Ses conditions de détention, les feux en Kabylie : Nordine Aït Hamouda parle
Par Nabil D. – «Deux mois de prison, c’est à la fois trop et rien», a déclaré Nordine Aït Hamouda en marge d’une cérémonie organisée par le village Tasaft Ouguemoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou, à l’occasion de sa remise en liberté. «C’est trop parce que j’ai été emprisonné sans que j’aie commis quoi que ce soit qui mérite que je sois incarcéré et c’est rien devant la catastrophe qui a touché la Kabylie», a expliqué le président de la Fondation Amirouche au micro de Berbère TV. «Les incendies qui ont ravagé la Kabylie auront un impact sur de nombreuses familles qui vivaient de l’oléiculture et de la production artisanale d’huile d’olive. Cette année, elles n’auront aucun revenu et cette situation durera encore quatre ou cinq ans malheureusement», a-t-il déploré.
«Par contre, le gigantesque élan de solidarité manifesté des quatre coins du pays envers la Kabylie met du baume au cœur», a poursuivi Nordine Aït Hamouda qui voit dans cette mobilisation nationale une estime que porte toute l’Algérie à cette région du pays. L’ancien député a affirmé avoir été «bien traité comparativement à d’autres détenus» à la prison d’El-Harrach. «J’y ai rencontré Hammou Boumediene, Bouaziz Aït Chebib, Hocine Azem, Boussaâd Bacha et Belaïd Amar Khodja et je puis vous assurer qu’ils sont dans une mauvaise situation, tant ils risquent d’attraper le Covid tous les jours que Dieu fait», a mis en garde Nordine Aït Hamouda qui a expliqué que les détenus «sont enfermés dans des salles de soixante à soixante-dix personnes».
«Je vous laisse imaginer les risques encourus par ces prisonniers ainsi entassés dans des conditions difficiles», a-t-il poursuivi, non sans inquiétude. «Il faut tout faire pour, dans un premier temps au moins, sortir une partie des détenus de ces salles surpeuplées, parce que si rien n’est fait, il y aura une véritable catastrophe», a insisté l’ancien membre fondateur du RCD. «Il y va de leur vie», a-t-il alerté, en interpellant le ministre de la Justice «pour faire sortir ces militants et ne pas les mêler aux détenus de droit commun, même si ces derniers ne doivent pas, eux non plus, demeurer dans une telle situation».
«Mon cas n’est pas tellement important», a dit Nordine Aït Hamouda. «A vrai dire, sur les deux mois de prison, je n’en ai fait que trois jours», a-t-il confessé. «Ma prison a commencé quand j’ai vu à la télévision la Kabylie brûler, cela m’a fait mal au cœur de voir de ma cellule les oliviers partir en fumée sans que je puisse faire quoi que ce soit», a-t-il regretté, en rappelant qu’il est un «paysan avant tout». «A chaque malheur quelque chose est bon, maintenant que les incendies ont tout détruit, il faut que les gens reviennent au labourage, aux jardins potagers, comme avant», a-t-il ajouté en estimant que cet effort à fournir «est le début de la vraie liberté pour la Kabylie et pour toute l’Algérie». «Une psychose s’est abattue sur la Kabylie, il faut que nous nous ressaisissions, il faut que la fraternité règne car si la Kabylie est instable, c’est toute l’Algérie qui le sera, il faut que le pouvoir comprenne ceci une bonne fois pour toutes», a conclu Nordine Aït Hamouda, qui a saisi l’occasion pour rendre hommage à un ancien officier de la Wilaya III historique, Djoudi Attoumi, compagnon d’armes du colonel Amirouche, décédé ce dimanche d’une longue maladie.
N. D.
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