Un site anglais veut saboter l’alliance stratégique entre Alger et Moscou
Par Mohamed K. – «Enterré dans ce fracas, Biden a oublié une autre crise qui couve : l’Algérie. En proie à des soulèvements populaires, à la chute des prix du pétrole, à un vide de leadership et à une crise économique, le plus grand pays d’Afrique est maintenant confronté à un effondrement total», écrit Global Risk Insights dans un article qui suggère au nouveau pensionnaire de la Maison-Blanche de profiter de ce que la Russie a «lâché» son allié stratégique pour lui «filer un coup de main».
La publication britannique spécialisée dans l’analyse des risques politiques avance, cependant, que «Washington semble insensible» à l’Afrique du Nord qu’il a «mise en veilleuse, se concentrant plutôt sur la victoire sur le Kremlin».
Le président Joe Biden a précisé une chose dans son approche de la politique étrangère : cela commence par la Russie. Depuis son entrée en fonction, Biden a adopté une ligne dure contre Moscou, dénonçant le régime publiquement et en privé lors de son appel téléphonique de janvier avec le président russe, Vladimir Poutine. Son premier mois chargé a vu l’Amérique rejoindre les accords internationaux, affirmer des partenariats stratégiques et conjurer l’influence de tous bords liée au Kremlin, au moment où «aucune voie claire n’existe pour corriger sa trajectoire».
Global Risk Insights note que la Russie a depuis longtemps pris le large en matière de coopération avec l’Algérie, qui «achète 85% de son matériel à des firmes russes, ce qui en fait le plus gros acheteur d’armes de Moscou en Afrique», et rappelle que, le 30 janvier, «les Algériens ont commencé à recevoir le vaccin Sputnik-V de fabrication russe dans le cadre de leur campagne contre le Covid-19». Mais, pour le site fondé à la London School of Economics, la Russie «s’est révélée inerte dans le contexte des problèmes intérieurs de l’Algérie», en ce sens qu’elle «n’a pas aidé l’industrie algérienne des hydrocarbures en pleine expansion, qui représente plus de 96% de ses exportations totales» et «n’a pas à soutenir l’infrastructure de santé publique de l’Algérie, extrêmement vulnérable et en proie à la pandémie».
Global Risk Insights, qui semble vouloir parasiter les relations historiques entre Alger et Moscou pour permettre à Washington de s’engouffrer dans la brèche, hâte une «action des Etats-Unis» car, dans le cas contraire, la Russie «consolidera son influence et déclenchera une course aux armements périlleuse en Afrique du Nord» car, s’inquiète-t-on, «en ignorant l’Algérie, Biden tombe dans un piège mortel qui pourrait mettre en péril la région et amener les troupes russes directement aux portes de l’Otan».
L’analyse naïve et contradictoire du site «spécialisé» britannique suggère qu’un «effondrement» de l’Algérie la ferait «entrer dans l’orbite militaire de la Russie», après avoir indiqué, à juste titre, quelques lignes plutôt, que l’Algérie est «le plus gros acheteur d’armes russes en Afrique». S’enfonçant dans l’absurdité, le site indique que le Kremlin «pourrait […] déployer des soldats» dans le Sud algérien pour «sécuriser des puits de pétrole» et «prendre le contrôle de sa gigantesque cache d’armes, projetant sa puissance au cœur des opérations de l’Otan». Aussi, met en garde Global Risk Insights, une «action préventive» est nécessaire pour barrer le chemin à la Russie dont «la toute nouvelle route vers l’Europe occidentale pourrait passer par Alger».
Comment ? «En trouvant le moyen d’aider l’Algérie tout en tirant parti de l’influence stratégique de ses alliés» et en faisant pression sur elle pour «l’impliquer dans la communauté internationale par le biais d’organes soutenus par Washington, comme l’Organisation mondiale du commerce». La stratégie conseillée à Biden : voler au secours de l’Algérie lorsque celle-ci sera contrainte d’adopter des mesures d’austérité draconiennes. Autrement dit, pousser l’Algérie dans l’abîme pour ne l’en sortir que comme un duplicata du Maroc voisin, résigné et obéissant.
M. K.
Comment (40)