Restes d’Amirouche et de Si El-Haouès : le témoignage d’un ancien gendarme
Par Nabil D. – L’ancien officier de gendarmerie Mabrouk Bellaâla a apporté son témoignage sur l’affaire des ossements des héros de la Guerre de libération nationale, les colonels Amirouche et Si El-Haouès, entreposés au siège de la gendarmerie de Bab Jdid. L’ex-officier a expliqué que les restes mortuaires des deux martyrs n’étaient pas «jetés» dans une cave, mais «sauvegardés dans une salle des archives très bien tenue» qui se trouve au sous-sol de l’édifice, les étages supérieurs étant occupés par les bureaux.
Mabrouk Bellaâla s’est dit indigné d’entendre dire que Boumediene les aurait abandonnés dans un lieu indécent par mépris envers les deux chefs des Wilayas historiques, tombés au champ d’honneur ensemble à Djebel Thameur en octobre 1957. «Les ossements étaient gardés dans deux boîtes dont le président Boumediene avait ordonné au commandant de la Gendarmerie nationale, à l’époque le colon Ahmed Bencherif, de les garder à son niveau jusqu’à nouvel ordre.» L’ancien gendarme a confirmé la version du journaliste Saâd Bouakba, mais a corrigé un certain nombre de contrevérités, s’agissant, notamment, de la date et des circonstances exactes de la découverte des tombes des deux héros de la Révolution armée.
«Contrairement à ce qu’affirme Saâd Bouakba et d’autres, ce n’est pas en 1966 que les autorités ont pu arriver jusqu’à leur tombe commune, mais en décembre 1962, soit quelques mois à peine après l’indépendance du pays», a expliqué l’ancien officier, très actif sur les réseaux sociaux. «Ce n’est pas, non plus, un goumier qui a indiqué le lieu aux autorités algériennes, mais un capitaine répondant au nom de Jean-Louis Gallet qui, voulant se marier avec une Algérienne avant d’embarquer pour la France, proposa au chef de secteur militaire Cherif Zouaïmia de lui dire où Amirouche et Si El-Haouès étaient enterrés en contrepartie d’une autorisation pour sa future épouse.» Zouaïmia s’est alors rendu à Alger où il a rencontré Mohamed Maarfia, le secrétaire particulier du colonel Tahar Zbiri.
Le chef d’état-major de l’armée informa le ministre de la Défense nationale, le colonel Houari Boumediene, qui dépêcha deux lieutenants, Cherif Mahdi et Abdelhamid Djouadi, sur place. Ce dernier, ancien combattant dans la Wilaya III historique commandée par le colonel Amirouche, a reconnu ce dernier par sa dentition. Les ossements furent transférés à Alger et conservés, dans l’espoir, pour Houari Boumediene, de pouvoir réunir les restes mortuaires d’autres martyrs dans le but de les enterrer en même temps que ceux de l’Emir Abdelkader rapatriés de Syrie. Le destin en a voulu autrement et ce n’est qu’en 1982 que son successeur, Chadli Bendjedid, ordonnera leur inhumation solennelle au Carré des martyrs d’El-Alia.
Le témoignage de Mabrouk Bellala recoupe celui de Saâd Bouakba sur les intentions de Boumediene, accusé à tort, selon eux, d’avoir voulu effacer la mémoire des colonels Amirouche et Si El-Haouès par quelque calcul malsain. Le contexte de l’époque, marqué par les rivalités postindépendance et la Guerre des sables, a fait que les deux icônes de la Guerre de libération nationale subissent ce sort malheureux.
N. D.
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