Les deux priorités de Lamamra après la rupture des relations avec le Maroc
Par Kamel M. – La page marocaine étant tournée depuis la rupture des relations diplomatiques avec le régime monarchique belliqueux de Rabat, le ministre des Affaires étrangères s’attelle à gérer deux dossiers prioritaires, apprend-on de sources généralement bien informées. Il s’agit de la crise libyenne et des relations avec le voisinage européen. Ramtane Lamamra et ses proches collaborateurs planchent actuellement sur une réunion des pays voisins de la Libye prévue la semaine prochaine, apprend-on. Dès son retour de Bamako où il a réaffirmé le rôle prépondérant de l’Algérie dans le Sahel, le successeur de Sabri Boukadoum a repris en main la question libyenne dont les nombreuses interférences retardent le règlement du conflit qui perdure dans l’ancienne Jamahiriya.
C’est une question de principe. L’Algérie, qui a été la première à œuvrer à mettre fin à la guerre civile qui fait rage chez nos voisins de l’Est après la chute du régime de Kadhafi en 2011, a vu ses efforts qui étaient à deux doigts d’aboutir sabotés par le Maroc et ses alliés français et émiratis qui se sont empressés d’organiser une rencontre à Skhirat pour court-circuiter le travail exceptionnel réalisé par les ministres successifs des Affaires étrangères, de Messahel à Lamamra, en passant par Boukadoum dans ce pays détruit par l’ingérence franco-britannique et livré aux milices armées et aux mercenaires étrangers.
Alger compte peser de tout son poids pour accélérer le processus de réconciliation et la fin des hostilités entre les belligérants qui campent chacun sur une position rigide et immuable. Ramtane Lamamra mettra l’accent sur l’absolue nécessité de régler la crise libyenne par les Libyens eux-mêmes, sans qu’aucune puissance étrangère interfère dans le dialogue qui avait commencé à Alger et qui a éclaté en mille morceaux pour se retrouver éparpillé entre plusieurs capitales arabes et européennes, amenuisant ainsi les chances de réussite du processus de paix engagé par l’Algérie voici six ans, sous la conduite d’Abdelkader Messahel qui avait fait le déplacement en Libye où il avait été reçu à bras ouverts par l’ensemble des protagonistes – ce qu’aucun ministre d’un autre pays impliqué dans la crise libyenne n’a pu faire ni avant ni après lui.
C’est cette confiance que Ramtane Lamamra s’emploie à rétablir avec l’ensemble des acteurs de la question libyenne. Pour ce faire, une nouvelle réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye devrait tracer, à partir d’Alger, une nouvelle voie vers le règlement souhaité d’un conflit interne aux dimensions internationales qui attente à la stabilité déjà fragile de toute la région.
Autre point inscrit dans l’agenda immédiat de Ramtane Lamamra, qui garde un œil rivé sur le duel Saïed-Ghannouchi en Tunisie, les relations avec les voisins européens. On apprend, en effet, que le ministre des Affaires étrangères est en contacts avec les partenaires de la rive nord de la Méditerranée aux fins d’enclencher un dialogue sur la nouvelle vision de l’Algérie concernant des questions fondamentales nées des chambardements géostratégiques récents, notamment après la normalisation avec Israël, et leurs répercussions directes sur la stabilité de l’Algérie. Le chef de la diplomatie algérienne a, dans ce contexte, affirmé, lors de sa dernière conférence de presse, que notre pays comptait sur ses amis européens pour que ceux-ci fassent en sorte qu’elles n’abritent pas des actions subversives de nature à nuire à sa sécurité.
Lamamra répondait à la question d’un journaliste sur les demandes d’extradition faites par l’Algérie aux Etats européens qui hébergent chez eux des membres de l’organisation terroriste Rachad dont un vient d’être remis par l’Espagne aux autorités algériennes.
K. M.
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