenir des actions dans la Bourse, c’est de gagner de l’argent en créant des start-up avec toute la bénédiction de l’Occident, ce qu’a fait Benny Gantz après avoir quitté l’armée. Il a fondé une compagnie de sécurité informatique, The Fifth Dimension, afin de vendre des équipements et des logiciels de surveillance aux rois arabes qui veulent défendre leurs royaumes contre la volonté de leur peuple. Sa compagnie a fermé ses portes suite à une faillite financière, comme il a déclaré moralement faillite lui-même, et le sionisme avec, lors de la dernière guerre contre Gaza. Un jour, il ira vivre en Occident. Suite à l’acte IV, beaucoup de commentateurs israéliens ont déclaré qu’ils ne voient aucun avenir pour leurs enfants dans la Palestine occupée.
Je vis pour voir arriver, sans aucun doute, et j’espère de mon vivant, le jour où il n’y aura qu’un seul pays qui aura pour nom la Palestine. Ce pays aura un drapeau, un hymne national ainsi que tous les attributs de souveraineté choisis par tous ses enfants, égaux en droit et vivant en paix : musulmans, chrétiens et juifs.
S. H.
(*) Acte I : 2008-2009. Acte II : 2012. Acte III : 2014.
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