Ce que signifie la réponse de Tebboune à la «main tendue» par Mohammed VI
Par Kamel M. – La réponse du président Tebboune au roi du Maroc a été laconique, lors de sa sortie médiatique de ce dimanche soir. Elle tient à quatre mots. «Nous irons plus loin», a, en effet, asséné le chef de l’Etat qui, par ailleurs, n’a pas parlé de «rappel» mais de «retrait» de l’ambassadeur d’Algérie à Rabat. Ce qui semble préluder à une probable rupture des relations diplomatiques au cas où le Makhzen persisterait dans sa politique de «fuite en avant», comme l’a décrite, à juste titre, un contributeur d’Algeriepatriotique dans une récente tribune.
Les tensions sont loin d’avoir été apaisées après le discours-piège de Mohammed VI à l’occasion de la fête du Trône. Une fête «nationale» marocaine qui célèbre l’emprise d’une famille prédatrice sur les richesses du pays. A Alger, le laïus du roi a été scanné sous tous les angles et son caractère tartuffard et feint a été révélé par tous les analystes et observateurs. C’est que les Marocains savaient pertinemment qu’il n’allait pas y avoir de réponse du président algérien et le plan fourbe du voisin de l’Ouest s’est déroulé sous nos yeux dès le lendemain, lorsque les médias marocains se sont mis à diffuser des articles au vitriol préparés avant même la lecture poussive et catarrheuse du discours d’un roi essoufflé par un mal qui le ronge et dont le Makhzen tente vainement de cacher les symptômes.
Ordre a été donné de tirer à boulets rouges sur les médias algériens qui ont mis à nu l’hypocrisie du régime de Rabat et décrypté les messages venimeux contenus dans l’appel du pied de Mohammed VI à l’Algérie qu’il a voulu mettre dans la position du pays qui entrave tout effort de rapprochement entre les deux pays et, ainsi, la construction du Grand Maghreb. Dans le même temps, au sein de l’Union africaine, le Maroc et Israël redoublaient d’efforts dans les coulisses pour imposer l’intégration de l’Etat hébreu au sein de l’organisation en qualité de membre observateur. La machine du phagocytage d’Afrique par l’entité sioniste qui s’est mise en marche il y a quelques années déjà, à partir de l’est du continent, s’est emballée ces derniers mois à la faveur de la normalisation des relations entre Rabat et Tel-Aviv.
Le but du Maroc officiel était de détourner les regards vers la récalcitrante Algérie, montrée comme l’obstacle qui empêche la mise en place du nouvel ordre mondial fondé sur un réajustement du tir, désormais tourné vers l’Iran, après qu’Israël fut l’ennemi principal des pays arabes. Le déplacement du Premier ministre, Aymène Benabderrahmane, à Téhéran pour participer à la cérémonie d’installation du nouveau président iranien est un autre message chiffré aux puissances qui cherchent à faire du Maroc un poste avancé dans leur guerre larvée déclarée à l’Algérie sous différentes formes.
L’axe Algérie-Iran se constitue, après que, durant de longues années, l’Algérie eut choisi une voie intermédiaire qui a consisté à se tenir à équidistance de tous les conflits qui secouaient la région et des alliances et mésalliances qui se tissaient au fur des années. La menace se rapprochant, l’érection d’un mur de défense stratégique pour repousser toute agression est devenue impérative. La première pierre a été posée à Téhéran d’où l’envoyé spécial de l’Algérie a donné le signal d’une confrontation qui semble inévitable entre deux blocs.
La nouvelle guerre froide est officiellement déclarée, et l’Algérie, seul pays de l’ancien Front du refus à avoir su déjouer le complot du «printemps arabe», est appelée à y jouer le même rôle prépondérant que dans les années 1970.
Le Maroc et ses répondants sont donc avertis.
K. M.
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