La crise entre Alger et Paris exprime la continuation de la lutte anticoloniale

Lamamra Macron
Lamamra et Macron lors de sa visite à Alger en 2017. D. R.

Une contribution de Youcef Benzatat – La crise mémorielle franco-algérienne traduit en fait, par la permanence de son impasse, le déni inavoué de l’identité de l’Etat algérien par l’ancienne puissance coloniale. Une raison essentielle à cela est le fait que le nationalisme algérien, qui a donné naissance à l’Etat algérien dans sa forme contemporaine, en l’ayant doté d’une identité révolutionnaire, s’avère être une déconstruction du nationalisme français hérité de la Révolution de 1789 et de la pensée des Lumières qui a significativement contribué à son avènement. Reconnaître donc et respecter l’identité de l’Etat algérien par l’ancienne puissance coloniale, c’est accepter cette épreuve de déconstruction du nationalisme français dans le miroir de celui de l’ancien colonisé au risque de faire apparaître au grand jour ses contradictions devant le caractère criminel de la colonisation et de devoir affronter douloureusement l’effondrement de ses valeurs.

Par conséquent, vouloir dénouer volontairement cette crise pour l’ancien colonisateur par l’aveu du caractère criminel du fait colonial, c’est se renier soi-même, par la disqualification de l’identité de son propre Etat et les valeurs qui le fondent, qui sont en toute évidence au fondement du fait colonial tel qu’il s’est déroulé en Algérie, notamment par la perversion du principe des droits de l’Homme et du citoyen dans son acceptation universelle. De ce fait, les termes de la crise sont systématiquement ramenés par l’ancienne puissance coloniale à un différend dans l’interprétation et la qualification de singuliers épisodes meurtriers ayant jalonné la permanence des crimes coloniaux durant l’occupation coloniale pour mieux se disculper. Même si parfois l’ancien colonisateur accepte d’endosser la responsabilité de certains crimes coloniaux, c’est pour mieux les justifier par des circonstances impératives ou incontrôlées, telle la torture pour neutraliser les réseaux «terroristes» de la Bataille d’Alger ou encore le massacre d’Algériens en octobre 1961 à Paris, en l’imputant à une dérive policière commanditée par un néofasciste désavoué, en la personne du préfet Maurice Papon, pour rendre inopérant le qualificatif de crime d’Etat.

A chaque crime colonial correspond un contrepoint justificatif et déculpabilisant, minutieusement orchestré, pour préserver l’imaginaire des nationalistes coloniaux vantant la colonisation civilisatrice. Ainsi, les enfumades, les massacres de masse, notamment ceux de 1945 dans l’Est algérien et surtout le génocide perpétré au cours de la conquête, qui durera plusieurs décennies, les étouffoirs, les viols collectifs contre les femmes, le déracinement des populations par la confiscation de leur terre et leur expulsion vers des terres inhospitalières et improductives, le deuxième déracinement par leur regroupement dans des camps de concentration pendant la guerre de 1954 à 1962, etc. trouveront toujours singulièrement des justifications pour préserver cet imaginaire au fondement de l’empire civilisateur des peuples sauvages.

Mais la stratégie discursive de l’ancien colonisateur ne résiste pas à la volonté de l’ancien colonisé à vouloir circonscrire impérativement cette crise mémorielle dans le différend sur la qualification de la nature même du régime colonial, qui représente en soi ses temps forts et, par conséquent, la conduit vers l’impasse. A la colonisation positive, civilisatrice, invoquée par les termes du dialogue mémoriel de la part de l’ancien colonisateur, il lui est opposé le qualificatif criminel pour désigner le fait colonial par l’ancien colonisé.

Dans cette impasse se joue en définitive une confrontation pour la survie de deux nationalismes qui se renient réciproquement en reniant l’identité des Etats qui les caractérisent.

