Comment l’Algérie a libéré l’Afrique du complexe du colonisé envers la France
Par Mohamed K. – La convocation de l’ambassadeur de France à Bamako, récemment, est intervenue au lendemain de la visite de notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, au Mali d’où il a étrillé le président français, Emmanuel Macron, dans une intervention d’anthologie. Quelques jours plus tard, c’est le président Tebboune qui, dans un entretien diffusé par la Télévision publique, enfonçait le clou en affirmant que le temps où la France agissait comme une puissance coloniale était révolu et qu’il était temps pour Paris de revoir sérieusement son approche dans ses relations avec Alger.
L’attitude de la nouvelle équipe dirigeante au Mali vis-à-vis de la France participe de cette démarche algérienne qui consiste à décomplexer les pays africains anciennement colonisés par la France. Si le président malien a planté le décor en exprimant son refus catégorique de toute ingérence française dans ce pays subsaharien, prélude à un retrait forcé des troupes françaises qui y ont été déployées sur décision unilatérale de la France dans le cadre de la chaotique opération-alibi Barkhane, les pays africains ont, depuis longtemps, démontré leur refus de se soumettre au diktat de la France et de céder au chantage de son département d’outre-mer, le Maroc, infiltré au sein de l’Union africaine pour y semer la zizanie.
Les Africains ont, dans leur écrasante majorité, rallié la position algérienne qui rejette l’intégration de l’entité sioniste au sein de l’organisation panafricaine en tant que membre observateur. Une opération fomentée par le Maroc, la France et Israël dans le but évident de miner l’Union africaine de l’intérieur, chacun de ces trois pays y trouvant son propre intérêt : le Maroc cherchant à exclure le Sahara Occidental, la France, qui perd pied en Afrique, à limiter les dégâts, et Israël à étendre son hégémonie à cette partie du monde où elle se contente, pour le moment, de la partie est du continent.
Mais c’était sans compter avec la réaction de l’Algérie que ces trois alliés croyaient affaiblie par le mouvement de contestation populaire récupéré par les islamistes et les indépendantistes, soutenus, financés et téléguidés par la DGED marocaine, la DGSE française et le Mossad israélien. La riposte algérienne, qui est allée crescendo, a surpris tout le monde, si bien que personne ne s’attendait à ce que les autorités algériennes aillent jusqu’à rompre les relations diplomatiques avec le voisin de l’Ouest et interdire le survol de son espace aérien aux aéronefs battant pavillon marocain ou immatriculés au Maroc, puis aux avions militaires français.
La France n’agit plus en maîtresse absolue en Afrique depuis que l’Algérie a démontré aux Africains que cette «puissance» mondiale est, en fait, un ballon de baudruche et qu’il suffit d’une épingle pour la dégonfler. Les Maliens ont saisi le message algérien au vol. Les autres pays assujettis à la «Françafrique» suivront.
Hier, l’Algérie aidait les Africains à se libérer par les armes ; aujourd’hui, elle leur montre le chemin à suivre par les voies diplomatiques, dans la perspective d’une intégration africaine appelée à restituer aux Africains leurs inestimables richesses spoliées par les néocolonialistes.
M. K.
Comment (12)