Visa : la France annonce une mesure qui peut provoquer une crise diplomatique
Par Mohamed K. – L’annonce va provoquer de nouveaux remous dans les relations en dents de scie entre l’Algérie et la France qui a décidé de prendre des mesures de «rétorsion» à l’égard des trois pays du Maghreb, selon France 2, qui a révélé la réduction des délivrances de visas de moitié pour l’Algérie. «Entre janvier et juillet 2021, 4 731 ressortissants algériens ont fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, 22 ont été effectivement expulsés, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur», a précisé la chaîne publique française, en expliquant que «l’Algérie délivre au compte-gouttes les lettres consulaires, un document sans lequel l’expulsion est impossible».
La question des visas et des sans-papiers algériens présents sur le sol français fait régulièrement l’objet de discussions entre les autorités des deux pays. Mais des observateurs avertis se demandent pourquoi la France soulève ce problème aujourd’hui et se braque sur les migrants clandestins maghrébins au moment où le président Emmanuel Macron et le gouvernement Castex encouragent l’entrée sur le territoire français de centaines de milliers d’Afghans, au grand dam d’une majorité de Français, qui ne votent pas forcément pour le Rassemblement national, s’inquiètent de cette largesse accordée par l’Elysée, Matignon et le Quai d’Orsay à des cohortes de nouveaux réfugiés, alors que ceux, très nombreux, déjà présents en France sont ballotés de centre en centre et vivent sous les ponts sans que les responsables locaux puissent faire quoi que ce soit pour régler les problèmes d’insécurité, d’insalubrité et d’instabilité induits par cette déferlante en provenance d’Asie centrale, soit à plus de 7 000 km de Paris.
La France fait-elle du chantage au visa à l’Algérie qui s’est résolument tournée vers ses alliés traditionnels que sont la Russie et la Chine, d’autant que les relations se sont raffermies davantage depuis l’intrusion d’Israël dans le Maghreb et en Afrique où sa présence constitue une véritable menace sur la sécurité et la stabilité de la région ? Le Maroc, dont le nombre de candidats à l’émigration clandestine ne cesse d’augmenter d’année en année, est-il un alibi pour faire accroire à une mesure qui ne concerne pas l’Algérie exclusivement, sachant les largesses que la France accorde au voisin de l’Ouest et à ses ressortissants, qu’ils soient en situation régulière ou non. Les médias français ont souvent soulevé le problème des mineurs marocains qui errent dans les rues des grandes villes françaises au su et au vu des autorités, sans que celles-ci bougent le petit doigt pour les reconduire chez eux ou les prendre en charge.
D’autres observateurs de la politique migratoire de la France s’étonnent de ce que le ministère de l’Intérieur veuille sanctionner une moitié de demandeurs de visa algériens auxquels il est imputé la responsabilité de leurs concitoyens qui ont choisi de rester en France au-delà des dates autorisées, en profitant du laxisme de la police française qui épargne les voyous et expulse des ressortissants honnêtes pour peu qu’ils aient été dans l’incapacité de rentrer au pays en raison de la fermeture des frontières depuis mars 2020. De même, ces observateurs ne comprennent pas pourquoi l’Etat français serait incommodé par la présence d’Algériens en situation irrégulière mais qui vivent de petits métiers honnêtes, et s’échine, dans le même temps, à accorder des facilités et un maximum de bienveillance aux consommateurs de drogue auxquels il fournit protection et bénévolence.
Comment l’Algérie réagira-t-elle à cette mesure ? Nous le saurons bientôt.
M. K.
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