Pour l’ancien colonisateur, le nationalisme algérien, qui est perçu comme étant à l’origine de l’amputation de l’empire de ses colonies, qui s’est donné sournoisement pour objectif une mission civilisatrice des peuples sauvages pour mieux piller leurs richesses et les empêcher de devenir des nations souveraines et prospères, continue à ce jour d’assumer ce rôle de meneur dans la lutte contre le régime néocolonial, en menaçant la déconstruction du caractère sournois des valeurs qui fondent l’identité de son Etat et donc de son rayonnement et sa prospérité au détriment des peuples néocolonisés. Les dernières déclarations du président français, Emmanuel Macron, teintées d’amertume et de dépit, avaient tenté en vain de pousser «la société algérienne profonde» à renier l’identité de son Etat en le qualifiant de «système politico-militaire (…) qui fonde sa légitimité sur la rente mémorielle». Allant jusqu’à renier la préexistence même de l’Etat algérien en dehors de l’étendue de l’empire colonial.

Pour le nationalisme algérien, dont l’indépendance nationale est perçue comme une libération de l’emprise de l’empire colonial, l’identité dont il a doté son Etat s’inscrit dans la lutte même contre cette perversion des valeurs de l’identité de l’Etat colonial, à savoir la solidarité avec les peuples en lutte pour leur autodétermination et la non-ingérence dans les affaires internes des Etats souverains, du moins contribuer par une médiation impartiale pour résoudre les conflits violents afin de ramener la paix entre leurs membres. Cette valeur identitaire est étroitement associée à la lutte pour la souveraineté économique et la solidarité avec les peuples dont les richesses sont convoitées par les puissances néocoloniales. C’est à cette identité de l’Etat algérien que fait allusion le président Abdelmadjid Tebboune en conditionnant le retour à son poste de l’ambassade d’Algérie en France par la reconnaissance et le respect de l’Etat algérien par l’ancienne puissance coloniale.

C’est dire que dans l’absolu, l’impasse de la crise mémorielle franco-algérienne n’est autre que la poursuite du rapport de force néocolonial confronté à la résistance de la partie algérienne par la poursuite de la lutte anticoloniale.

Y. B.

Comment (23)

    lhadi
    20 octobre 2021 - 19 h 29 min

    L’exhibitionnisme politique qui rentre dans le cadre du jeu de miroir de la société spectacle est une stratégie de diversion pour occulter les vrais problèmes auxquels le pays se trouve confronter et à la complexité d’un monde de globalisation politiquement et économique injuste et aux rêves légitimes du citoyen qui n’aspire qu’à vivre son temps, bâtir son avenir tout en bâtissant celui de la nation algérienne.

    Appelons un chat un chat. L’A.D.N des gouvernants passés au cours de ces 60 années est identique à ceux qui veulent, avec des slogans chic pour faire choc, faire passer sous silence la déliquescence du parti F.L.N devenu le symbole d’une ère révolue.

    Au jour d’aujourd’hui, le premier parti d’Algérie est celui des abstentionnistes. Cette donnée politique exprime un constat sans appel.

    Sans une prise de conscience collective et une rupture totale avec le néo-patrimonialisme, l’inféodation des acteurs politiques, et surtout le népotisme qui considère l’intelligence comme un danger et la compétence comme une menace, l’espoir et la confiance ne seront pas au rendez vous pour l’édification d’un Etat fort, d’une république solide, d’une Algérie apaisée, unie dans toute sa diversité, plus juste, plus fraternelle, plus solidaire ; une Algérie désensablée de ses contradictions et apte à faire face aux défis et enjeux qui l’assaillent.

    L’halithose et la pétulance ne doivent pas nous détourner de la seule tâche qui mérite adhésion et que l’urgence rend nécessaire : mener le pays vers un horizon meilleur

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    lhadi
    20 octobre 2021 - 13 h 52 min

    L’exhibitionnisme politique qui rentre dans le cadre du jeu de miroir de la société spectacle est une stratégie de diversion pour occulter les vrais problèmes auxquels le pays se trouve confronter et à la complexité d’un monde de globalisation politiquement et économique injuste et aux rêves légitimes du citoyen qui n’aspire qu’à vivre son temps, bâtir son avenir tout en bâtissant celui de la nation algérienne.

