Sécurité collective
Par Abderrahmane Mebtoul – Aux antipodes de la sécurité par l’équilibre des puissances qui avait marqué le système international au XIXe siècle, la sécurité collective repose sur le «déséquilibre» des forces. Ce système a d’abord été institutionnalisé au lendemain de la grande guerre par la Société des nations (SDN), puis a été repris en 1945 par l’Organisation des Nations unies (ONU). Loin d’avoir donné les résultats que ses promoteurs avaient placés en lui, il marque néanmoins un tournant dans l’histoire des relations internationales. Une approche globale comme facteur d’adaptation, selon les experts militaires, est nécessaire au nouveau contexte : la cohérence, l’anticipation, l’adaptabilité, la permanence, la «légitimation» et la «résilience».
C’est que les crises internationales ont toujours concerné de nombreux acteurs. Mais, traditionnellement, en dehors de l’organisation de sécurité collective à vocation universelle et à compétence générale qu’est l’ONU, leur gestion revenait avant tout aux Etats. Or, de nombreux autres acteurs y participent désormais, notamment les organisations non gouvernementales et les organisations d’intégration régionale. On le constate, le champ est composé d’une multitude d’acteurs et d’approches qui implique de facto un morcellement des actions et une difficulté à avoir un impact significatif sur le terrain.
De nombreuses études tentent de catégoriser les principaux acteurs de ces conflictualités émergentes. La plupart d’entre elles opposent les Etats, dotés de forces armées régulières, à des acteurs non étatiques, laissant apparaître de nouveaux adversaires. Cette opposition, selon les experts en géostratégie, entre Etats et acteurs non étatiques, ne semble pas totalement satisfaisante car elle ne reflète pas l’ensemble des systèmes asymétriques. En effet, une typologie des acteurs ne peut se faire qu’en prenant en compte plusieurs critères : les motivations, l’organisation et les modes d’action.
De nouvelles conflictualités sont apparues où leurs acteurs se caractérisent souvent par l’illisibilité de leur organisation, l’imprévisibilité de leurs actions multiformes qui privilégient la violence mise en scène par la recherche du sensationnel et de la médiatisation. Grâce aux nouvelles technologies et à leur prolifération non maîtrisée, ces conflictualités sont susceptibles d’utiliser toute la panoplie des capacités actuelles : armement sophistiqué, maîtrise de l’information, diversité des types d’agression – capacité d’exporter une menace n’importe où dans le monde –, générant des menaces – cyber-délinquance, cybercriminalité, etc. – qui mettent en évidence l’insuffisance des systèmes de sûreté ou de substitution dans les sociétés modernes.
En effet, les moyens modernes de communication facilitent l’expression libre et la circulation, via les réseaux, des idées les plus extrêmes, dans un but revendicatif, subversif ou prédateur. Elles peuvent atteindre tous les pans de la société : cohésion sociale, légitimité de l’autorité, pertinence du modèle économique, sociétal ou religieux. Ainsi véhiculées, les techniques d’«agression» de toutes natures se propagent et contribuent d’autant plus à la fragilisation des «cibles» potentielles qu’elles s’appuient souvent sur l’image, support d’émotion et propice aux comparaisons.
A. M.
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