Discours du roi : Mohammed VI montre à son peuple «de quel bois il se chauffe»
Par Karim B. – C’est un Mohammed VI gonflé qui a prêché dans le désert des sujets sans gaz depuis le 1er novembre. Il a rendu un hommage politiquement posthume soutenu à Donald Trump pour sa reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental avant de perdre la sienne propre, jeté par les Américains à la poubelle de l’histoire. «La décision souveraine des Etats-Unis d’Amérique de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur [son] Sahara constitue un sujet de fierté pour Nous», a-t-il dit, l’usage de la première personne du pluriel (nous), ici, ne renvoyant pas aux Marocains mais à sa petite personne.
Il a également fait un clin d’œil subreptice au président français dont il a salué – presque explicitement – la violation des décisions de la Cour de justice de l’Union européenne et le blocage du processus référendaire à l’ONU, et applaudi l’exploitation illégale des ressources naturelles sahraouies. «Dieu soit loué, nous avons dans la région des partenaires internationaux de bonne foi qui, en toute clarté et en toute transparence, investissent aux côtés du secteur privé national et contribuent ainsi au bien-être de la population», s’est-il exclamé, en exprimant sa «considération aux pays et aux groupements qui sont liés au Maroc par des conventions et des partenariats».
Snobant les chefs d’Etat algérien, mauritanien, tunisien et libyen, le «commandeur des croyants», qui a, comme à son habitude, lu avec grand-peine le discours dicté par André Azoulay, s’est adressé sans intermédiaires aux «peuples du Maghreb» dont il s’est, en quelque sorte, autoproclamé le souverain de fait, leur formulant ses «vœux les plus sincères d’unité et de stabilité, de progrès et de prospérité». Sans doute sous sa «conduite éclairée».
Le chef des forces armées marocaines, qui a violé le cessez-le-feu à Guergarate a, comble de l’ironie, «réitéré» son «engagement en faveur de la recherche d’une solution pacifique» (sic). Une duplicité dont les officiels marocains sont passés maîtres mais qui ne trompe plus personne. Comptant sur le front intérieur, glacé par la fortune de la famille royale prédatrice et anéanti par un régime despotique de plus en plus violent et arrogant, Mohammed VI appelle ses sujets affamés et réduits à se chauffer à la belle flambée de bûches – à l’instar des Français qui se ruent sur les bonnes vieilles poêles à bois dont les prix craquent littéralement en brûlant – à «rester mobilisés et vigilants en vue de défendre l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays, de consolider les réalisations accomplies dans nos provinces du Sud, en matière politique et en termes de développement».
«C’est le meilleur gage de fidélité au serment éternel de la Marche verte, à la mémoire immaculée de son artisan, notre vénéré père, feu sa majesté le roi Hassan II, ainsi qu’aux valeureux martyrs de la patrie», morts, donc, pour que jouissent le roi et sa cour et crèvent les millions de Marocains pour un trône légué par le Français Hubert Lyautey à un peuple à l’échine courbée par l’avilissant baisemain, entretenu au nom d’une mythologie éculée et d’une subjugation acculée.
K. B.
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