Le terrible piège infernal de l’islamisme
Contribution d’Abdelaziz Boucherit – Beaucoup d’intellectuels, en supposant que des têtes bien-pensantes et profanes existent encore, singent le comique des mystiques éclairés en délire, en s’interrogeant, sur les pratiques d’une justice soudoyée et au service d’une croyance indue, issue des ténèbres. Ils grimacent, ostensiblement, pour feindre la surprise face aux verdicts rendus par les juges. Des sentences lourdes, empreintes d’une répulsion vouée à l’encontre de la compétence, encore active, du pays. Il ne faut plus abuser, avec des amalgames volontaires, pour faire semblant d’être étonné face au mal des idéologies moyenâgeuses qui rongent la majorité des esprits algériens.
L’obscurantisme islamiste est répandu, installé comme une pandémie dont on est sans remède pour la combattre. Les islamistes agissent librement, en plein jour, à visage découvert, à leur guise, dans un terrain conquis et sans résistance. Les juges en Algérie, logiques avec eux-mêmes, sortent, tous, des entrailles de l’école des mosquées, bénéficiant d’une formation sclérosée, émaillée des préceptes, biens enracinés, d’une école coranique.
L’ancrage, solidement, installé dans les mentalités, des rebuts néfastes de l’école fondamentale souillée par une arabisation morbide pour l’esprit critique, crée un climat délétère pour compléter ce qui reste. Une arabisation qui fait l’impasse sur les savoirs et les connaissances, au détriment d’un fanatisme religieux venu d’ailleurs. Ces juges, qui vantent la moustache virile et le voile de soumission, répondent, à l’atavisme aveugle de l’élite arabisante et islamique en Algérie. Ils se soumettent toujours à la force et au pouvoir en place. Comme fut, jadis, la servitude de leurs maîtres, les tenants des dogmes avant eux, à l’image de l’association musulmane des oulémas. Cette dernière s’était illustrée par une virulente hostilité au déclenchement de la guerre d’indépendance par fidélité à la France coloniale. Ils agissent, instinctivement, par servitude ou par la platitude d’un combat idéologique pour instaurer une république islamique. Une république islamique susceptible de mettre le feu dans l’espace nord-africain.
Les puissants et les lobbies occultes, vent debout, aux intentions obscures et une volonté commune insidieuse, n’attendent que ça. Ils utiliseront le prétexte, comme en Syrie, pour mettre en avant l’idée d’un foyer islamique archaïque et dangereux aux portes de l’Europe, pour se porter en sauveurs afin de désorganiser et détruire les infrastructures du pays. Et, enfin, se concerter pour se partager, sans encombre, une Algérie courtisée, depuis belle lurette, pour ses ressources. Une Algérie, plutôt un continent, déjà surveillée par les puissants car elle fait peur. Ils craignent qu’un jour elle se réveille et retrouve, comme la Chine, la voie de la raison, du modernisme et de la connaissance pour se hisser au rang d’une véritable puissance africaine.
La condamnation des derniers militants démocrates, encore actifs sur le terrain et qui luttent courageusement pour une Algérie libre, est une évidence, visible à l’œil nu, de l’échec flagrant de l’impuissance des partisans d’une laïcité salvatrice pour le pays. La Constitution inspirée par les lois de la charia, gavée des lois haineuses, pour effacer, radicalement, à la longue, toute la diversité culturelle qui constitue la richesse du panel vital qui unit l’espace sociétal algérien. Ce sont ceux qui crient au diable en désignant les sionistes d’une part et la France de l’autre, avec leurs slogans racistes, en exprimant pour les premiers la hargne religieuse contre le juif et pour les seconds le malaise légendaire, de l’ombre que fait la langue française à la langue arabe. Ce sont ceux-là mêmes qui creusent la tombe de l’Algérie indépendante actuelle.
La haine des religieux algériens, je dirais, plutôt, des mercenaires du golfe et de la Turquie envers l’élite du peuple est manifeste. Nous n’avons pas besoin d’apporter des preuves pour étayer nos écrits, il suffit de passer en revue les vicissitudes entachées des drames de la décennie noire. Le pouvoir pardonna, délibérément, avec un cynisme sans commune mesure avec le bon sens, aux religieux fieffés qui eurent déclenché la guerre civile. Avec l’aval, certes, d’un peuple amorphe et compatissant envers les chefs militaires du FIS convertis en commerçants émérites avec l’argent du contribuable.