    Appelons un chat un chat. L’A.D.N des gouvernants passés au cours de ces 60 années est identique à ceux qui veulent, avec des slogans chic pour faire choc, faire passer sous silence la déliquescence du parti F.L.N symbole d’une ère révolue.

    Au jour d’aujourd’hui, le premier parti d’Algérie est celui des abstentionnistes. Cette donnée exprime un constat sans appel.

    Sans une prise de conscience collective et une rupture totale avec le néo-patrimonialisme, l’inféodation des acteurs politiques, et surtout le népotisme qui considère l’intelligence comme un danger et la compétence comme une menace, l’espoir et la confiance ne seront pas au rendez vous pour l’édification d’un Etat fort, d’une république solide, d’une Algérie apaisée, unie dans toute sa diversité, plus juste, plus fraternelle, plus solidaire ; une Algérie désensablée de ses contradictions et apte à faire face aux défis et enjeux qui l’assaillent.

    L’halithose et la pétulance ne doivent pas nous détourner de la seule tâche qui mérite adhésion et que l’urgence rend nécessaire : mener le pays vers un horizon meilleur

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Karamazov
    19 octobre 2021 - 10 h 35 min

    Bounichète2

    Si on me permettait d’y mettre mon grain de  »sel » , comme disait un certain docteur à ses moments les moins  »continents » , je dirais qu’au contraire de ceux qui voudraient nous apprendre à penser comme eux , que les commentaires bruts de décoffrage reflètent plus la réalité que ceux qui ont la prétention de la penser. Un miroir réfléchit mieux qu’un penseur. Sauf que le miroir n’a aucune prétention à transformer son objet rien qu’en le mirant.

    A ce que je vois ce sont ceux qui nous gavent de concepts oiseleux qui voudraient nous en guérir par petites doses en nous apprenant à nuancer. Une couleuvre serait-elle plus appétissante si on l’appelait anguille ? Des concepts seraient plus pertinents quand ils ne sont pas utilisés pour enfumer. C’est ainsi que l’histoire devient une grande fumisterie. Il suffit de prononcer un mot de la même famille que colonie pour activer le pathos et le refoulé

    Et Chikhi et Y.B viennent de nous faire magistralement la démonstration que l’Histoire ( en tant que science ) et le butin de guerre, sont des armes pour la continuation d’une supposée lutte anti-coloniale avec d’autres moyens. . Et c’est là la méthodologie. En guise de didactique ,les mots qui matchent a khali ! Quand Chikhi nous invite à un nuancement face à la mitraille d’Y.B , il veut dire dire qu’il faut ménager les munitions pour ne pas qu’on voit qu’on tiraillle. Mergouha bezef les commentaires , comme si lui il s’en privait quand il s’agit de trop charger le chwari.

    On voudrait nous faire croire que si nous ne sommes qu’une populace qui carbure à la rente et à la religion c’est parce qu’on n’a pas su nous nommer on ne s’y prendrait pas autrement. Nous ne sommes pas ici dans un débat de sachants ou dans un concours d’élégances mais dans une boite à sentiments. Comment je dois nommer les choses ça me regarde.

    Pour paraphraser Marx , il ne s’agit pas de penser le monde mais de le transformer. Celui qui couve un caillou ne deviendra pas une poule ni n’obtiendra de poussin. Je crois que c’est Balzac qui faisait dire à son médecin de campagne , apipri, : un forgeron est plus utile qu’un philosophe.La conscience la plus élaborée d’un mal n’atténuera pas sa douleur.

    Quant au Hirak, je le répète encore, ce n’était que l’incarnation d’un fantasme, que ni les allégoristes , ni les théoriciens, ni les théologiens , et encore moins les poètes, n’ont réussi à transformer en révolution qui, elle, est une mécanique, un chantier qui produit sa propre transformation. Le Hirak lui n’était qu’un mouvement messianique incantatoire qui attend que Godot ou le Mahdi viennent le sortir de sa misérable condition. Pour qu’il eût révolution il eût fallu les conditions de la révolution , à ne pas confondre avec les raisons de la révolte.

