Ces milliards de dollars issus du trafic de drogue que Rabat blanchit en Afrique
Par Kamel M. – L’annonce est faite par les médias français. Mais pas en ces termes. Pour Le Figaro, c’est le Maroc qui «va investir 3,3 milliards de dollars dans la capitale Niamey». Mais le fait est que c’est la société de Mohammed VI qui va blanchir les bénéfices issus de la drogue dans ce pays d’Afrique subsaharienne, où il compte injecter cet argent «dans plusieurs projets industriels et d’infrastructures», apprend-on. Pour des sources proches du dossier, il s’agit bel et bien d’un «recyclage de revenus colossaux de la drogue à travers le groupe Al-Mada».
Al-Mada est un fonds d’investissement privé marocain à vocation panafricaine. Son actionnariat est composé de plusieurs entreprises et fonds d’investissements marocains «pour la forme» et de quelques entreprises étrangères. Son principal actionnaire est Siger, la holding de la famille royale du Maroc. Le groupe se décrit comme «l’un des plus grands fonds d’investissements à capitaux privés de la scène panafricaine».
Basée à Casablanca, l’ancienne Société nationale d’investissement (SNI) «est présente dans vingt-quatre pays en Afrique, avec plus de 6,5 milliards de dirhams investis sur le continent hors Maroc en 2017 – dans 7 secteurs structurants de la croissance africaine (services financiers, matériaux de construction, distribution, télécommunications, mines, énergie, immobilier et tourisme). La contribution des activités internationales aux résultats est passée de 11% en 2013 à 26% en 2017, confirmant ainsi la dimension internationale de l’ancien holding qui, dès 2014, se positionne en tant que fonds panafricain», lit-on dans la présentation.
«L’argent de la drogue est blanchi via des circuits bien huilés avec des complicités à tous les niveaux, aussi bien en Europe qu’en Afrique», indiquent des sources informées, qui pointent une «alliance mafieuse entre le régime monarchique de Rabat et des lobbies dans plusieurs pays occidentaux et africains qui trouvent leur intérêt dans le trafic de cannabis dans lequel le Maroc occupe le premier rang mondial». «Ce n’est pas par hasard que ce commerce illicite prospère dans tout le pourtour méditerranéen et que le haschisch s’écoule avec une facilité déconcertante dans des pays comme l’Espagne, la France et la Hollande où est établie une forte communauté marocaine, encadrée par les services secrets du Makhzen», soulignent nos sources.
«Les débouchés pour l’argent de la drogue sont nombreux en Afrique, une région perçue par la famille régnante prédatrice au Maroc comme le déversoir par excellence pour les milliards de dollars engrangés via ce trafic qui a vu une bonne partie de ses revenus sérieusement amoindris par la fermeture hermétique des frontières algériennes et les saisies permanentes de grosses quantités de kif par les services de sécurité algériens, mobilisés pour contrer ce que l’Algérie considère être une guerre déclarée par le Makhzen», notent nos sources.
K. M.
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