Une fois que l’espace algérien serait vidé de sa matière grise et de ses élites qui veillent, plus ou moins encore, au bon fonctionnement de la société et de l’Etat, ils resteraient des clowns comme Bengrina et Mokri qui continueront à faire le pitre en faisant rire la galerie avec leurs discours d’une époque révolue. Le premier, en s’inspirant, à perdre la raison, des histoires loufoques et insolites de sa Dalila et le second, en se distinguant avec des sketchs autour de l’arabité alors que ses enfants polyglottes sont formés à l’étranger, en Europe plus précisément. Que le système s’allie, aujourd’hui, avec ces énergumènes pour maintenir le statu quo n’est une surprise pour personne. Qu’il permette à l’islamisme politique d’étaler son ridicule infâme, aux yeux du monde entier, serait une irresponsabilité qui révèle la volonté d’insulter l’idéal de la haute pensée moderne et révolutionnaire des engagements de nos martyrs.
L’Algérie terre des Berbères est, désormais, en danger. Elle est, véritablement, menacée par la politique de l’autruche, ouverte à toutes les menaces et les marchandages des puissants.
Les islamistes avaient toujours été, de tout temps, au cœur du blocage des évolutions politiques dans les pays musulmans. Ils ne savent que trahir. Ils ne peuvent ni produire, ni construire, ni apporter de la valeur ajoutée ; ils génèrent la pauvreté de la pensée et la désolation. Ces gens sont inutiles, haineux, ne pratiquant que le langage de la menace, les injures et les invectives. La société algérienne dans son ensemble, en dehors d’une minorité consciente et silencieuse, est atteinte par le mal profond de l’islamisme. Les partisans atteints par ce mal au gouvernement continuent de faire, délibérément, pression sur la diaspora de l’étranger pour faire taire ses critiques envers une politique qui dirige le pays droit au mur.
La maladie incurable de l’islamisme, bête et méchante, importée au sein de notre société par les pays du Golfe fut un piège savamment pensé pour éradiquer tous les témoins de la culture berbère millénaire. Ils savaient, par avance, que c’était un mal terrible. Et, pour s’en débarrasser de cette idéologie, il faudrait passer par la destruction complète du pays. La première tentative fut la décennie noire, la deuxième serait la vente du pays pour ceux qui courtisent l’espoir de régner en maîtres sur ce pays devenu un continent. Serait-il possible d’inverser la tendance ? et sauver le pays du périple d’une pensée rétrograde qui le conduit, inexorablement, vers une destruction fatale et en le mettant à genoux pour le défaire des liens vitaux qui consolident le tissu de solidarité d’une Algérie encore sereine. L’Algérie est face à un avenir incertain. Son peuple saura, comme toujours, se ressaisir, chaque fois qu’il se trouve, à la croisée des chemins, face au danger pour tenir tête à l’adversité qui le menace.
Le Hirak est une réaction qui avait soulevé pacifiquement toutes les couches du pays, comme un seul homme, en suscitant un espoir de liberté énorme. Il restera, pour longtemps, le catalyseur qui déterminera le destin futur du pays. Le Hirak n’est pas un folklore, comme le laissent supposer quelques esprits chagrins. Il doit inciter à faire réfléchir le pouvoir car il est porteur d’une force qui résume la portée symbolique des événements de Mai 1945. Même si on arrive à l’interdire, les relents d’une frustration latente continuent d’être en sourdine dans les esprits qui pousseront plus tard à une organisation efficace des démocrates.
L’idéal du Hirak entaché, sournoisement, par les islamistes, la frange majoritaire des Algériens, utilisés comme des marionnettes par les militaires reste un souvenir vivant et fera naître, désormais, un antagonisme entre deux modèles de société : l’un moderniste en rejetant l’islam politique, l’autre en instaurant une république islamique rétrograde, à l’image de la société figée actuelle. La confrontation serait inéluctable et finirait par un drame qu’on souhaite épargner au peuple qui eut tant souffert par le colonialisme et l’idéologie islamique qui fut aveugle et sans scrupule lors de la décennie noire. Le pouvoir se tire des balles au pied en tournant le dos à la volonté du peuple.
A. B.
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