      Karamazov
      19 octobre 2021 - 12 h 21 min

      Woullah ya si !C’est kamkim pas ma fôte à moua si la lecture d’YB me déclenche mon syndrome Goering-Tourette !

        Anonyme
        20 octobre 2021 - 10 h 03 min

        Le Goeringisme est dans votre imaginaire, comme l’est le démon des ruines dans la sophistique des ethno- démocrates… La lecture de Y.B. viens vous le rappeler à chaque réveil, comme la piqure d’une guepe pour vous empêcher de danser la danse du ventre au makhzen ou au tchad…

      Anonyme
      19 octobre 2021 - 13 h 18 min

      Vous avez tout à fait raison. L’histoire ici n’est pas convoquée en tant que science. L’auteur s’appuie sur une idéologie de combat, celle du nationalisme algérien qui a pris forme entre les deux guerres, en sortant victorieux contre l’imaginaire nationaliste français du grand empire colonial, et à laquelle il y adhère et en fait son cheval de batail. En fait, pour qu’il aurait été objectif et convoquer l’histoire en tant que science, il aurait dû invoquer deux nationalismes qui se sont développés en parallèle en Algérie durant cette période. Le premier, ayant déjà été développé dans cet article et le second, que l’auteur avait omis, serait celui des identitaires, dont l’objectif était d’aboutir à la formation d’une nation parallèle, séparée de la nation algérienne, et qui serait bâtie sur le nationalisme ethnique, sur le modèle du national-socialisme allemand d’entre les deux guerres, qui était fondé sur la pureté de la race aryenne, ici en l’occurrence la race kabyle. D’un point de vue sophistique, les deux nationalismes se valent et il aurait été judiciable qu’ils soient convoqués tous les deux pour faire de cette analyse une approche fondée sur l’histoire en tant que science. Hélas, n’est pas scientifique qui veut, l’auteur ici n’est qu’un forgeron, qui se satisfait d’être qu’un simple pragmatique sans prétention de scientificité aucune.

        Anonyme
        20 octobre 2021 - 10 h 11 min

        Vous voulez dire que le pragmatisme est une philosophie active, contrairement à la science qui est une théorie analytique. En effet, en politique, n’est pas forgeron qui veut, il faudra une tonne de volonté, de conviction et de courage pour battre le fer et le purifier des oxydations nuisibles, tel que le Goeringisme.

    Ferid Chikhi
    18 octobre 2021 - 20 h 06 min

    À mon avis, juste un avis, en tout respect aux différents commentaires …

    Serait-il possible que nos contributeurs et autres commentateurs fassent un peu dans la nuance ?
    Les concepts, leurs signifiants comme leurs signifiés, ont leur importance dans un débat d’idées.

    Qu’un binational vivant en France et oeuvrant pour un espace de vie décent et approprié parle de ‘’décolonialité’’ passe quand il interpelle les gouvernants français à changer de paradigmes…

    Qu’un binational vivant en France et en Algérie use de néocolonialisme pour désigner l’emprise de la France coloniale sur des pans entiers de l’économie et des richesses du sol et du sous sol Algérien est à mon avis de rigueur. Néanmoins, je me questionne sur le concept ‘’post colonial’’ ainsi que les concepts reliés au lieu de parler et d’expliquer comment l’indépendance a été acquise et comment la post indépendance se vivent. Bien entendu en étant très critique à l’endroit des régimes et des pouvoirs algériens depuis l’indépendance.

    Bonne santé à tous.

    youcef benzatat
    18 octobre 2021 - 14 h 22 min

    Abou Stroff, Lhadi
    L’Algérie n’est pas seulement représentée par son « système politico-militaire », il y a aussi son intelligentsia, sa société civile et une large part active de son peuple. L’imaginaire nationaliste et patriotique algérien n’est pas le monopole de ce système. Chaque citoyen algérien en est dépositaire, y compris des personnalités à l’intérieur de ce même système. Penser par la négative la résistance de l’Algérie à l’impérialisme dominant, c’est jouer en sa faveur et par conséquent se rendre coupable d’antipatriotisme ! Le Hirak a été des son début l’avant garde de cet engagement dans la lutte anticoloniale.

