Pas de gaz algérien pour le Maroc dès minuit : Paris grelotte pour Rabat
Par Kamel M. – La machine médiatique française s’emballe. Et pour cause. A partir de ce dimanche minuit, l’Algérie fermera le robinet du gazoduc qui faisait parvenir du gaz algérien à l’Espagne via le Maroc, qui se retrouve ainsi privé de cette énergie dont il puisait une partie gratuitement tout en engrangeant des dizaines de millions de dollars par an, qui allaient renflouer les caisses de Mohammed VI. C’est donc la France qui s’inquiète pour le trône, d’autant que, ce dimanche, des manifestations ont lieu à travers tout le Maroc pour dénoncer une mesure calquée par le Makhzen sur le pouvoir français qui impose le pass sanitaire par le chantage et la menace et la cherté de la vie.
Beaucoup a été écrit sur cette affaire de non-reconduction par l’Algérie du contrat qui la lie au Maroc pour l’approvisionnement de l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe (GME), suite à la crise diplomatique provoquée par Rabat, dont l’ambassadeur aux Nations unies s’est rendu coupable d’une grave atteinte à l’unité et à la stabilité de l’Algérie, en exprimant le soutien de son pays au mouvement autonomiste de Kabylie sous le toit du plus important forum international. La réaction de l’Algérie fut immédiate, mais échelonnée, jusqu’à la rupture unilatérale des relations diplomatiques et l’interdiction de survol de l’espace aérien algérien par les avions battant pavillon marocain ou immatriculés au Maroc.
Les médias français sont «étrangement» unanimes à considérer que la décision de l’Algérie de résilier le contrat gazier avec son voisin de l’Ouest ne sert pas ses intérêts et qu’elle met l’Europe dans l’embarras. Les experts que des médias comme Le JDD ou RFI font parler abondent dans le même sens et comparent la réaction algérienne à celle de la Russie «dans son utilisation du gaz en tant que levier dans les conflits politiques, comme on l’a vu récemment avec l’Ukraine ou la Moldavie». Incommodés par le renforcement des relations stratégiques entre les deux pays ces derniers mois, les Français font leur la solution de rechange saugrenue envisagée par le régime marocain, qui consiste à racheter le gaz algérien à l’Espagne par le même canal. Un non-sens auquel même ses promoteurs ne croient pas.
Un «analyste» français trouve que l’Algérie «se recroqueville sur elle-même et se lance dans une fuite en avant en utilisant tous ses vieux réflexes de dénonciation de la main de l’étranger pour expliquer les crises qui la parcourent», alors que, selon lui, «le gain géopolitique de cette nouvelle initiative est nul mais les autorités algériennes s’en moquent, car la hausse des prix du gaz et du pétrole leur donne une marge de manœuvre face à une opinion en attente de redistribution sociale». «Un disque rayé», corrige une source algérienne qui a requis l’anonymat. Un autre spécialiste à la neutralité plus que douteuse se vante de ce que «depuis quelques années, [le Maroc] a pris l’ascendant [sur l’Algérie]», passant d’une «posture défensive» à une «diplomatie offensive en Afrique et en particulier au Sahel».
RFI sort sa calculette pour démontrer que l’Espagne sera une «victime collatérale» de la rupture par Alger du contrat du GME, faisant abstraction des assurances fournies par le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, qui a expliqué comment l’Algérie comptait pallier le manque induit par la cessation du passage du gaz algérien par la canalisation traversant le Maroc. Le média français qui, lui aussi, donne la parole à un «expert», s’échine à démentir les autorités algériennes, en avançant que Sonatrach ne pourrait maintenir les prix en l’état car si «ceux passés sur des contrats à long terme sont garantis et plutôt bas, ceux du marché spot peuvent se révéler plus onéreux».
Autant d’arguments fallacieux dans des plaidoyers pro-marocains qui ne serviront qu’à entretenir un faux espoir à l’approche d’un hiver qui s’annonce rude pour les Marocains et chaud pour le Makhzen.
K. M.
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