Question de survie
Par Abderrahmane Mebtoul – Les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne, et non pas replâtrer sur le plan organisationnel, impliquent d’analyser avec lucidité les relations dialectiques entre les segments de la production de la rente, via Sonatrach, et de sa redistribution à travers le système financier, qui bouleversent des intérêts. Lorsque la valeur de la rente des hydrocarbures s’accroît, paradoxalement, les réformes sont freinées et on assiste à une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère avec l’extension de la corruption et une concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière.
Cela explique fondamentalement l’instabilité juridique et le manque de cohérence et de visibilité dans la réforme globale et dicte la mise en place d’une économie diversifiée hors hydrocarbures. La solution réside dans le dialogue productif avec des concessions réciproques entre le pouvoir et l’opposition, privilégiant uniquement l’intérêt de l’Algérie. En effet, dans le cas du retour au FMI, il serait utopique tant pour le premier que pour la seconde de parler d’indépendance sécuritaire, politique et économique. Nous aurons alors des incidences géostratégiques négatives de déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine.
Où sont donc nos députés récemment élus pour tranquilliser la population, loin des communiqués rédigés dans les bureaux capitonnés ? Face à cette situation interne et à un monde en plein bouleversement, comme dans une guerre, il faut différencier entre tactiques et stratégie et éviter toute sinistrose mais également toute autosatisfaction. Le programme du gouvernement ne peut pas attendre ; il s’articule autour d’une vision stratégique des réformes pour faire face aux nouveaux défis, en évitant la cacophonie et la dispersion des énergies.
Les élections locales apporteront-elles une solution à la crise ? Ne faut-il pas les reporter jusqu’à ce que des solutions concrètes palpables soient apportées sur le terrain à la crise économique avec la perte de millions d’emplois ? Ceci, d’autant plus que la crise sanitaire et son lot de morts chaque jour risque de donner lieu à un taux de participation dérisoire.
L’Algérie est comme dans un état de guerre où il est question de survie de toute une nation. Il faut concilier l’ordre et la démocratie qui ne doivent pas être antinomiques et, sans doute, décréter l’état d’urgence économique et sanitaire.
A. M.
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