      Anonyme
      18 octobre 2021 - 14 h 58 min

      Continuez a ignorer la réalité et on verra ou on arrivera. L’Hadi a parlé du présent et de ce que normalement sera notre futur. Le retour aux chomeres ne menera nulle part.

      Abou Stroff
      18 octobre 2021 - 15 h 46 min

      « L’imaginaire nationaliste et patriotique algérien n’est pas le monopole de ce système. » dites vous!
      permettez moi de m’interroger sur l’impact d’un quelconque imaginaire qui ne peut aligner aucune division blindée. quant il s’agit d’imagination, on peut imaginer ce que l’on veut, en particulier on peut imaginer qu’on peut dominer le monde, uniquement, par l’imagination.

      quant à « Penser par la négative la résistance de l’Algérie à l’impérialisme dominant, c’est jouer en sa faveur et par conséquent se rendre coupable d’antipatriotisme », permettez moi de souligner qu’il ne s’agit pas de « penser » mais simplement d’observer que le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation (et non l’expresion « l’Algérie « , en tant que pays, qui ne veut rien dire), étant ce qu’il est (voir mes interventions sur le sujet), ne génère que des tubes digestifs ambulants doublés de zombies décérébrés, lesquels, me semble t il, ne sont guère armés pour affronter quoi que ce soit. quant à croire en un quelconque nationalisme ou un quelconque patriotisme de la part de tubes digestifs ambulants doublés de zombies, il faut être d’une niaiserie remarquable pour avancer une telle ineptie.

      enfin, concernant le hirak, contrairement au point de vue idéaliste, c’est à dire reposant sur une imagination fertile, que vous défendez , je ne crois pas que le hirak ait été (remarquez le passé du subjonctif) porteur d’une quelconque révolution.
      en effet, je ne pense pas que les contradictions qui lient et opposent le pouvoir en place (que j’appelle « la marabunta qui nous gouverne ») au hirak sont des contradictions antagoniques dont le dépassement déboucherait sur un ordre supérieur supprimant, en même temps, les deux contraires, en tant que tels.

      moralité de l’histoire: un peuple, dans sa grande majorité, biberonné au robinet de la rente et shooté à la religion (la drogue la plus dure parmi les drogues dures) est objectivement (il ne produit pas son propre vécu et n’inter-réagit pas avec son environnement mais le subit) et subjectivement (il est irresponsable puisqu’il ne participe pas activement à sa propre reproduction) incapable de penser la révolution et encore moins de la pratiquer.

      PS: chacun aura remarqué la liesse qui s’empare des hirakistes à chaque fois qu’il se mette en mouvement. en effet, le hirak permet à tous et à toutes de noyer la misère sociale ambiante et le vide sidéral du vécu quotidien (pas de cinéma, pas de concerts de musique, pas de théatre, pas de drague civilisée, etc.) dans une catharsis qui ne dit pas son nom. cette catharsis, elle même, me semble être une drogue nouvelle qui permet aux hirakistes d’oublier qu’ils sont impuissants et qu’ils ne peuvent que constater l’existence d’un problème (leur marginalisation dans la distribution de la rente) dont la solution est hors de leur portée.

        youcef benzatat
        19 octobre 2021 - 12 h 10 min

        Il suffit de vaincre son pessimisme et forcer son imagination, en cessant de prendre les Algériens pour du « bétail » et la Nation algérienne pour une chimère, pour constater qu’aucun « bataillon blindé », qu’ils soit de l’intérieur ou de l’extérieur, ne pourra fléchir ni leur volonté ni le désir de leur propre émancipation du statut de « tubes digestifs ambulants… qui se shootent à la religion en se rassasions des mamelles de la rente ».

