Alfonsina Russo : «Notre creuset mémoriel commun principal atout de notre partenariat»
De Rome, Mourad Rouighi – Mme Alfonsina Russo est une sommité en Italie et dans le monde, elle fait partie des dix directeurs de musées les plus prestigieux et dirige depuis cinq ans le parc du Colisée, qui gère la partie historique de la Ville éternelle, Caput Mundi. Avant d’accueillir, hier [vendredi] le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l’entrée de la prison Mamertine, elle a confié à Algeriepatriotique que «ce genre de rencontres confirme qu’un – creuset mémoriel commun – est bien là entre l’Algérie et l’Italie, autour duquel il sera possible d’accroître notre coopération dans le domaine de la préservation du patrimoine».
«Votre pays, très bel exemple de cette Méditerranée, carrefour des civilisations où les Numides ont rencontré Phéniciens, Romains, Byzantins, Arabes et Ottomans, ont su façonner une personnalité authentique, reposant sur des milliers de vestiges, des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et un patrimoine d’une inestimable valeur», a-t-elle souligné.
En faisant découvrir le lieu de détention et d’exécution du roi Jugurtha à notre chef de la diplomatie, elle a convenu avec son hôte que «le recul requis nous invite à contextualiser ce genre d’épisodes et à en exploiter la symbolique, celle d’un lieu qui ne concerne que quelques nations plurimillénaires dont les racines sont si lointaines qu’elles s’imposent à tous.»
Si lointaines d’ailleurs qu’elles échappent probablement aux apprentis historiens.
Ramtane Lamamra, de son côté, l’a remerciée pour l’attention toute particulière qu’elle réserve toujours à l’Algérie et l’a assurée que «le gouvernement dans son programme d’action a prévu d’entreprendre un effort supplémentaire, visant à doter nos institutions de lois ambitieuses qui structurent le domaine archéologique, nos universités multiplient les filières de spécialisation dans ce secteur et nos musées se modernisent et mettent à profit la technologie pour exalter la splendeur de ces gardiens de notre lointain passé».
«Nous aurons bien sûr besoin de nos amis italiens, de vos compétences dans ce domaine pour nous accompagner dans ce passionnant chantier», a-t-il rappelé. Alfonsina Russo a indiqué que son équipe comptait travailler «très prochainement» sur la récupération des «plus belles» collections de mosaïques du monde qui se trouvent tant en Italie qu’en Algérie. Pour mener à bien cette mission, elle a promis de se rendre en Algérie, dès que possible, pour coordonner des plans d’intervention, notamment dans les régions de Sétif et Khenchela, en y dépêchant des historiens et des spécialistes en sciences du passé, pour préparer le terrain pour l’action d’archéologues et experts en fouilles.
Par ailleurs, l’Algérie, qui fait le choix d’un tourisme de type culturel, nous dit l’expert Umberto Croppi, a identifié en l’Italie le partenaire de choix qui lui permettra d’intégrer les synergies internationales, captant compétences et filières, le tout autour de ce creuset mémoriel commun que la visite de Ramtane Lamamra à la prison Mamertine a évoqué de manière si poignante.
M. R.
Comment (5)