Contribution de Nacer Achour – La Trinité, les Franco-Kabyles et les autres
Une contribution de Nacer Achour – Le timing choisi par le Collectif des associations kabyles de France pour battre le pavé de Ménilmontant à Nation pour, je cite, «condamner la répression algérienne en Kabylie, interpeller les autorités françaises sur leur silence assourdissant et réclamer une enquête internationale sur les feux qui ont ravagé la Kabylie en août dernier», renseigne on ne peut mieux sur les accointances entre cette organisation franco-kabyle qui se dit apolitique et le trinôme de tous nos malheurs.
C’est à se demander si la population drainée par la marche de ce dimanche 10 octobre à Paris et dont le slogan «Touche pas à ma Kabylie» se considère encore algérienne. Quand on sait que parmi tous ces emblèmes arborés, le drapeau national était quasi absent. Drapeau pour lequel nos parents ont donné le meilleur d’eux-mêmes durant sept années et demie d’une guerre révolutionnaire contre une armée coloniale membre de l’Otan qui a usé de tous les moyens pour garder le meilleur de tous les territoires qu’elle avait occupés.
Car il ne faut pas être devin pour comprendre que les auteurs de cet appel à manifester, à ce moment précis, ont été indubitablement actionnés par qui on sait en réaction aux mesures prises par Alger.
Les propos malveillants de Macron qu’il a tenus envers l’Algérie ont provoqué une onde de choc et un tollé général chez tous les citoyens algériens qui se respectent. Il aurait été, de ce fait, plus décent à cette population franco-kabyle et les autres MAK-Rachad de descendre dans la rue pour protester contre de tels propos tenus par leur «président», comme l’avaient fait leurs parents un certain 17 octobre 1961 pour dénoncer le couvre-feu imposé aux Algériens en métropole et appeler à l’indépendance de leur pays, l’Algérie.
Pour rappel, le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens étaient descendus dans Paris, à l’appel du Front de libération national, défendre pacifiquement leur droit à l’égalité, à l’indépendance de leur pays et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et protester dans le même temps contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé.
Au lieu de cela, nos Franco-Kabyles (et une semaine plus tard, les autres Rachad et MAK) n’ont rien trouvé de mieux que de fustiger le président Tebboune et les généraux qui dirigent l’ANP, la seule institution qui reste forte et qui dérange, et d’appeler à une enquête internationale pour décider qui a mis le feu à la Kabylie. Pas un traître mot néanmoins sur l’assassinat abject de notre frère Djamel Bensmaïl, publiquement et d’une manière cruelle sur la place publique, à quelques pas de la statue de l’architecte de la Révolution et du Congrès de la Soummam, ami de Larbi Ben M’hidi et de Frantz Fanon, le Français d’origine martiniquaise.
Au moment où l’Etat algérien se bat sur tous les fronts pour sortir le pays et avec lui toute l’Afrique francophone des griffes du néocolonialisme et de l’entité sioniste qui se fait intégrer par le voisin de l’Ouest, le Tchad et les autres au sein de l’organisation panafricaine, ces organisations-satellites, sont une fois encore appelées à la rescousse pour taper sur le «système politico-militaire» qui ne ménage aucun effort pour sauver ce qu’il peut encore sauver.
Tous les moyens ont été, en effet, déployés pour faire de ces non-évènements des évènements majeurs qui n’auront, comme toujours, aucune incidence sur le mouvement de redressement national entrepris par les institutions du pays issues des élections présidentielles du 12 décembre 2019.
Au lieu d’aider cette Kabylie dont ils sont nostalgiques, en conseillant par exemple à sa population de cesser de boycotter les scrutins et d’aller élire, en toute liberté, des élus locaux aux prochaines échéances électorales qui sont déterminantes pour la gestion des localités (wilaya et communes), de cesser de polluer l’environnement avec les décharges à ciel ouvert, les cannettes, les bouteilles de bière et les sacs en plastique… ils préfèrent fustiger Alger et l’accuser de «coloniser la Kabylie».
N. A.
Ecrivain, Essonne
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