          Abou Stroff
          20 octobre 2021 - 7 h 06 min

          pour éviter d’agacer le lecteur avec des développements abstraits, permettez moi de vous répondre en reprenant une sentence célèbre de K. Marx:
          « « Ce n’est pas la conscience qui détermine leur être; mais c’est, au contraire leur être social qui détermine leur conscience ».
          en termes crus, vous pouvez essayer de vaincre votre pessimisme et forcer votre imagination, en prenant les « algériens » pour des êtres humains à part entière et la nation algérienne pour une entité à part entière, vous ne pourrez jamais, via l’imagination, transformer des tubes digestifs ambulants doublés de zombies décérébrés biberonnés à la rente et shootés à la religion, en êtres humains (rappel: le travail est ce qui différencie l’être de l’homme de l’être de l’animal) et la nation algérienne en une formation sociale basée sur le travail, tant que la rente est le rapport social dominant, rapport autour duquel s’inscrivent toutes les relations sociales.
          PS: j’ajoute que, si nous acceptons l’hypothèse que « pour connaitre le goût d’une poire, il faut la transformer en la croquant », il me parait tout à fait stérile de jaspiner sur l’Algérie et les algériens à partir d’une quelconque capitale étrangère puisque l’essence de l’Algérie nous est, par définition, insaisissable.

          youcef benzatat
          20 octobre 2021 - 10 h 20 min

          N’empêche que l’imagination des élites algériennes d’entre les deux guerres « à partir d’une capitale étrangère » vous a libéré de votre condition de néantisation coloniale qui vous permet aujourd’hui d’exister et de vous exprimer et d’exprimer votre imagination de la manière la plus libre, la plus humaine. A l’ignorance viens s’ajouter l’ingratitude. Voilà pourquoi vous êtes impuissant à voir dans l’algérien un être humain doué de dignité et l’Algérie une nation et une société parmi les plus anciennes et les plus constantes dans le caractère dans l’histoire de l’humanité.

    Abou Stroff
    18 octobre 2021 - 11 h 20 min

    « C’est dire que dans l’absolu, l’impasse de la crise mémorielle franco-algérienne n’est autre que la poursuite du rapport de force néocolonial confronté à la résistance de la partie algérienne par la poursuite de la lutte anticoloniale. » conclut Y. B..
    permettez moi de douter de la réalité de « la poursuite de la lutte anticoloniale. »
    je pense qu’à part l’expérience avortée des années 70, sous le leadership de Feu Boumédiène, je ne constate aucune lutte anticoloniale, bien au contraire.
    en effet, à partir du règne de chadli conseillé par belkheir*, il n’y a qu’une insertion programmée (voir les différents traités signés avec les « partenaires » étrangers) de l’économie algérienne dans l’économie monde dominée par les puissances impérialistes dont les intérêts bien compris exigeaient que l’économie algérienne, en particulier et les économies pourvoyeuses d’hydrocarbures, en général, soient réduites à des ounboubs sans robinet d’arrêt (60 ans après notre indépendance, les hydrocarbures continuent à occuper plus de 95% des exportations).
    en termes simples, depuis chadli, la seule « poursuite » palpable et quantifiable est la poursuite de l’enrichissement de la marabunta qui nous gouverne, enrichissement qui a frôlé la démesure durant le règne du fakhamatouhou déchu et la désertification du tissu industriel national (où sont les divers complexes et les différentes « sociétés nationales » qui faisaient notre fierté dans les années 70?) qui a abouti à l’importation de tout, y compris d’ouvriers non-qualifiés chinois qui conduisent des brouettes.
    en termes crus, si la lutte anticoloniale n’est, depuis les année 80, qu’une vue de l’esprit, n’est il pas logique de considérer que les discours anticoloniaux qu’éructent nos augustes dirigeants ne sont qu’une forme de diversion pour que les algériens lambda ne saisissent pas que les diverses crises qui jalonnent notre histoire depuis les années 80, ne sont que la conséquence directe de la domination de couches indigènes compradores sur la formation sociale algérienne?

