L’ex-ambassadeur Robert Ford estime que le Hirak n’inquiète pas le pouvoir
Par Nabil D. – Analysant les dernières législatives en Algérie, Robert Ford explique, dans une récente tribune, que le taux d’abstention record enregistré lors de cette échéance électorale serait le «résultat» des appels au boycott lancés par les animateurs du Hirak récupéré par Rachad et le MAK. Ce qui est faux, puisque la majorité qui a boudé les urnes a renvoyé dos à dos et les responsables autoproclamés du Hirak et le pouvoir, abandonnant de nouveau la chose politique après s’y être frottée sans succès. «L’énorme mouvement de protestation de rue connu sous le nom de Hirak a réussi à obtenir un boycott généralisé de l’élection», écrit-il, en effet, dans une récente tribune.
Joignant sa voix à celles des soutiens étrangers des animateurs actuels du mouvement de contestation, limité désormais à trois wilayas du pays et à la place de la République à Paris, Robert Ford estime que «Tebboune et le gouvernement iront de l’avant sans se soucier de l’opposition parce que le Hirak n’a jamais développé un leadership clair, ni un programme alternatif autour duquel les citoyens pourraient se regrouper».
«Ce succès du Hirak à minimiser la participation électorale a permis aux partis pro-gouvernementaux de remporter la majorité dans la nouvelle Assemblée», renchérit Ford, selon lequel ce vote a eu pour conséquence «l’isolement» du président Tebboune qui «avait appelé à l’émergence d’une nouvelle classe politique liée à la société civile algérienne et distincte de l’ancien système politique discrédité», reprenant à son compte le dernier pamphlet de Noureddine Boukrouh, en s’attardant particulièrement sur cette interrogation du fondateur du PRA : «Combien de temps l’armée algérienne continuera-t-elle à soutenir Tebboune […] ?»
L’ancien diplomate s’en est allé, ensuite, énumérer la longue liste des problèmes que vit l’Algérie : «Le secteur des hydrocarbures anticipe une diminution de la production et des exportations et, donc, une diminution des recettes publiques et des recettes en devises, les réserves de change du pays ont fortement chuté au cours des dix dernières années, les problèmes permanents de chômage, de pénurie de logements et de pouvoir d’achat s’aggravent à mesure que le gouvernement fait face à des budgets plus serrés ou à la perspective d’emprunts lourds, le gouvernement n’a jamais été en mesure de créer un environnement réglementaire et un climat des affaires qui attirent de solides investissements nationaux et étrangers».
«Dans le même temps, ajoute-t-il, la pandémie de Covid perdure alors que le système de santé public, comme tous les services publics, en souffre». «Tebboune et son prochain Premier ministre ne trouveront probablement pas beaucoup de nouvelles idées créatives de la part de leurs partisans au Parlement», soutient-il.
N. D.
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