Alger hausse le ton face à Washington et Paris : sommation moscovite de l’ANP
Par Abdelkader S. – Le ton est donné et le lieu a toute sa signification. L’Algérie ne compte pas se laisser marcher sur les pieds et n’a pas l’intention de rester les bras croisés devant les jeux d’alliances qui se déroulent dans son voisinage immédiat. Où qu’on tourne la tête, sur toutes les frontières du pays, à la taille d’un continent, des puissances manœuvrent pour s’implanter durablement et imposer une nouvelle feuille de route par les armes et par la déstabilisation interne.
Le message du chef d’état-major de l’ANP à partir de la capitale russe a été d’une clarté limpide. Il s’adresse aux alliés du Maroc belliqueux que sont les Etats-Unis et la France, et, corollairement, les monarchies du Golfe, notamment les Emirats arabes unis. En pointant du doigt les deux Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui «retardent le référendum pour l’autodétermination au Sahara Occidental», Saïd Chengriha s’exprimait au nom de l’Algérie, certes, mais il laissait à ces «chaperons» du régime de Rabat de déduire, de sa tribune moscovite, que les «ennemis classiques» sont à portée des navires et des missiles russes si jamais le récalcitrant voisin de l’Ouest était tenté de rééditer le coup de 1963 avec l’aide de ses parrains.
La situation au Maghreb et au Sahel est telle que la puissance militaire de l’Algérie ne peut se limiter à sa seule force de frappe , fût-elle d’une redoutable efficacité. A ses capacités de défense éprouvées et reconnues, l’armée algérienne a commencé sa mue vers une stratégie offensive bien avant l’introduction dans la nouvelle Constitution d’un alinéa qui lui permet d’intervenir hors des frontières. Pour les spécialistes des questions militaires, le type d’armement pour lequel l’ANP opte depuis des années la prédestine à porter la guerre sur le terrain ennemi, grâce à une supériorité maritime et aérienne.
Dotée de six sous-marins capables de lancer des missiles de croisière à une distance de 300 km sur plusieurs objectifs terrestres avec une très grande précision, la marine algérienne a également fait l’acquisition de navires de projection et porte-hélicoptères qui montrait déjà le tournant décidé par l’Algérie qui voyait l’évolution géostratégique défavorable qui allait l’obliger, un jour ou l’autre, à harceler l’ennemi chez lui avant même qu’il s’approche de ses espaces sous souveraineté maritime et aérienne. Le renforcement de la flotte de l’armée de l’air par l’avion furtif le plus puissant au monde, le Su-57, et le bombardier à très large rayon d’action, le Su-34, sont à inscrire dans cette nouvelle doctrine militaire algérienne qui s’est construite par étapes et à moyen terme.
L’Algérie a achevé son programme de mise à niveau de ses effectifs et de ses équipements par l’annonce tacite, à l’endroit de tout ennemi potentiel, de sa préparation effective contre toute tentative d’agression, de quelque nature qu’elle soit, aussi bien par ses propres moyens qu’avec l’appui plus que jamais confirmé de son allié historique russe.
Washington, Paris, Rabat, Abu Dhabi et Tel-Aviv sont avertis.
A. S.
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