Victime d’un accident calendaire : Rabat subit une succession d’échecs cuisants
Par Mohamed Kateb – La presse marocaine, qui a rendu publique, et à l’unisson, une lettre de l’ambassadeur du royaume à Genève à ses homologues, attaquant, une fois de plus, l’Algérie, sa doctrine diplomatique, ses institutions et ses plénipotentiaires, ne s’attendait pas à ce que, le même jour, le Parlement européen allait lui signifier, et de manière non équivoque, la fin de l’odieux et immoral chantage qu’il n’a de cesse d’exercer, cycliquement, sur cet ensemble régional.
Les parlementaires européens ont, non seulement rappelé que les frontières espagnoles étaient celles de toute l’Europe, mais aussi que le recours à l’usage de boucliers humains était une innommable pratique attentatoire aux droits de l’Homme, en particulier lorsqu’il s’agit de mineurs et, enfin, que le choix souverain d’accueillir pour des raisons humanitaires toute personne sollicitant une prise en charge est indiscutablement souverain.
Les débats qui ont précédé l’adoption de la résolution ont, par ailleurs, été l’occasion pour les intervenants de mettre en exergue l’affligeant bilan de cette monarchie où le roi, et au nom d’une obscure divinité qu’il revendique, est dispensé de s’expliquer et de rendre compte alors qu’il est, selon la Constitution, le chef de l’Exécutif. Il s’agit, selon les plus avertis constitutionnalistes, d’un véritable «scandale institutionnel» qui n’existe nulle part ailleurs au monde et que des commerçants politiques, des appareils associatifs et des médiatiques aux ordres, tous de fabrication locale, ainsi que leurs relais diplomatiques cherchent à en adoucir la véritable portée et à en aseptiser la répressive profondeur pour le présenter en modèle présentable, fréquentable et comble de l’ironie…. performant.
Anticipant la prochaine tenue de la session du Conseil des droits de l’Homme, les nouvelles attaques marocaines montrent, à l’évidence, la panique qui s’est emparée du Makhzen au vu de la série de déboires qu’il cultive depuis le début de l’année et qu’il impute à l’Algérie et à son appareil diplomatique revigoré.
Profitant de la retenue de l’Algérie ces dernières années pour éviter la bilatéralisation, le régime de Rabat s’est senti pousser des ailes et a interprété la sagesse de notre pays comme un renoncement à un cardinal principe de sa politique étrangère, à savoir l’exercice du droit à l’autodétermination.
Convaincu par sa propre illusion, il s’est détaché de la réalité, en particulier au lendemain d’un «tweet» de fin de mandat résultat d’une douteuse transaction, laquelle acquiesce et encourage la politique génocidaire d’une entité présentement sous le coup de poursuites judiciaires de la part de la courageuse juge gambienne du Tribunal pénal international.
La contrefaçon, qu’elle soit historique, politique ou diplomatique dans laquelle excelle le Maroc, adoublée d’une industrie médiatique du mensonge et à laquelle il faut invariablement ajouter la duplicité du discours propagandiste, sont la marque de fabrique du royaume.
Ce dernier, coincé géographiquement, complexé par l’audience de la Révolution algérienne, enragé par la généreuse politique sociale de l’Etat algérien depuis l’indépendance et, surtout, obsédé des capacités de sursaut de la société algérienne et de son infinie vitalité, cherche à détourner les regards sur ses propres errements et ses piètres performances. Il faut le dire, et sans détour : ce sont les capitaux du Golfe et ceux de la mère protectrice qui continuent d’exercer son mandat au royaume avec l’assentiment du Makhzen qui donnent les effets d’optique d’un supposé «développement» et l’illusion que le Maroc se déploie commercialement à l’étranger alors, qu’en fait, il est le pourvoyeur d’une docile main-d’œuvre, un comptoir d’exposition et que ses banques qui tournent à plein régime servent à blanchir de l’argent sale, produit d’une économie criminelle.
Le Maroc est une carte postale qu’il ne faut surtout pas écorner, en particulier pour des touristes étrangers en quête de sensations. C’est aussi le lieu où l’on consomme toutes sortes de marchandises avec la bénédiction des autorités, elles-mêmes détentrices de titres de propriété et de commerces qui rapportent au Makhzen 40% de ses recettes en devises et qui, subitement, s’évaporent dans la nature à côté des fonds d’aide européens que siphonne, sans aucun état d’âme, la première fortune du pays.
Un Marocain sur deux vit dans la pauvreté et le Maroc rural, foncièrement bloqué au moyen-âge, est à des années-lumière de ce que vantent ses meddahs attitrés qui excellent dans la fourberie en bande organisée.
L’Algérie belle et rebelle, formule de notre professeur Boualem Bessaieh, est un cauchemar pour le Makhzen.
A l’instar de tous les pays, elle vit et affronte dans la sérénité et sans complexe ses problèmes, et pour les dépasser, le Hirak authentique et pacifique a su montrer au monde entier la capacité de résilience du peuple algérien. Cet exemple pour l’illustration, que dicte l’actualité, souligne, si besoin, l’impossible comparaison entre deux pays, pourtant rattachés à un socle civilisationnel commun.
Il reste néanmoins que l’histoire qui façonne le parcours et la trajectoire des peuples et les nations n’est pas la même et si, en Algérie il n’y a de héros que le peuple, au Maroc c’est l’incontestable divinité qui règne et qui gouverne.
Le Makhzen doit se rendre à l’évidence que l’ADN algérienne est inimitable et résistante. Ses tentatives de la phagocyter, depuis des décennies, sont demeurées infructueuses et elles doivent l’interpeller à renoncer à ses outrancières, voire obsessionnelles provocations à l’égard de l’Algérie.
M. K.
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