    PS quant à la « mission civilisatrice » de la france, reconnaissons qu’elle ne fait que camoufler l’impérieuse et inévitable expansion du capitalisme (en tant que mode de production) à travers la colonisation, dans un premier temps, et à travers la soi disant mondialisation, au moment présent. d’ailleurs, reconnaissons que les foutouhates islamia n’avait qu’un objectif essentiel mais non déclaré qui est celui de contrôler le commerce international (entre l’asie et l’europe, notamment).

    * rappelons que c’est grâce aux conseils judicieux de belkheir que bouteflika a été « rapatrié » sur un char de l’armée de son exil doré pour hisser le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation au summum de la caricature.

    lhadi
    18 octobre 2021 - 10 h 47 min

    Sans un devoir de responsabilité, de lucidité, de volonté et de courage, aucun Président algérien, fut-il amoureux du pays plus que les algériens, ne peut sortir l’Algérie adamantine de tous les maux inhérents au sous développement dans lequel le pays a trouvé asile depuis belle lurette.

    L’Algérie a un système politico-militaire complètement obsolète et inadéquat. C’est un fait, c’est une réalité qui ne doit pas être soumise comme une poussière sous le tapis.

    Le citoyen, républicain que je suis, est en droit de s’interroger, avec raison, sur l’orientation de ce système d’obédience soviétique devenu inadapté aux réalités de notre époque qu’aux attentes de nos concitoyens.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

      Anonyme
      18 octobre 2021 - 14 h 07 min

      100% d’accord avec vous monsieur L’Hadi. Ce qui compte c’est la réalité sur le terrain. Vivre dans des slogans ne donne ni progres ni a manger.

    Anonyme
    18 octobre 2021 - 7 h 50 min

    dans les mois et années à venir, la France et l Algérie se separeront de plus en plus . je trouve ça très bien. l Algérie doit se construire elle même et oublier la France. La France ne peut pas non plus accepter des immigrés qui ne s intègrent pas .
    ça fait des années que j attends cela. l algerie doit regarder ailleurs que vers la France.
    Macro étant encore le moins anti algerien des politiciens français. ce serait pire si un autre président arriverait en France. même un type comme Xavier Bertrand supprimera tout lien avec la France.
    Les algeriens doivent se séparer avant. C est une question de temps. Il y a du blé ailleurs qu’ en France et la France achètera du gaz en Norvège ou en Russie ou au Qatar.
    cette situation me plait beaucoup. Je n ai jamais été aussi heureux de ma vie. vive la séparation

    Tin-hinane
    18 octobre 2021 - 1 h 44 min

    Ils doivent être dans un bien mauvais état si pour eux la seule façon d’exister est de nous nier. Ils donnent l’impression que la légitimité de leur existence dépend de nous, en vérité ils sont pitoyables, ils vivent tellement dans le passé qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils sont anachroniques, à part les regarder se perdre dans la démence et sombrer dans le ridicule on ne peut rien pour eux seul dieu aurait pu les aider mais ils ne croient pas en dieu.

    Le Patriotisme du Hirak les Terrorise
    17 octobre 2021 - 21 h 59 min

    Ils n’y croient pas !
    Que le Peuple Algérien puisse se RÉAFFIRMER dans son Attachement a la NATION ALGÉRIENNE les Terrorise tous..
    Vite on convoque les DESESPERADOS, les Religieux et les Identitaires..Vite vite on remet le Makhzen au Travail..
    ….
    Si, Les marches du Hirak ce se sont délité ce n’est pas selon moi du fait de la Repression uniquement et ce n’est pas le Facteur essentiel.
    La vraie Raison, ce sont les DÉRIVES et les Tentatives de RÉCUPÉRATION et les intuitions des gens ne s’y sont pas trompés.
    ….
    Qui pense Sérieusement que le Peuple Algérien n’a pas retenu les leçons de son Histoire 3 fois Millénaire avec une histoire récente douloureuse.
    Qui pense Sérieusement que ce Peuple peut-être MANIPULÉ ou DUPÉ ?
    …..
    Vous ne le voyez donc pas ?
    L’ALGERIE souhaite avancer de façon SOUVERAINE.
    Alors Chacun y va de son Etiquette: Poltico-Militaire, Politico-Civil pour décrire le “POUVOIR”.
    Le POUVOIR pour moi n’agit que par Délégation du SYSTÈME.
    Quand au “SYSTÈME” ne le cherchez pas car le seul veritable “SYSTEME” c’est le Peuple Algérien et son ANP.
    Oui, il n’y a pas de transparence Démocratique mais au-dela des Ecrans de Fumée vous pensez que les autres pays du Monde sont plus Transparents?
    ….
    On entend des savant essayer d’expliquer ce ce qui se passe avec toutes sorte de théories fumeuses.
    Ce qui se passe ?
    Pour moi, Il se passe juste que:
    le Peuple Algérien ENREGISTRE
    le Peuple Algérien OBSERVE
    Combien de Temps ?
    personne ne pourrait le dire, mais on peut être certain qu’au moment voulu, et lorsqu’il le faudra, il saura se faire entendre.

