Le projet de Rhourde Nouss : ce que les enquêteurs canadiens ont découvert

Ian Edwards SNC-Lavalin
Ian Edwards, actuel PDG du groupe canadien SNC-Lavalin. D. R.

Par Houari A. – La gendarmerie canadienne a abouti à de nouvelles conclusions dans son enquête sur l’affaire de SNC-Lavalin en Algérie. Selon le quotidien canadien La Presse, le groupe d’ingénierie et de construction, un des plus importants au monde, «a eu recours aux services du conseiller financier personnel de l’ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher pour payer des pots-de-vin en Algérie il y a une vingtaine d’années». Ces nouvelles allégations sont consignées dans des documents judiciaires dont le quotidien québécois affirme détenir une copie.

«Les affirmations de la police concernent le projet du complexe gazier de Rhourde Nouss, gigantesque installation construite dans le désert algérien. Il a été développé en partie par SNC-Lavalin pour la société d’Etat algérienne Sonatrach, à partir de la fin des années 1990», indique La Presse, qui rappelle que SNC-Lavalin «a déjà fait l’objet d’une enquête en Algérie» et que «la police algérienne a même mené une perquisition dans les bureaux locaux de la firme de génie-conseil québécoise en 2013», ajoutant que «les autorités algériennes et suisses ont déjà relevé que SNC-Lavalin utilisait comme consultant le neveu d’un politicien algérien soupçonné de tremper dans la corruption, mais l’affaire n’a jamais été traduite devant les tribunaux».

Toujours selon La Presse, la gendarmerie canadienne affirme désormais «clairement» que «des pots-de-vin ont été versés et elle identifie un nouveau canal par lequel serait passé l’argent». «Un canal qui impliquerait un lien très ancien entre un cadre de l’entreprise et un acteur important dans le monde de la finance offshore», affirme le journal, en précisant qu’une perquisition avait été menée au siège social de SNC-Lavalin en février 2020 et que celle-ci n’avait «jamais été rendue publique avant aujourd’hui».

L’enquête a permis de découvrir un «stratagème» permettant de verser des pots-de-vin «qui avait déjà été utilisé dans d’autres dossiers encore plus anciens», apprend-on. Des dossiers qui remontent aux années 1970, toujours selon la gendarmerie canadienne qui a pu remonter la filière jusqu’à un «mystérieux conseiller financier installé dans le paradis fiscal de Jersey, petite île britannique entre la France et l’Angleterre». Ce conseiller financier, aujourd’hui décédé, répondant au nom de Hugh Thurston, «avait déjà aidé la firme par le passé par l’entremise de son entreprise personnelle, qui agissait comme représentant de SNC-Lavalin en Algérie», rapporte La Presse, qui précise que «cette compagnie de représentant a été utilisée par SNC-Lavalin International pour des paiements de pots-de-vin à certains individus en relation au projet Rhourde Nouss en Algérie».

Des dépenses douteuses auraient faussement été imputées à des frais de représentation pour des projets en Algérie et en Libye, relève La Presse qui se réfère à un porte-parole de SNC-Lavalin, selon lequel cette entreprise «n’a jamais eu vent que le versement allégué de pots-de-vin liés au projet gazier de Rhourde Nouss avait fait l’objet d’une enquête policière, ce qui laisse entendre que le dossier n’a peut-être pas été plus loin», souligne le journal tout en faisant remarquer que l’ambassade d’Algérie à Ottawa «n’a pas donné suite» à sa demande de commentaire.

H. A.

Comment (2)

    rami
    31 octobre 2021 - 10 h 00 min

    il ne faut oublier que cette société canadienne a grugé et siphonné d’importantes ressources d’Air Algérie pour un projet inachevé .la réalisation du siège d’Air Algérie confiée à l SNC Lavalin a été sans aucun doute obtenue par corruption, puis abandonnée mais qui entrainé par incompétence et négligence du suivi, le versement d’importants dommages et intérêts à l’entreprise pourtant défaillante. cela devra entrainer l ouverture et l examen judiciaire de ce dossier .par ailleurs, il ne faut pas oublier que cette société a réalisé MAKAM ECHAHID riad el feth

    Abou Stroff
    30 octobre 2021 - 10 h 34 min

    une seule question: qu’attendent les dirigeants de la « nouvelle Algérie » pour rouvrir l’enquête et présenter devant la justice tous les escrocs qui sont, de près ou de loin, impliqués dans cette affaire?
    PS: je me permets de douter quant à une réponse favorable à ma requête, étant donné que beaucoup de « cadres » de la « nouvelle Algérie ont bouffé (et continuent peut être à bouffer, d’une manière plus subtile) durant le règne du fakhamatouhou déchu et qu’ils ne sont pas prêt à se faire harakiri.

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