La chanteuse Zahouania conspuée à Orly : les Algériens agacés par le piston
Par Houari A. – Aux cris stridents d’«Air Algérie poubelle !» des citoyens algériens ont rembarré sèchement la chanteuse raï Zahouania à l’aéroport d’Orly. La raison en est que cette dernière a eu le «privilège» de dégoter un billet d’avion alors que les dizaines de clients de la compagnie n’ont pas réussi à obtenir le sésame, devenu une denrée rare. Le guichet de la compagnie nationale à l’aéroport de Paris est sous constante surveillance policière, à cause des difficultés causées par la programmation calamiteuse des vols vers l’Algérie.
Des sources concordantes parlent de passe-droits réservés au personnel d’Air Algérie lui-même, qui favorise ses proches et ses amis, à la nomenklatura et aux trabendistes dont la collusion avec les effectifs au sol et le personnel navigant d’Air Algérie est un secret de Polichinelle. Des centaines de milliers d’Algériens s’en trouvent toujours bloqués à l’étranger, tandis qu’une minorité se permet des va-et-vient incessants, sans aucun motif sérieux qui puisse justifier qu’ils soient ainsi choyés au détriment d’une majorité abandonnée à son triste sort.
L’incident d’Orly est loin d’être isolé. Les citoyens ont, depuis longtemps, fait part de leur agacement face au traitement de faveur dont jouit une catégorie d’Algériens dont on voit bien qu’ils abusent d’une position ou d’une notoriété. Les critiques avaient commencé bien avant le transfert de l’acteur Salah Aougrout pour des soins à l’étranger à bord d’un avion médicalisé, spécialement affrété par le gouvernement à des fins de propagande. Ceux qui ont eu cette mauvaise idée ont cru investir dans l’empathie que ressentent de nombreux Algériens à l’endroit de l’humoriste, mais la réaction a été tout autre. Des familles se sont mises à poster des photos et des vidéos d’enfants atteints de graves maladies qui nécessitent des soins en Europe mais qui en sont privés.
Une des raisons principales qui a poussé la communauté algérienne établie à l’étranger à bouder les urnes lors des dernières législatives est directement liée à la gestion catastrophique des opérations de rapatriement qui avaient fini par être carrément stoppées après la fermeture totale des frontières terrestres, aériennes et maritimes. La décision de réouverture de celles-ci, annoncées en grande pompe par le gouvernement, a provoqué un vent de colère auprès des émigrés qui ont découvert, à leur grand dam, que les prix des billets pratiqués par Air Algérie étaient inabordables, que le nombre de vols était largement insuffisant et que des mesures draconiennes et onéreuses – isolement de cinq jours dans un hôtel et plusieurs tests PCR aux frais du voyageur – accompagnaient le retour tant attendu au bercail après une année et demie, voire plus, de privation.
Une autre vedette du raï, Cheb Khaled, avait été conspuée à l’entrée du consulat d’Algérie, à Vitry-sur-Seine, en avril 2015, pour avoir snobé les Algériens qui patientaient dans une longue file d’attente et être passé avant eux sous bonne escorte. Le scénario se répète avec le «duo» six ans plus tard et toujours à Paris.
H. A.
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