Ce qu’il va advenir des Marocains vivant en Algérie après la rupture des relations
Par Abdelkader S. – «La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc n’affecte pas la dimension humaine des deux communautés», a assuré une source diplomatique algérienne. L’activité consulaire sera donc maintenue, ajoute notre source, qui précise que l’ambassadeur du Maroc à Alger prépare ses cartons pour quitter le pays au plus tôt. L’annonce par Ramtane Lamamra de la fin des atermoiements dans les relations houleuses avec le voisin de l’Ouest a assommé le roi et son gouvernement, même si Rabat fait mine de n’avoir pas été «surpris» par cette décision. Après le consul du Maroc à Oran, expulsé de façon «diplomatique» pour avoir qualifié l’Algérie de «pays ennemi», c’est au tour de l’ambassadeur de s’envoler pour Casablanca dans un aller sans retour.
Les autorités marocaines tentent de jouer sur la division. Singeant le président français, Emmanuel Macron, le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, en réaction «à chaud» à l’annonce du chef de la diplomatie algérienne, a «ignoré» les institutions de l’Etat algérien et s’est adressé au «peuple algérien frère» dans une vaine tentative de faire réagir les Algériens contre cette rupture qui n’arrange pas les affaires du régime de Rabat. Derrière la fausse sérénité affichée par le Premier ministre islamiste, Saâd-Eddine El-Othmani, et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, en vérité, se cachent de sérieuses craintes quant à l’impact diplomatique, sécuritaire, économique et social de la gifle que Lamamra vient d’asséner au Maroc.
Entre 800 000 et 900 000 ressortissants marocains sont établis en Algérie dont une bonne partie est en situation irrégulière. Mais cette présence sur le territoire algérien est tolérée et les Marocains gagnent leur vie bien mieux que dans leur pays grâce à des petits métiers dans le bâtiment, notamment. Beaucoup d’entre eux ne cachent pas leur bonheur de vivre parmi un peuple «hospitalier» et «accueillant» et s’expriment sur les réseaux sociaux pour démentir tous les mensonges distillés par le Makhzen à travers ses relais marocains mais, surtout, algériens qu’il finance pour mener des campagnes enragées à partir de France, de Grande-Bretagne et de Suisse et – jusque-là – d’Espagne contre l’armée et les services de sécurité algériens.
Par ailleurs, les Marocains vivant dans l’extrême-est du royaume, accablés par la misère et l’abandon du pouvoir central, organisent des «raids» à saute-mouton sur la frontière algéro-marocaine pour s’approvisionner en denrées alimentaires et autre carburant subventionnés par l’Etat algérien et donc moins chers. Ces intrusions sur le sol algérien ont été de tout temps tolérées par les autorités algériennes qui, dans le même temps, mènent une guerre sans merci contre le trafic de drogue. L’affaire de la palmeraie d’El-Arja, en mars dernier, qui s’est achevée par l’expulsion manu militari de ces indus exploitants marocains, résonnait déjà comme le prélude à des mesures autrement plus larges et plus rigoureuses que l’Algérie, agacée par l’arrogance mal placée du régime de Rabat, allait prendre pour faire descendre le grossier roi de son piédestal.
La décision de l’Algérie ne vise donc pas le peuple marocain soumis par la force à un régime monarchique archaïque et prédateur, vassal de l’Etat voyou d’Israël et caudataire des pétromonarques auxquels il se vend aux enchères.
A. S.
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