Lynchage du jeune Djamel Bensmaïl : Sadi accuse Salhi, Bengrina et Benzaïm
Par Mohamed K. – Saïd Sadi a estimé que l’impunité dont jouissent trois responsables politiques qui ont fait montre d’une attitude raciste à l’égard des concitoyens de Kabylie est pour beaucoup dans l’exacerbation de la violence au point d’aboutir au drame qui s’est déroulé à Larbâa Nath Irathen et coûté la vie au jeune Djamel Bensmaïl. «Beaucoup de nos concitoyens ont alerté, condamné, certains ont même déposé des plaintes contre un certain nombre de propos prononcés publiquement contre les Kabyles. Ces propos n’ont pas été tenus par des hurluberlus dans un bain maure ou dans un café, ils ont été tenus par une députée [Naïma Salhi, ndlr], pour d’autres par un sénateur [Abdelouahab Benzaïm, ndlr], d’autres enfin par un ancien ministre qui aspirait à être chef de l’Etat [Abdelkader Bengrina, ndlr», a-t-il affirmé dans un enregistrement vidéo.
L’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui a salué l’élan de solidarité «extraordinaire» qui s’est exprimé envers les victimes immédiatement, et la réaction du père de la victime «dont la grandeur d’âme [et] la générosité du cœur [ont] probablement sauvé le pays d’une guerre mérite notre reconnaissance», s’est dit persuadé qu’il fallait «situer les causes de ce qui a amené ce malheur» dans un lointain passé et des causes plus immédiates. Tout en appelant à «rester positifs pour éviter au pays d’autres décombres», Saïd Sadi a rappelé que «des notables de Mostaganem ont tenu cénacle pour faire une proposition d’un ethnocide, un programme qui libérerait l’Algérie du péril kabyle, puisqu’ils ont proposé d’atteindre le zéro Kabyle en Algérie».
«Il ne faut donc pas s’étonner que tous ces propos restés sans sanction, jusqu’au moment où nous parlons, aient aggravé des passions sur lesquelles certains ont pu embrayer pour faire passer des avis ou des idées qui, jusque-là, n’avaient aucune chance d’être entendus», a-t-il renchéri, en faisant remarquer que «l’affaire de Larbâa Nath Irathen doit nous interpeller». «Certains disent, et on peut l’admettre, qu’il y a eu manipulation, il faudra encore chercher, il ne faut jamais s’emballer dans ce genre de situation», a-t-il averti, avant de pointer un doigt accusateur en direction du «pouvoir [qui] ne veut pas tirer les conséquences de l’échec global qui prévaut depuis 1962».
Tout en appelant à «sortir de la sous-culture politique», Saïd Sadi a dit son inquiétude de voir le pays tout entier «aller dans le mur». Il a, dans ce sillage, mis en garde contre un «populisme dangereux qui est en train de produire de l’invective, de l’intimidation, voire de la violence qui amènera d’autres incidents de Larbâa Nath Irathen». «Nous devons absolument veiller à ce que le patrimoine culturel, citoyen, social qui prévaut en Kabylie soit restauré rapidement, il y va de son intérêt, de celui du pays et toute la région d’Afrique du Nord», a-t-il conclu.
M. K.
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