Le Makhzen ignore les zones d’un exercice militaire qui aura lieu chez lui
Par Mohamed K. – Douche froide pour les Marocains qui espéraient faire avaler la pilule d’une intégration de deux territoires sahraouis dans l’exercice militaire conjoint avec l’armée américaine, prévu bientôt au Maroc. «Même les plus hautes autorités politiques du pays ignorent les plans de cette manœuvre dont Rabat affirme qu’elle sera la plus grande jamais menée, tant les soldats marocains semblent ne constituer que des cibles vivantes pour les Yankees», ironisent des sources en Algérie, après que le Pentagone a définitivement démenti que l’opération soit élargie aux zones de Tan Tan, Dakhla et Mahbes, au plus près de la frontière algérienne.
Le Premier ministre marocain, l’islamiste Saâd-Eddine El-Othmani, s’est empressé de retirer son annonce hâtive de son compte Twitter. Preuve que les Américains communiquent les détails de la manœuvre au compte-gouttes et que l’état-major de l’armée marocaine est tenu à l’écart des décisions dans cet exercice qui verra la participation de quelque 8 000 soldats. La première à faire cette fausse annonce fut l’agence de presse espagnole EFE, sans doute manipulée par des sources marocaines, d’autant que la presse du Makhzen confirmait l’information. Dans le même temps, le média russe Sputnik nous apprenait qu’une réunion venait de se tenir à Abu Dhabi entre des officiers de haut rang marocains et émiratis. La délégation militaire marocaine était conduite par le ministre chargé de l’Administration de la Défense, Abdellatif Loudiyi, et les discussions avaient été présidées, côté émirati, par le chef d’état-major de l’armée, Hamad Mohammed Thani Al-Rumaithi.
Les officiers des forces armées marocaines se sont réunis avec leurs homologues américains à Agadir pour «finaliser les derniers préparatifs de l’exercice militaire African Lion 2021», prévu ce mois de juin. Le régime marocain s’enorgueillissait de ce que la manœuvre conjointe «consolide la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara [Occidental]». Washington vient de balayer d’un revers de main ces allégations aggravées par une menace, à peine voilée, à l’endroit de l’Algérie à laquelle cet exercice terrestre et aérien «est destiné» aux fins de «simuler une riposte à une attaque d’une force soutenue par un autre pays, dans la région de Mahbes, située près de Tindouf».
«Les Marocains chantent victoire trop tôt. Ils croient pouvoir substituer au droit international une décision politique. Les décisions politiques de trois Etats coloniaux, Maroc, Israël et Etats-Unis, qui colonisent le Sahara Occidental, la Palestine ainsi que l’Irak et l’Afghanistan ne produisent aucun effet juridique sur la nature du conflit entre la RASD et le Maroc et dont le règlement relève toujours de la commission de décolonisation de l’ONU», commentait l’expert en géostratégie algérien Bachir Medjahed, ex-conseiller à la Présidence de la République.
Le Maroc a tenté de détourner l’objectif réel de la manœuvre conjointe, en faisant dire au commandant de l’Africom qu’elle serait dirigée contre l’Algérie, alors que les Etats-Unis inscrivaient leur action, dès le départ, dans la lutte contre la menace islamiste, sachant que la coopération avec l’Algérie dans ce domaine est régulièrement louée par Washington, qui considère l’armée algérienne comme le véritable rempart contre les groupes islamistes armés qui infestent la région du Sahel.
M. K.
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