La France des «Lumières» plongée dans l’insécurité, l’instabilité et la précarité
Une contribution de Khider Mesloub – Rien ne va plus au pays des droits de l’Homme «blanc néocolonial», transformé en dictature sanitaro-sécuritaire par la volonté discrétionnaire de son président réactionnaire, à la faveur de la pandémie politiquement instrumentalisée. Rien ne va plus au pays des Lumières, métamorphosé en obscure nation plongée désormais dans la médiocrité, l’insécurité, l’instabilité et la précarité.
Depuis l’élection de Macron, «président du chaos, du désordre et de la violence», la France sombre dans la décadence et l’indécence. Frappée fréquemment par des émeutes, la France, assiégée par des meutes de forces de l’ordre qui font régner la terreur sur tout le territoire quadrillé par la tyrannie des restrictions, ne survit que par la terreur. La terreur étatique, sociale, économique, urbaine, policière. Et, depuis peu, la terreur ministérielle, illustrée par le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, décidé «d’en découdre avec les Algériens», menacés désormais de se voir retirer ou refuser systématiquement les titres de séjour, quitte à torpiller les accords d’immigration de 1968. La terreur présidentielle, incarnée par les déclarations diplomatiquement attentatoires et vexatoires de Macron à l’égard des dirigeants algériens, proférés avec agressivité dans un esprit néocolonial revanchard.
Et la terreur militaire, selon les vœux de certains de ses généraux séditieux proches de l’extrême-droite, auteurs d’une tribune appelant à l’insurrection contre les hordes banlieusardes – c’est l’expression polie usitée en lieu et place de «hordes arabes et musulmanes», pour ne pas tomber sous le coup de la loi –, accusées d’entretenir un climat de violences. Dans cette tribune de militaires, publiée le 21 avril par Valeurs Actuelles, parue quelques jours après l’appel à l’insurrection de Philippe De Villiers, intitulée «Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants», les signataires menaçaient d’intervenir pour enrayer le «chaos croissant», procéder à une opération de «pacification du pays», probablement selon les méthodes éprouvées durant la «Guerre d’Algérie» par les autorités coloniales françaises qui avaient mobilisé 1 500 000 tueurs assermentés, autrement dit soldats, pour livrer la guerre aux Algériens innocents et désarmés en lutte pour l’obtention de l’indépendance de leur pays.
Dans cette tribune des militaires séditieux, le premier sujet cité est «l’islamisme et les hordes de banlieue» qui «entraînent le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre Constitution», selon les termes de ses signataires. Il est utile de souligner que, dans l’impuissante France en pleine débandade économique et déréliction politique, l’anti-islamisme est le cache-sexe du racisme anti-arabe et antimusulman. La fragile et frigide classe politique française dévirilisée, confrontée à des troubles d’érection électorale, pour stimuler ses ébats politiques assaisonnés d’une indécente et lubrique rhétorique populiste et raciste, usent et abusent de cet aphrodisiaque xénophobe : la population immigrée d’origine arabe et musulmane, devenue le Viagra de la France politiquement émasculée. La population immigrée est accusée de tous les maux. Pourtant, aujourd’hui cette population immigrée est devenue la seule dynamique composante de la France sénile à porter à bout de ventre la démographie française, donc la survie de la France ménopausée.
La tribune, publiée soixante ans jour pour jour après le putsch d’Alger de 1961, signée par «une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d’un millier d’autres militaires» dénonçait le «délitement» qui frappe, selon eux, la «patrie» et se proclamaient être «disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation». La tribune s’en prenait au «délitement» qui s’attaque à la France. Les auteurs de la tribune avaient usé d’une rhétorique comminatoire. «Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final, une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse», annonçaient-ils. Leur constat se voulait alarmant : «La guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.» Les militaires étaient clairs. Ils seraient «disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation».
L’ensauvagement de la République française
Incontestablement, la France est gangrenée par la violence. Toutes les strates de la société sont rongées par l’agressivité, l’intolérance, la haine. On assiste à l’ensauvagement de la société française, depuis le sommet de l’Etat responsable d’une violente politique antisociale et d’une répression policière sanguinaire, jusqu’à la base de la société déchirée par de furieuses tensions, en passant par les entreprises dont les salariés sont en butte à la détresse psychologique et au délabrement physique.
Ironie de l’histoire, les militaires, signataires de la tribune, censés donner l’exemple en matière de discipline, de respect de l’ordre et de la loi, ont adopté les mêmes mœurs de voyous que ceux qu’ils dénoncent dans leur tribune : par leurs menaces de mutinerie sociale, de sédition politique, de subversion armée.
En effet, par leur infraction des règlements, transgression du droit de réserve, violation de la civilité, désobéissance politique, ils se sont comportés comme les «hordes de banlieue» qu’ils fustigent encore aujourd’hui, comme la police raciste qu’ils encensent, comme le gouvernement scélérat qu’ils condamnent. A cet égard, il est important de relever que les dernières sorties médiatiques de Macron et Darmanin s’inscrivent dans cette atmosphère anomique très répandue actuellement en France, autrement dit une France en proie au dérèglement social, à l’absence de normes morales et à l’anéantissement des règles de conduite. Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement français abrite une horde de voyous cravatés.
Décidément, la France en déclin, en plein déclassement économique, est réduite à la production en série de voyous de la République, tout juste capables de s’adonner à la fabrication en masse de discours haineux, xénophobe, racistes ; à l’exécution de comportements agressifs, violents, belliqueux.
Une France en proie à l’anémie intellectuelle, l’anomie sociale, la pandémie raciste.
K. M.
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