Anciennes et nouvelles menaces se joignent et aggravent nos vulnérabilités
Une analyse de Bachir Medjahed(*) – Le président devrait certainement se poser la question de savoir pourquoi, quoiqu’il soit en poste, il assiste impuissant à son lynchage médiatique dans la transparence. Pourquoi sa fonction a-t-elle perdu sa «sacralité» ? Pourquoi la fonction de ministre est-elle devenue une banalité ? Pourquoi la nationalité française est-elle sans hésitation préférée au poste de ministre algérien ? N’y a-t-il pas là matière à déchéance de la nationalité algérienne, tout le moins d’en faire un débat ?
Il devrait lui être dit que les menaces anciennes et nouvelles s’additionnent, que nos vulnérabilités s’aggravent d’autant que des apprentis sorciers sont constamment mobilisés dans la promotion de l’ethnicisation des relations inter et intracommunautaires. Sans nul doute que le président Tebboune en est conscient car il dit rejeter le débat identitaire. On ne met pas une identité au vote et il faudrait s’en tenir au fait qu’il n’y a ni majorité ni minorité ethnique, ni majorité ni minorité culturelle ? Il y a des Algériens avec des spécificités culturelles de plus en plus appropriées. Quel intérêt à chercher à convaincre que des populations n’ont pas le même vécu culturel et n’envisagent pas de vivre ensemble dans un même système politique ?
Nous devrions tous comprendre que n’est pas complètement nul le risque d’un débordement quand jonctionneront les revendications socio-économiques avec les revendications politiques.
Le président Tebboune doit se demander où il ira pêcher «sa» majorité. Il doit probablement se demander si cette majorité traditionnelle a vraiment existé un jour, ou si, alors, elle n’a pas été gaspillée par l’incapacité de ceux qu’on nomme ses alliés à la structurer en force politique, occupés qu’ils sont plus à se rentrer dedans, comme des épouses dans un harem, qu’à lui servir de relais pour le démultiplier.
Peut-être penserait-il qu’il aura tort de s’appuyer sur un trépied qu’il avait trouvé sur place, se rappelant ainsi que ce n’était pas lui l’architecte de l’alliance, puisque celle-ci existait bien avant lui et qu’elle a des chances d’exister encore bien après lui.
L’alliance a ainsi joué le rôle de seule boîte agréée de prestation de service prédestinée à gérer les présidents successifs et peut-être serait-elle déjà prête à gérer l’actuel et le futur président qui émergera en décembre 2024 car, à ce niveau, c’est le réalisme qui prend le dessus sur les sentiments.
Le président devrait peut-être également se demander pourquoi les partis de l’alliance, ainsi même que les comités de soutien, dont nombre d’entre eux ont leurs militants issus des partis alliés, si prompts à se revendiquer de la majorité présidentielle, se font mettre hors-jeu quand leur devoir serait celui de tenter de tempérer les facteurs de tension lorsque se déclarent des grèves ou éclatent des émeutes multiples mais non coordonnées.
Dans le choix de sa majorité a-t-il tenu compte du fait que les dirigeants de ces partis sont tous en prison ? A-t-il tenu compte du fait que le caractère nouveau de la République risque de se confondre avec un autre caractère nouveau, celui des records d’incarcérations de manifestants pacifiques ?
A. M.
(*) Ancien conseiller au Haut Comité d’Etat (HCE)
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