Retour de Ramtane Lamamra : attachez vos ceintures, la diplomatie décolle !
Contribution de Redouane Nabti(*) – Même si elle a beaucoup subi et, assurément, plus que de raison, l’Algérie éternelle n’a rien perdu de son infinie grandeur, ni de sa gloire abreuvée du noble sang de ses valeureux martyrs, ni de ses rêves pour des lendemains pour lesquels les martyrs ont consenti le sacrifice suprême.
A l’orée du printemps 2019, le premier Hirak dans lequel tout le monde et, surtout, les ennemis en tous genres et fossoyeurs de l’Algérie ont voulu voir l’étincelle d’un nouveau printemps arabe qui démolirait, enfin, cette citadelle, moult fois attaquée, mais inexpugnable, avait surpris, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, suscitant une incommensurable admiration. Ce fut un modèle du genre, à tous égards.
Hélas, resté à la croisée des chemins et n’ayant ni su, ni pu trouver sa véritable voie pour la concrétisation, de façon pacifique, de ses objectifs, pourtant par tous portés, ce mouvement qui aura indéniablement inscrit son nom, en lettres d’or, dans l’histoire, a, toutefois, produit des effets non négligeables dont, fondamentalement, la clôture du si long et si nuisible règne du précédent régime que le pays, tout entier, a vécu comme une longue nuit et un interminable cauchemar, d’une part, et l’ouverture d’une nouvelle ère pour l’Algérie, d’autre part.
Cette nouvelle ère a été significativement marquée par des actes qui ont contribué, indéniablement et de façon irréversible, à mettre l’Algérie sur la voie de la consolidation de sa stabilité, de la préservation de sa souveraineté, du renforcement de sa sécurité nationale et, d’une manière plus générale, d’une meilleure gouvernance et de la prise en main déterminée de son destin.
Ces actes sont l’élection du président de la République, la révision constitutionnelle, la révision de la loi électorale, la tenue, très récemment, des élections législatives qui ont donné lieu à la mise en place du chaînon manquant du Parlement, à savoir la chambre basse (APN) et, du même coup, à un changement de gouvernement.
De tous les actes institutionnels significatifs, le changement de gouvernement était le plus attendu. C’est bien à raison. Son rôle fondamental et sa raison d’être sont de gérer tous les aspects de la vie du pays et du citoyen, au quotidien, quel que soit le domaine considéré. Avec les crises sérieuses cycliques apparues ou réapparues, depuis quelque temps, comme la pénurie d’eau potable et de lait en sachet, l’interminable manque de liquidités au niveau des guichets de poste, la gestion de la pandémie de la Covid-19 et encore d’autres maux économiques et sociaux dont la prise en charge sérieuse nécessite des moyens matériels colossaux et des ressources humaines d’excellente qualité, le nouveau gouvernement qui vient d’être nommé est attendu de pied ferme.
Il faut admettre qu’en matière de composition des Exécutifs successifs qu’il a eu à nommer ou remanier, le président Tebboune n’a pas eu la main heureuse. Les résultats des attelages jusque-là mis à l’épreuve sont fort éloquents à cet égard. La confiance placée en ces équipes n’a souvent pas été honorée. A ce sujet, c’est ici le lieu de regretter que, comme le veut une vieille tradition, les ministres sortants, dont le rendement n’a manifestement pas été jugé satisfaisant, vont rentrer chez eux tranquillement, sans être préalablement soumis à une reddition des comptes en bonne et due forme.
Cela étant dit, la nouvelle équipe gouvernementale, reconnaissons-le, comporte, en son sein, des pointures exceptionnelles par leurs qualités humaines, leurs parcours professionnels respectifs remarquables, leur haut niveau intellectuel et leur probité morale.
A tout seigneur, tout honneur, dit-on. Parmi les hommes et les femmes dont le choix a été effectivement judicieux, on ne peut pas manquer de citer Ramtane Lamamra. Un authentique patriote au service de son pays, de la façon la plus désintéressée qui soit, dont le parcours sans faute dans la mise en œuvre de la politique extérieure élaborée par ceux auxquels la Constitution en attribue la charge lui vaut respect, reconnaissance et, parfois, même de l’admiration, tout particulièrement au plan international, comme en attestent les multiples opportunités que lui ont offertes à l’Union africaine, l’ONU et plusieurs think-tank parmi les plus prestigieux à travers le monde.
Nul doute qu’il a dû déjà s’habituer aux multiples joies qu’apporte un paisible retrait volontaire de la vie active, dans le cadre de la Fonction publique, d’autant plus que celui-ci est agrémenté par des activités intellectuellement fort enrichissantes, au plan personnel, et d’un apport positif indéniable à la réflexion globale et la recherche de solutions aux diverses crises et défis auxquels se trouvent confrontés plusieurs pays, dans différentes régions du monde et, particulièrement, sur le continent africain.
Ramtane Lamamra n’a certainement fait que répondre à l’appel du devoir. Il revient pour servir son pays à un moment des plus difficiles, au plan des relations internationales qui connaissent une véritable mutation, à tous égards. Il avait certainement le choix de poursuivre ses activités internationales moralement et intellectuellement gratifiantes, à plus d’un titre. Il a préféré se mettre au service de l’Algérie à laquelle il a déjà tant donné.
Tant mieux pour l’Algérie et tant pis pour les ennemis de l’Algérie, de tout acabit, qui fourbissent déjà leurs armes et lancent leurs troupes de traîtres et de vendus de tout poil, qui se terrent à Londres, Doha et ailleurs d’où ils distillent leur venin contre l’Algérie, quitte à vendre leur âme au diable, pour tenter de discréditer Ramtane Lamamra qui, bien au-dessus de la mêlée, va passer son chemin et laisser aboyer cette meute de chiens enragés.
L’Algérie et sa diplomatie ne s’en porteront que mieux. D’ailleurs, sans nul doute, très rapidement, ce talentueux diplomate saura replacer la diplomatie qui lui sied et redonner à Alger la place et le rôle qui furent siens, il n’y a pas si longtemps, dans les relations internationales. Une place et un rôle convoités par tant d’autres pays.
Attachez vos ceintures, la diplomatie algérienne prend son envol !
R. N.
(*) Chercheur universitaire établi au Canada
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