De plus en plus d’ONG fustigent le «Hirak radical» version Rachad-MAK
Par Nabil D. – Les soutiens au «Hirak» s’en détachent l’un après l’autre. Que ce soit les médias français ou les ONG occidentales, le caractère radical et obsolète du mouvement de contestation populaire dévoyé par les islamistes et les autonomistes est désormais pointé du doigt. En effet, c’est au tour de la très hostile ONG au pouvoir algérien EuroMed Droits qui énumère quatre raisons qui font que la contestation n’a aucune chance d’aboutir en Algérie.
Dans un récent rapport, l’ONG établie à Bruxelles, en Belgique, a abouti à la conclusion sans appel que «la révolution a peu de chances de faire émerger une transition démocratique et le respect des droits humains en Algérie». «Pour réussir à apporter une réforme politique à long terme, le mouvement du Hirak doit adapter sa stratégie aux réalités politiques et aux rapports de force sur le terrain», lit-on dans le rapport qui conseille aux animateurs du mouvement de contestation de «déradicaliser son programme politique et de se transformer en un acteur politique réformiste». «Le mouvement Hirak doit conclure des accords pour réformer et transformer le système avec ses principales parties prenantes plutôt que de s’engager dans une bataille à long terme avec les militaires pour détruire le système», met en garde l’ONG, qui suggère qu’il faille transformer le «Hirak» d’un «mouvement révolutionnaire» en un «acteur politique réformiste».
L’ONG, qui lance un appel du pied perfide aux puissances occidentales pour intervenir en Algérie, en «imposant la démocratie depuis l’étranger», rejoint la thèse de Rachid Nekkaz et se dit convaincu que «les acteurs nationaux en Algérie et les partisans internationaux de la réforme» doivent «reconnaître que les équilibres de pouvoir dans le pays impliquent qu’une démocratisation a peu de chances de se produire sans le consentement de l’armée». «En outre, ils devraient se rendre compte qu’il est peu probable que l’armée donne son consentement si une transition est présentée comme une révolution ou une purification totale des élites de l’Etat», souligne le rapport d’EuroMed Droits qui n’adhère pas au slogan «Etat civil et non militaire» auquel elle préfère une «diminution graduelle du rôle de l’armée dans la politique […] plutôt qu’une révolution soudaine». «Dénoncer le caractère militaire de l’Etat, comme l’ont fait de nombreux manifestants […] n’aide guère les militants des droits humains et de la démocratie dans le processus qui les attend, l’accent devrait plutôt être mis sur la manière de persuader les militaires de consentir à la réforme», objecte l’ONG selon laquelle «la négociation […] impliquera inévitablement des compromis douloureux pour toutes les parties».
Troisièmement, le rapport affirme que «l’émergence de la bonne gouvernance et des droits humains doit être considérée comme un objectif à long terme, qui nécessitera un certain nombre de luttes politiques pour des réformes portant, par exemple, sur le code juridique, les droits des femmes, les libertés d’expression, la transparence, etc.». Enfin, le rapport d’EuroMed Droits fait valoir que les acteurs de la réforme «doivent reconnaître l’impact profond que la dépendance de l’Algérie à l’égard de la rente générée par les exportations de gaz naturel est susceptible d’avoir sur l’avenir politique du pays». «Pour assurer une transition stable vers un système démocratique, il faut que les jeunes chômeurs du pays aient accès à l’emploi et que la classe moyenne existante ait accès aux biens de consommation et aux loisirs», relève l’ONG qui laisse entendre que les Algériens réclament des solutions concrètes et non pas des slogans creux, tout en exhortant le gouvernement à «réformer ses systèmes bancaires et son système judiciaire afin de créer suffisamment de clarté, de transparence et de confiance».
«Le plan d’action du gouvernement représente sans doute une réponse politique aux demandes du Hirak : il reconnaît et intègre le fait que la moralisation de la vie publique est nécessaire et est une condition préalable aux réformes financières et à la relance économique», fait remarquer EuroMed Droits, avant de conclure que «l’idée que la corruption et l’incompétence sont monnaie courante en Algérie est un grief de longue date, et c’est une situation qui a été constamment dénoncée par chaque parti politique depuis les années 1980».
N. D.
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