Des révélations fracassantes attendues : qui sont les complices d’Ould-Kaddour ?
Par Mohamed K. – Le procès de l’ancien président-directeur général de Sonatrach risque d’être long et fastidieux. La justice a du pain sur la planche. Des sources proches du dossier ont, en effet, indiqué que les complices d’Abdelmoumen Ould-Kaddour, tapis dans l’ombre, sont nombreux, en Algérie et à l’étranger, et «impliqués jusqu’au coup» dans les affaires pour lesquelles ce dernier sera jugé. Qui le couvrait quand il espionnait pour le compte de la CIA ? Qui a décidé de limiter sa peine de prison à trois ans malgré la gravité des faits qui lui étaient reprochés ? Qui l’a réhabilité après avoir été emprisonné pour cet acte de haute trahison ? Qui l’a aidé à fuir après que l’étau avait commencé à se resserrer sur lui ?
Autant de questions auxquelles l’opinion publique obtiendra certainement des réponses au tribunal. Mais Abdelmoumen Ould-Kaddour crachera-t-il le morceau ou sera-t-il contraint par la mafia et les officines pour lesquelles il roulait de garder le silence au risque de subir des représailles ? Car c’est à une véritable entreprise mafieuse que s’est adonné l’ancien homme-lige de Chakib Khelil. Ce dernier, d’ailleurs, dont le nom sera, pour sûr, cité tout au long du procès.
La corruption à Sonatrach – et dans le secteur de l’énergie en général – du temps du protégé de Bouteflika remonte au premier mandat de ce dernier, lorsqu’il a jeté son dévolu sur son ami d’enfance à qui il avait donné carte blanche pour gérer le secteur. En 2012, Algeriepatriotique révélait un gros dossier de détournement des revenus du pétrole par Chakib Khelil, qui avait mis en place une organisation complexe où son nom n’apparaît nulle part. Au siège de Sonatrach, dans le quartier cossu de Hydra, sur les hauteurs d’Alger, cadres supérieurs et simples employés s’interrogeaient sur la fonction exacte d’un certain Réda Hemch, véritable PDG de la compagnie à l’époque, mais sans aucun statut précis au sein de la boîte. On le disait parent de Chakib Khelil ou, du moins, il se présentait en tant que tel.
L’enquête commandée par l’ancien chef des services de renseignement, le général Toufik, avait abouti au limogeage de Chakib Khelil par le chef de l’Etat, à l’époque. Mais ce dernier en a voulu au patron du DRS d’avoir agi légalement en mettant le dossier sulfureux entre les mains de la justice. Mohamed Charfi était ministre de la Justice et Belkacem Zeghmati procureur général près la cour d’Alger. La démarche du général Toufik fut un point de rupture entre lui et l’ancien locataire du palais d’El-Mouradia qui avait vu dans celle-ci une action qui pouvait lui nuire personnellement, vu sa proximité avec le puissant ministre de l’Energie dont le nom était désormais synonyme de prévarication. Si bien que des observateurs avisés estiment que c’est la protection dont jouissait Chakib Khelil qui a ouvert la voie vers une plus grande vénalité à tous les niveaux de l’Etat.
On en voit les terribles conséquences pour le pays aujourd’hui.
M. K.
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