La fermeture de notre espace transforme les ministres marocains en clandestins
Par Abdelkader S. – L’information révélée par un sénateur espagnol sur le survol par le ministre marocain de l’espace aérien algérien à bord d’un avion immatriculé en Espagne traduit le désarroi des autorités marocaines face à la décision des autorités algériennes de forcer les avions battant pavillon marocain ou immatriculés au Maroc à contourner l’Algérie. Cette mesure de rétorsion, qui a suivi la rupture unilatérale des relations diplomatiques avec le régime du Makhzen, a relégué les responsables politiques marocains au rang de harraga.
Le Makhzen a beau essayer de minimiser l’impact de la décision algérienne, il ne convainc personne, pas même ses partisans les plus zélés. Economiquement, la Royal Air Maroc (RAM), détenue par la famille régnante prédatrice, subit des pertes énormes en kérosène et en temps puisque ses dessertes africaines doivent désormais prendre des chemins beaucoup plus longs. L’image d’une compagnie aérienne multipliant les acquisitions et étendant ses activités à de nouvelles destinations est un leurre. Les spécialistes de l’économie marocaine sont, en effet, unanimes à assurer que la RAM bat de l’aile depuis longtemps et ne doit sa survie qu’aux milliards puisés des fonds publics pour la maintenir artificiellement en vie.
Politiquement, la nécessité pour un haut responsable marocain de voler à bord d’un avion affrété d’un pays tiers pour pouvoir se déplacer dans le cadre d’une mission officielle est une nouvelle humiliation qui vient s’ajouter à celle que viennent de subir les Marocains indignés devant l’image de leur nouveau Premier ministre et néanmoins ami intime du roi, Aziz Akhannouch, se prosternant devant le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman, lors d’une visite qu’il vient d’accomplir à Riyad, sans doute pour réclamer le soutien des Al-Saoud face à la dernière bérézina que le Makhzen vient de subir à l’ONU dans le dossier sahraoui.
Ça va très mal pour le régime de Rabat. Si bien que le chef de la diplomatie, Nasser Bourita, n’avait d’autre choix que d’embarquer clandestinement à bord d’un avion espagnol pour se rendre en toute urgence chez quelque «allié» du Maroc se trouvant sur la trajectoire algérienne pour le supplier d’agir en faveur du voisin de l’Ouest dont la diplomatie prend l’eau de toute part. L’arrogance de Mohammed VI et de son omnipotent conseiller André Azoulay en prend un sérieux coup, et tout indique que dans un prochain discours, le souverain marocain au règne finissant formule une proposition allusive à l’endroit du président Tebboune pour aplanir les différends qui «ne doivent pas exister entre deux pays frères». La réponse de l’Algérie est connue d’avance : le croyant ne se fait pas piquer deux fois depuis le même endroit (hadith).
A. S.
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