L’Algérie boycotte les tables rondes «intrumentalisées de manière malhonnête» par le Maroc
L’envoyé spécial auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la question du Sahara Occidental et des pays du Maghreb a indiqué que l’Algérie ne participera plus aux tables rondes réunissant les parties au conflit au Sahara Occidental. «L’Algérie ne s’est jamais engagée à en faire partie à l’avenir car nous estimons que ce format est loin de constituer la solution idéale et que, bien au contraire, il est devenu contreproductif depuis que le Maroc a décidé, de manière irresponsable et malhonnête, de l’instrumentaliser pour tenter misérablement d’escamoter le caractère de décolonisation de la question du Sahara Occidental au profit d’un prétendu conflit régional et artificiel dont l’Algérie serait une partie prenante», a expliqué Amar Belani.
«Pour ces raisons, nous confirmons notre rejet formel et irréversible de ce format dit des tables rondes et nous avons instruit notre représentant permanent à New York à l’effet de notifier cette position du gouvernement algérien au président du Conseil de sécurité, en lui demandant de circuler la note verbale en question à tous les membres du Conseil», a-t-il insisté. «Avec la rupture brutale du cessez-le-feu par les forces d’occupation marocaines et l’annexion illégale de la zone-tampon à Guergarate en violation flagrante des accords militaires, nous sommes face à une situation de guerre et il faut reconnaître que les risques d’escalade sont sérieux. C’est pourquoi, plus que jamais, le Conseil de sécurité doit traiter la question du Sahara Occidental avec lucidité et responsabilité car il y va de la paix et de la stabilité dans la sous-région», a-t-il encore affirmé.
«Si tel n’est pas le cas, il serait tout à fait légitime de s’interroger sur la pertinence, voire l’utilité, de la relance d’un processus politique désincarné qui ne serait pas en phase avec les nouvelles réalités sur le terrain et qui légitimerait le fait accompli colonial, y compris dans une zone-tampon censée être démilitarisée, conformément aux accords contraignants signés par les deux parties et endossés par le Conseil de sécurité», a ajouté Amar Belani, en estimant qu’il était tout aussi légitime de «s’interroger désormais sur l’exécution du mandat de la Minurso dans ce nouveau contexte, puisqu’il n’y a plus de cessez-le-feu à observer depuis le 13 novembre 2020, compte tenu du refus obstiné du Maroc de revenir au statu quo ante malgré les exhortations du secrétaire général des Nations unies, et que la tenue du référendum d’autodétermination, qui est la raison d’être de la Mission, est en attente depuis une trentaine d’années».
«Pour toutes ces raisons objectives liées à une situation considérablement détériorée, il est attendu du Conseil de sécurité une approche équilibrée, transparente et impartiale qui prenne en charge les nouvelles réalités sur le terrain et les attentes légitimes du peuple sahraoui conformément aux paramètres du plan de règlement ; faute de quoi, la nouvelle résolution dont la première mouture, soit dit au passage, est profondément déséquilibrée, ne fera que consacrer une impasse programmée du processus politique et l’échec anticipé des efforts du nouvel envoyé personnel avant même que ce dernier n’ait pris son service à compter du 1er novembre», a fait remarquer l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles.
R. N.
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