Le politologue Bachir Medjahed alerte sur les alliances visant à isoler l’Algérie
Par Houari A. – «L’Algérie et le Maroc vont s’inscrire dans les stratégies de déstabilisation mutuelle. Il y a de quoi quand, pour la seconde fois, le même ambassadeur marocain aux Nations unies récidive par l’appel au soutien du peuple kabyle. D’abord, l’ambassadeur légitime la rupture des relations diplomatiques. Ensuite, il légitime également en réaction le soutien que voudrait apporter l’Algérie à la République du Rif marocain», a estimé l’ancien conseiller à la présidence de la République Bachir Medjahed. «Les menaces ne sont pas d’ordre militaire, mais plutôt identitaires, ce qui est plus grave qu’une empoignade militaire qui finirait par un cessez-le-feu», a-t-il expliqué.
«A qui doit ressembler l’ennemi et à qui doit ressembler l’allié ? Ennemi jusqu’où et jusqu’à quand ? Allié jusqu’où et jusqu’à quand ? On se pose ces questions quand on pénètre dans le champ politique», souligne l’ex-analyste à l’Institut national des études stratégiques globales (INESG). «On doit se poser les mêmes questions quand on pénètre dans le champ des menaces, sachant que la plus grande d’entre elles est d’ordre militaire», poursuit-il. «Avec la pénétration d’Israël au Maghreb, ce sont les facteurs de la géopolitique qui seront bouleversés, d’autant que le nouvel allié du Maroc accuse l’Algérie d’avoir des liens avec l’Iran», précise encore le politologue, selon lequel «il faut attendre la suite».
«Quelles que soient nos divergences en politique intérieure, nous ne devons pas ignorer que la nouvelle géopolitique qui se construit sans nous, et donc fatalement contre nous, commence par des alliances sur la base de notre isolement», met en garde Bachir Medjahed, qui fait remarquer que «ceux qui sont plus vulnérables sont ceux qui ont tous échoué à construire les sous-ensembles géopolitiques auxquels ils devaient s’arrimer». «Où est-il ce Grand Maghreb qui a subi une naissance avortée pour la raison que la gestation n’a pas été menée à son terme ?» interroge-t-il, en expliquant que l’UMA «est née avec un lourd handicap, à savoir que ses géniteurs ne l’avaient pas d’abord débarrassée par la résolution de la question sahraouie».
En 2016 déjà, l’ancien conseiller au Haut Comité d’Etat (HCE), au début des années 1999, expliquait que les offres faites à la Jordanie et au Maroc d’adhérer au Conseil de coopération du Golfe (CCG) s’inscrivaient dans le cadre de la «protection collective, solidaire et opérationnelle» contre les mêmes menaces. «Bien entendu, avertissait-il, ce sera la fin du projet de l’UMA et celui de la Ligue arabe également».
H. A.
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