Politique étrangère : l’Algérie peut-elle s’inspirer de la doctrine Hallstein ?
Une contribution de Mohamed-Salah Benteboula(*) – La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, le 24 août dernier, rebat les cartes dans la région. La rivalité entre l’Algérie et le Maroc est le moteur d’un nouvel ordre régional. A la lumière du défi actuel auquel fait face le Maghreb, le pays est appelé à consolider sa capacité à s’ériger en acteur principal dans ce nouvel ordre régional basé sur les principes consacrés par la Charte des Nations unis et sur une doctrine en matière de paix et de sécurité.
En partant du fait que chaque doctrine a sa propre vision pour la nation, l’Algérie peut s’inspirer de l’histoire des doctrines étrangères pour enrichir la politique car celle-ci consiste à observer la réalité telle qu’elle est et à la transformer. De plus, les relations internationales sont composées de contradictions idéologiques et d’alliances qui se nouent et se dénouent. Cependant, une question se pose : l’Algérie peut-elle s’inspirer de la doctrine Hallstein ?
En 1955, Walter Hallstein, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de l’ex-RFA, formule la doctrine qui portera son nom et instaure le principe selon lequel l’Allemagne de l’Ouest rompt ses relations diplomatiques avec les Etats qui reconnaissent l’Allemagne de l’Est (ex-RDA). Face à l’aggravation léthargique de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et suite à la prorogation du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) jusqu’au 31 octobre prochain, une analyse prospective des liens politiques au sein des Etats membres de l’UMA est primordiale.
Depuis le dernier Conseil des chefs d’Etat de l’UMA tenu en 1994, le régime expansionniste de Rabat obstrue le processus d’intégration économique et politique maghrébine. En outre, il est important de souligner que chaque discours politique prononcé par le souverain marocain est, en fait, un discours religieux, en raison de son autoproclamation en tant que «commandeur des croyants» destinée à amalgamer la religion et la politique. Pis, le roi du Maroc s’adjuge le titre de président du Comité Al-Qods.
De ce fait, il est nécessaire d’établir une doctrine qui oriente la politique de la République algérienne au sein de l’UMA. Une doctrine qui forgera la politique étrangère du pays et qui affirme le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental conformément à l’agenda 2063 de l’Union africaine et de concevoir un scénario de prospective mettant en exergue les options possibles de la diplomatie algérienne permettant d’atteindre les objectifs de paix. Une doctrine qui vise, dans le cadre de l’UMA, la limitation des relations diplomatiques au niveau de chargés d’affaires accrédités auprès des ministres des Etats qui installent des représentations diplomatiques dans le Sahara occupé. Tout l’enjeu est d’assurer à l’Algérie, dans le cadre de cette nouvelle doctrine, la position qui lui revient dans la région, d’autant qu’elle tire sa source de la nouvelle Constitution algérienne.
M.-S. B.
(*) Géographe
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