Les Marocains célèbrent l’homme qui allait libérer leur pays de la monarchie
Par Kamel M. – Dans une tribune écrite par le fils de Mehdi Ben Barka, le Maroc libéré du joug de la famille royale régnante installée par l’ancien ministre français de la Guerre, Hubert Lyautey, s’est remémoré le courage du militant convaincu par la justesse du combat des pays colonisés pour le recouvrement de leur liberté. On apprend que la victime de la conspiration du palais a puisé son courage dans «ses origines modestes, son enfance et son ancrage dans les milieux populaires de Rabat» qui «lui ont permis de vivre la réalité sociale du Maroc du Protectorat des années 1920 et auront une influence décisive sur son cheminement politique».
«Imprégné des aspirations populaires, il les a personnifiées et amplifiées dans la perspective d’une révolution sociale et démocratique», écrit Bachir Ben Barka dont le défunt père avait pris fait et cause pour la Guerre de libération nationale dans l’Algérie voisine où, du reste, il avait préparé sa licence de mathématiques, entre 1940 et 1943, à la Faculté des sciences d’Alger. «Il y noue des relations durables avec les futurs dirigeants nationalistes algériens et au sein du milieu intellectuel maghrébin et français», souligne l’auteur de l’hommage, qui rappelle que Ben Barka a milité «activement» dans le cadre de l’Association des étudiants nord-africains dont il devient le président. «Depuis, tout en s’appuyant résolument sur la réalité marocaine, il n’a jamais cessé d’élargir sa vision au-delà des frontières nationales et régionales, mesurant les enjeux du dépassement des luttes isolées des peuples du tiers-monde», relève Bachir Ben Barka.
Mehdi Ben Barka a compris «rapidement», dès «l’indépendance» du Maroc en 1956, que «celle-ci ne peut avoir de signification réelle que si la souveraineté et l’initiative du peuple deviennent le fondement même des nouvelles institutions du pays». «Sa conception du développement, fondé sur la créativité et l’action populaires, se traduit dans des projets de développement tous azimuts, dont il est le concepteur, l’initiateur et l’opérateur de première ligne. Tous ces projets ont un dénominateur commun : la mobilisation populaire. Pour lui, le développement ne peut se concevoir par en haut et il n’y a pas de véritable libération ni de développement sans démocratie, et sans le rôle actif des masses laborieuses qui doivent occuper une place de choix dans l’ensemble de ce processus», note son fils, qui rappelle que le militant avait dû quitter le Maroc «pour échapper à la vindicte royale», prenant «toute sa place» au sein des dirigeants des mouvements populaires et révolutionnaires du tiers-monde.
«L’espoir d’une réelle option révolutionnaire au Maroc» lui a valu d’être lâchement assassiné par le Mossad à Paris, en 1965, à la demande du roi Hassan II.
K. M.
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