Nouveau sérieux dérapage de Macron : le président français exaspère Alger
Par Abdelkader S. – «Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur.» Ces propos sont du président français qui s’est lâché autour d’un café, rapporte Le Monde, partagé avec des Algériens de la «troisième génération» conviés par le locataire de l’Elysée à un échange sur les relations entre l’Algérie et la France. A vrai dire, pour s’en servir comme gomme miracle du passé colonial français, fait d’horreurs et d’exactions pour lesquelles la France civilisée refuse pourtant de faire repentance.
Les propos teintés d’ingérence tenus par Emmanuel Macron n’ont pas du tout été appréciés à Alger où l’ambassadeur, François Gouyette, vient d’être convoqué par le département de Ramtane Lamamra suite à la décision de la France de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens. Paris fait clairement un chantage aux autorités algériennes dont elle exige qu’elles se fassent les complices d’une vaste opération de remigration qui vise les Maghrébins au profit de nouvelles catégories de migrants issus de pays lointains et dont l’Europe, non seulement ne maîtrise pas les flux incessants, mais est en grande partie responsable de la fuite de millions de Syriens, d’Irakiens, d’Afghans et autres Africains vers le Vieux-Contient, qui subit les conséquences directes de l’interventionnisme cher à Bernard Kouchner et de la doctrine militariste portée par Bernard-Henri Lévy.
Cette nouvelle sortie malséante est qualifiée d’«égarement», d’«ingérence» et de «tentative de relativisation du crime contre l’humanité qu’a été la colonisation française de peuplement de l’Algérie». En somme, Emmanuel Macron saborde sa propre initiative par laquelle il affirme vouloir réaliser un «travail de mémoire» pour tourner la page du passé honteux de la France en Algérie où les pires atrocités ont été commises tout au long des 132 ans de colonisation. Se trouvant devant un dilemme inextricable, le successeur de François Hollande, qui repart en outsider en campagne pour sa propre succession en 2022, a tendu la perche aux harkis, voici quelques jours, dans une flagrante manœuvre visant à glaner des voix en prévision d’une course à la présidentielle où tout bulletin est bon à prendre. Alors même qu’il présentait les excuses de la France aux anciens supplétifs algériens, il annonçait un hommage aux victimes des massacres d’Octobre 1961. Macron ne tend pas une perche, mais une canne à pêche, ironise-t-on des deux côtés de la Méditerranée.
Emmanuel Macron persiste et signe. A aucun moment dans ses interventions publiques et officielles il ne s’adresse à l’Etat algérien et à son gouvernement. Durant les terribles incendies qui avaient ravagé la région de Tizi Ouzou, il assurait les «Kabyles» de son «soutien», partageant la même position insidieuse avec Valérie Pécresse, la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France qui, bien que retranchée dans le camp adverse, a tenu la même posture favorable au mouvement séparatiste du MAK, classé organisation terroriste par l’Algérie. Lors de sa rencontre de ce jeudi avec une vingtaine de «petits-enfants de la Guerre d’Algérie», il a martelé son envie de «nourrir sa réflexion sur la réconciliation des peuples». Une méthode qui rappelle étrangement celle du souverain marocain qui harangue les Algériens comme s’ils étaient ses sujets.
Macron met sur le dos de ces jeunes Algériens l’écrasant poids de la barbarie française : «Vous portez une part d’histoire et aussi un fardeau. Un fardeau car on n’a pas réglé le problème», les a-t-il foudroyés. «Il faut le faire !» réagit une source autorisée algérienne, ahurie par une telle «pauvreté morale» et autant de «désinvolture politique».
A. S.
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