Selon l’Institut Montaigne : «L’Algérie est vulnérable aux chocs exogènes»
Par Nabil D. – Dans sa note de mai 2021, l’Institut Montaigne relève que «la stabilité du Maghreb [est] un impératif pour l’Europe» et que, «compte tenu de l’imbrication des peuples et des économies, le risque maghrébin est un risque européen». Analysant la situation en Algérie, le think tank français, réputé proche d’Emmanuel Macron, note que «la définition de scénarios de sortie de crise […] est un exercice plus contraint par les incertitudes sur les réponses de politique économique mobilisées dans les mois à venir par le gouvernement». «A cela, poursuit le rapport, s’ajoute le paramètre très évolutif du prix des hydrocarbures, étroitement corrélé aux réserves de change et aux marges de manœuvre du gouvernement algérien pour pérenniser ses canaux de transferts sociaux.»
«L’hypothèse d’un plan de mesures de soutien interne repose sur la conception d’un plan de relance efficace et correctement proportionné, ainsi que sur les évolutions des prix des hydrocarbures dans les mois à venir», prévoit l’Institut qui rappelle que «l’Etat algérien est, depuis les années 1990, très fermé sur un éventuel soutien financier extérieur et une assistance des institutions financières multilatérales, en particulier du FMI». Il estime que l’Algérie est «vulnérable aux chocs exogènes» et pointe «le manque de transparence dans la gestion publique et notamment économique de l’Algérie», qui «demeure un obstacle à la normalisation des relations entre le pays et les principales institutions financières multilatérales».
Evoquant le «paradoxe» d’une Algérie «souverainiste mais très ouverte sur les échanges internationaux», l’analyse de l’Institut Montaigne, dont le siège est à Paris, fait remarquer qu’elle est «depuis son indépendance très sourcilleuse quant aux choix de ses partenaires économiques». «Pays riche en hydrocarbures, l’Algérie n’est jamais entrée dans les circuits traditionnels de l’aide au développement», indique cette plateforme de réflexion qui met en avant l’immense écart entre l’Algérie et le Maroc en termes de flux financiers publics nets, lesquels représentent en Algérie, entre 2008 et 2017, 568 millions de dollars contre plus de 24,7 milliards de dollars au Maroc et 11 milliards de dollars en Tunisie sur la même période.
Selon l’étude, «le climat des affaires et un contrôle strict des investissements expliquent la faiblesse de l’investissement étranger». «La loi 49/51 sur l’implantation et la détention d’entreprises en Algérie a handicapé lourdement le développement de filiales étrangères, mais la loi vient d’être modifiée et permet, aujourd’hui, sauf dans quelques secteurs comme la pharmacie, une prise de contrôle par des investisseurs étrangers», explique le document, qui précise que la situation financière algérienne est «beaucoup moins dégradée que celle de ses voisins compte tenu de son endettement public extérieur encore raisonnable». Ce qui «laisse peu de place au scénario de l’investissement massif d’un pays qui viendrait, en plus d’un soutien économique, prendre une place politique majeure», prédit le rapport.
N. D.
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