Le Marocain Hilale ou quand le Tartarin de l’East River se vautre misérablement
Par A. Bela – Prenant la suite de son ministre qui frétillait tellement lors d’un point de presse convoqué à la hâte, qu’il en arrivait à peine à bredouiller quelques contrevérités enrobées dans un semblant de solennité surjouée, le représentant permanent du Maroc et grand imposteur devant l’éternel, Omar Hilale, a débité, à son tour et comme à l’accoutumée, de gros mensonges bien affligeants.
Ce triste sire, qui relève de la psychiatrie lourde comme en attestent son lamentable pedigree et ses frasques sulfureuses – corruption, intimidation, chantage – durant son passage à Genève, a déclaré doctement que l’Algérie «a un agenda politique». On peut le lui accorder. Effectivement, l’Algérie a un agenda, et un seul : celui qu’elle partage avec la communauté internationale pour mettre à bas la dernière colonie en Afrique et libérer le peuple sahraoui du joug de l’occupation, de l’oppression et de la spoliation de ses richesses naturelles.
L’instrumentalisation du principe de l’autodétermination qu’agite le Tartarin de l’East River est un boomerang qui peut revenir très vite à la face des apprentis sorciers car le vaillant peuple du Rif le revendique fermement, malgré la chape de plomb brutale qui s’était abattue sur de simples manifestants pacifiques et les lourdes peines infligées injustement aux braves militants qui ont osé défier le régime autocratique du Makhzen.
Quant au «principe de l’intégrité territoriale qui est un droit vieux comme l’humanité» (sic), celui-ci s’exerce dans les limites des frontières internationalement reconnues et non pas dans un territoire «distinct et séparé» qui échappe totalement à la souveraineté du Maroc (cf. l’avis de la CIJ et les arrêts successifs du Tribunal de l’Union européenne de 2016, 2018 et 2021).
Ce distingué diplomate, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, criait d’ailleurs sur tous les toits que le dossier du Sahara Occidental «est clos». Dans ces conditions, pourquoi alors le Conseil de sécurité relancerait-il le processus politique dont l’intéressé se fait un ardent défenseur ? C’est bien la preuve que le statut définitif de ce territoire non autonome reste à déterminer en conformité avec la légalité internationale. C’est tellement vrai que la France, qui soutient à bout de bras «la cause nationale sacrée», n’a pas reconnu la prétendue marocanité du Sahara Occidental. Ni l’Espagne qui est soumise à un chantage scandaleux à travers la submersion migratoire et l’épouvantail du terrorisme.
Quant à sa péroraison inepte sur les tables rondes, l’Algérie a mis à nu les machinations orchestrées par la partie marocaine visant à dénaturer une question de colonisation en la présentant sous la forme d’un «conflit régional» pour impliquer l’Algérie dont le statut officiel, reconnu comme tel par les Nations unies, est celui de pays voisin, observateur officiel du processus politique au même titre que la Mauritanie. Face à cette fuite en avant, malhonnête et irresponsable, l’Algérie a pris une décision souveraine, définitive et irréversible : elle ne participera pas à ce format contreproductif – si les tables rondes avaient donné des résultats, l’ancien envoyé personnel Köhler n’aurait pas été poussé à la démission. Il n’y aura donc pas d’alternative au retour aux négociations directes entre les deux parties, le royaume du Maroc et le Front Polisario.
Tant que les forces marocaines d’occupation se maintiendront illégalement et en violation flagrante des accords militaires dans la zone tampon – censée être démilitarisée – de Guergarate, il est clair qu’il n’y aura pas de retour au cessez-le-feu et que la nouvelle résolution du Conseil de sécurité qui a passé sous silence cette question importante, pourtant mise en exergue dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, est un non-starter et l’Algérie a toutes les raisons de la rejeter.
Le secrétaire général, Antonio Guterres, avait exhorté le roi du Maroc à retirer les troupes marocaines de la zone tampon, qui est la «pierre angulaire de tout règlement pacifique du conflit», mais Mohammed VI, comptant sur ses soutiens américain et français, a affirmé que la nouvelle réalité dans cette zone «est irréversible». Le silence de la résolution sur cette question fondamentale s’explique par le deal passé par l’administration américaine avec le Maroc pour que ce dernier accepte finalement M. De Mistura comme envoyé personnel après avoir fermement rejeté sa candidature en avril dernier. Les deux points qui ont cristallisé ce deal portent sur l’inclusion dans le projet de résolution du format dit des tables rondes et l’occultation de la situation de fait accompli à Guergarate.
Pour ces raisons, les observateurs ont relevé l’absence d’unité au sein du Conseil de sécurité sur un texte non consensuel, partial et qui ne reflète pas les nouvelles réalités telles qu’elles se manifestent sur le terrain à la suite de la violation flagrante du cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, par les forces d’occupation marocaines.
De même, certains membres du Conseil de sécurité ont regretté le brouillage des paramètres politiques de règlement de cette question de décolonisation, conformément à la légalité internationale qui consacre la centralité de l’autodétermination, ainsi que la multiplication des formulations abstraites et ambigües qui ne sont pas de nature à conforter la mission du nouvel envoyé personnel du secrétaire général, ni à insuffler l’élan politique nécessaire pour une relance sérieuse du processus de négociations entre les deux parties, le royaume du Maroc et le Front Polisario.
A. B.
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