Ce que prévoit Macron à l’occasion du 17 Octobre ne fera qu’aggraver la crise
Par Nabil D. – «Emmanuel Macron devrait reconnaître la responsabilité de l’Etat mais ne présenterait pas les excuses de la France», croit savoir L’Obs, dans un article paru ce vendredi. L’hebdomadaire français indique que «le contenu de la déclaration est toutefois encore en discussions dans son entourage». «Avant lui, seul son prédécesseur, François Hollande, en 2012, s’était exprimé sur le sujet, mais en envoyant un simple communiqué de quelques lignes à l’AFP [dans lequel il affirmait que] le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits.» «La violente répression a été recouverte d’une chape de silence pendant quasiment trente ans», note L’Obs.
Le média français précise que la cérémonie est prévue ce samedi 16 octobre, à 15h30, sur le pont de Bezons, sur la rive droite de la Seine, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, non loin des anciens bidonvilles de Nanterre. «Pour la première fois, un chef d’Etat français va commémorer le massacre du 17 octobre 1961 : ce soir-là, dans les derniers mois de la Guerre d’Algérie, des dizaines d’immigrés algériens qui manifestaient pacifiquement contre l’instauration du couvre-feu, à l’appel du Front de Libération nationale (FLN), ont été tués par la police française», rappelle le magazine, qui estime que «le geste d’Emmanuel Macron est attendu» car il a «multiplié les initiatives depuis son arrivée» au pouvoir.
«Il a commandé un rapport à l’historien Benjamin Stora sur les mémoires de la colonisation et de la Guerre d’Algérie, remis en janvier, reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la mort du mathématicien Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel, deux militants indépendantistes disparus en mars 1957. Il a aussi demandé pardon et promis des réparations aux harkis, les supplétifs algériens de l’armée française, abandonnés sur l’autre rive à l’indépendance ou parqués dans des camps à leur arrivée en France», souligne L’Obs qui pense que l’initiative de Macron lui permettrait «sans doute» d’éviter la marche parisienne réclamant la reconnaissance d’un crime d’Etat, à l’appel d’une centaine d’associations, syndicats et partis politiques, ainsi que l’hommage que doit rendre la maire de Paris et candidate à l’élection présidentielle Anne Hidalgo, sur le pont Saint-Michel.
«Tout est calcul politicien dans cette simagrée de commémoration», commentent des sources algériennes qui intègrent cette «mise en scène» dans le «double jeu auquel la France officielle nous a habitués sous toutes les présidences, et ce depuis l’indépendance de l’Algérie». «La célébration du 17 Octobre par le président français n’atténuera pas la colère des autorités algériennes qui ont exprimé leur vive indignation suite aux propos et aux décisions pleins de dédain à l’égard des Algériens et de l’Algérie», poursuivent nos sources, qui se disent persuadées que la crise «cette fois-ci sera plus longue au regard des mesures de rétorsion prises par Alger pour signifier à la partie française que les temps ont changé et que les réactions se limitant à l’indignation et à la dénonciation n’ont plus cours, laissant place à des représailles tangibles qui ont pour finalité de mettre le régime français devant l’évidence de l’anachronisme de sa politique algérienne et de la capacité de l’Algérie à répondre aux provocations par des actions contingentes».
N. D.
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