La foi en la vie a rendu l’âme en France
Une contribution de Khider Mesloub – Selon un récent sondage IFOP mené pour l’Association des journalistes d’information sur les religions, les Français sont de moins en moins nombreux à croire en Dieu. La religion a disparu du menu des familles françaises, qui se nourrissent désormais exclusivement de nihilisme. De là s’expliquerait leur conversion massive à ce nouveau dogme hexagonal dont les principes fondamentaux se résument à l’Intolérance, incarnée par la haine de l’autre, la xénophobie, le racisme, notamment anti-arabe et antimusulman.
On croyait que la religion était un luxe réservé aux pauvres. Or, à lire ce sondage, curieusement, on découvre que la religion est davantage implantée dans les grandes agglomérations riches que dans les zones rurales. En effet, on trouve davantage de croyants dans la florissante agglomération parisienne que dans les infortunées communes rurales. On relève une vitalité religieuse (catholique) plus dynamique dans les centre-villes des grandes agglomérations, parmi les catégories sociales favorisées, que dans des zones rurales en pleine désertification culturelle et désolation agricole. Les grandes villes sont devenues les premiers foyers de la pratique religieuse, de concentration de la croyance.
Qui a dit que la religion était l’opium du peuple ? Elle permet aux pauvres de soulager leur souffrance. Apparemment, en France, la population, en proie à la paupérisation absolue et un absolutisme terrorisant imposé par le nouveau monarque Macron, ne peut plus s’offrir ce misérable opiacé spirituel, désormais accaparé par les classes moyennes et petites bourgeoises en plein déclassement social, désarroi économique, détresse psychologique.
Ce déclin de la croyance en France contraste avec la position croissante occupée par la question religieuse dans le débat politique. Cette invasion de la question religieuse intervient, paradoxalement, dans un contexte de perte de foi en la politique. En effet, au moment où la politique est frappée de forclusion, en d’autres termes, au moment où la politique a perdu ses droits d’exercice gouvernementaux pour avoir failli à ses devoirs socioéconomiques, manqué de respect à ses électeurs par ses mensongères promesses, perdu toute crédibilité du fait de la vacuité de son discours, elle se réfugie dans la religion spectrale, cette politique mortifère pratiquée durant les années sombres du fascisme triomphant, pour tenter de sauver son âme damnée, sa gouvernance condamnée.
La classe politique française décadente compte ressusciter la foi de ses ouailles citoyens par le déclenchement d’une croisade antimusulmane menée, fallacieusement, au nom de l’anti-islamisme. Cet épouvantail agité pour effrayer la population, défrayer la chronique, délier la langue raciste. A cet égard, pour remplir les urnes, rabattre les abstentionnistes, ces incroyants de la politique, vers les isoloirs, la classe dirigeante française, dépourvue de tout programme politiquement stimulant et économiquement convaincant, verse dans la bouc-émissarisasition ethnique, matérialisée par la stigmatisation de la population musulmane, victime expiatoire, accusée d’être responsable du déclin de la France.
Une chose est sûre : dans un contexte marqué par l’anomie et l’anémie (tant une grande partie de la population ne mange pas à sa faim : 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France), les Français, désespérés, ont perdu la foi en leur nation. La nouvelle devise de la France rance est : «rejet», «haine» et «racisme». Elle constitue la nouvelle trinité pathologique dans laquelle les Français se reconnaissent, par laquelle ils communient dans la bassesse politique.
Les Français ne croient plus en leur politique, leur République, leur classe dirigeante, leur économie. Ni, selon certaines études, à l’amour, en particulier les femmes. En effet, les femmes sont de moins en moins nombreuses à y croire. Et pour cause. L’amour réserve les mêmes déceptions que la politique. Les désillusions sont à la hauteur de la passion et la confiance placées dans le partenaire auréolé de toutes les vertus.
A l’instar de l’électeur converti à l’abstentionnisme pour avoir perdu sa foi électorale à force de tromperies administrées par les hommes politiques pour qui l’infidélité tient lieu de programme politique, les femmes ne croient plus à l’amour du fait des multiples déboires de sentiments subis au cours de leurs innombrables relations conjugales émaillées de souffrances et de chagrins infligés par des partenaires façonnés par la malhonnêteté et la médiocrité.
Une autre étude du baromètre Ipsos, commandée par l’institut Sapiens, publiée en 2020, notait que les Français ne croient plus également à la science. Comme les citoyens ne croient plus à la parole des politiciens, les femmes à celle des hommes, les Français, sans distinction de sexe, ont de moins en moins confiance dans la parole des scientifiques. Phénomène de défiance accentué par la gestion calamiteuse de la pandémie de Covid-19. Les Français doutent de plus en plus de l’indépendance des scientifiques, de leur capacité à dire la vérité ; plus de 60% pensent qu’ils dépendent d’intérêts privés. Déshumanisés par les valeurs marchandes, les Français ne croient plus à aucune valeur humaine. Ni au progrès.
Globalement, la méfiance vis-à-vis du progrès est très grande. Plus de 50% des Français ont perdu la foi en le progrès. Plus de la moitié des Français pensent qu’ils ne vivraient pas mieux grâce à la science et à la technologie. La population française, foncièrement pessimiste et nihiliste, symptomatique de sa régression intellectuelle, ne croit plus à la notion de progrès, ni au progrès de la France. Mais elle croit au progrès de son racisme, seule industrie idéologique nauséabonde en pleine expansion, propagé tel un virus par ses temples médiatiques, les chaînes d’information en continu, et colporté par son excrémentielle classe politique qui est tout juste capable de déféquer le même et unique programme réduit à sa plus simple expression méphitique : guerre contre l’immigration arabe et musulmane (dans cette guerre menée contre les immigrés arabes, la surenchère ne trouve plus de limite : y compris le général en chef, Macron, s’implique dans l’affrontement xénophobe. Il vient de décréter la réduction des délivrances de visas aux peuples indésirables maghrébins)
Par ailleurs, outre les politiques, les partenaires du cœur, les scientifiques, les Français ne prêtent plus foi aux journalistes, ni aux juges, ni aux patrons. Ni aux humains en général. De là s’explique le climat délétère qui règne en France. L’atmosphère nauséabonde exsudée par la France. Une France en plein déclassement économique, déclin culturel. Ayant perdu l’Amour en la vie, la France n’offre plus que Haine.
Les Français ont perdu la foi, mais surtout le goût de la vie. Chaque jour de malheur que leur seigneur Macron crée, la France creuse sa tombe. La France est devenue un immense cimetière industriel, politique, culturel, civilisationnel. Une usine à fabriquer exclusivement haine, hargne, hostilités, agressivités, violences, inhumanité.
La France est désormais habitée par le doute, le scepticisme, le désarroi, l’effroi. Par l’incroyance généralisée. Et, surtout, la xénophobie. En résumé, la mentalité destructrice, «excommunatrice», raciste.
K. M.
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