    Tahya El Djazair
    Vive le Peuple Algérien Uni, Solidaire et Pacifique.

    Ait Issad Belaid
    17 octobre 2021 - 20 h 16 min

    Cette crise mémorielle franco-algérienne que l’auteur analyse parfaitement arrive précisément au moment ou l’impérialisme francais est sur la defensive partout que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde. Le contexte mondial est en train de pousser la france dans un role de plus en plus secondaire alors que les grandes puissances d’aujourd’hui USA, Russie, Chine et Inde redistribuent les cartes géopolitiques mondiales. Le colonialisme francais d’aujoud’hui dont Macron et Zemmour sont le porte drapeau n’a jamais accepte la perte de l’empire, et par conséquent vit très mal ce processus de relégation qui va sans aucun doute s’accélérer et conduire la france dans une droitisation voir fascisation de ses politiques vis a vis des Algeriens de france. C’est malheureusement inévitable et l’Algerie doit être prête a venir au secours de ses enfants.

    PUBLIÉE
    17 octobre 2021 - 19 h 26 min

    Cette situation de ne pas reconnaître ces crimes et le fruit que le colonisateur qui et la France avec le temps montre son vrai visage jamais les pays occidental s’excuserons encore moins la France contre les musulmans entre eux et les juifs dit sionistes oui juste des mots d’hypocrisie qui pour eux s’emble vouloirs apaisé mais ces tout le contraire l’histoire le démontrera

    Pr Nadji Khaoua
    17 octobre 2021 - 18 h 50 min

    En remerciant tres chaleureusement l’ami Youcef Benzatat pour cette importante contribution clarificatrice d’un pan des plus fondamental de la lutte anti coloniale, ou dit de manière plus renouvelée, lutte «décoloniale», il me semble que les récentes avancées académiques dans ce domaine, intègre une dimension économique.
    En effet, la prolongation de la lutte decoloniale vise à compléter ou à parachever l’indépendance politique du territoire par la conquête du développement économique ou socioéconomique de la société, de l’État.
    Cette dimension, en pointant la situation d’assujettissement aux intérêts étrangers, souvent issus du pays colonisateur (Cf. les cas des céréales, des laitages, des services, des demi-produits industriels, etc), entraîne la reformulation et même la refondation du modèle économique suivi depuis au moins 1980.
    Ce modèle est à double caractéristique :
    – a – il a détruit des ses débuts une courte expérience de mise en place d’une économie de production (1974-1979).
    – b – il a ouvert le système économique national aux intérêts marchands internationaux et particulièrement ceux du pays colonisateur.
    A ce jour, sa persistance sous des formes renouvelées (économie et finance islamiques, adhésion à l’OMC, poursuite des chimères d’ouverture aux prétendus mensonges des IDE, mondialisation – qui veut dire «ouverture encore plus grande d’un système économique dans les limbes à des concurrents étrangers beaucoup plus productifs, donc empêchant dans les faits toutes émergence d’une production compétitive nationale», tout cela entraîne la persistance structurelle d’une faible souveraineté nationale.

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