Les vérités du frère de l’ancien avocat du parti extrémiste du FIS sur Rachad
Par Houari A. – «L’une des choses à mettre au crédit de l’armée, c’est la décision qu’elle a prise de s’attaquer au courant islamiste du FIS», a déclaré Rachid Ali Yahia, frère du défunt Ali Yahia Abdennour, avocat acharné, de son vivant, de cette formation politique extrémiste. «Notre ennemi principal actuellement, c’est l’arabo-islamisme, modéré ou extrémiste», a-t-il ajouté, en soulignant qu’«il y a deux forces qui sont pour cet arabo-islamisme : la dictature et les islamistes, le FIS et actuellement Rachad». S’exprimant sur Berbère TV, il a estimé qu’«il ne faut pas se fier aux apparences car Rachad est une doublure du FIS ; simplement, ils agissent de l’extérieur parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas être reconnus».
«Mais ils ne sont pas moins menaçants. Ils agissent d’une manière intelligente. Le pouvoir sait quelle est leur politique. On voit qu’à travers une série de décisions, notamment un décret qui a été pris récemment [classement de Rachad comme organisation terroriste par le Haut Conseil de sécurité, ndlr], pour couper l’herbe sous les pieds des islamistes, ils défendent la religion d’une manière excessive, on le voit bien», a fait remarquer Rachid Ali Yahia. «Mais attention, a-t-il alerté, il y a un mouvement extrémiste qui est important et qui agit avec intelligence, cette fois-ci. Les dirigeants de ce mouvement savent très bien qu’en gardant leur visage d’antan, ils ne peuvent pas avoir une influence sur les esprits, parce qu’ils savent très bien ce qui s’est produit dans le passé.»
Selon lui, Rachad imite les mollahs. «Ils font ce qu’a fait l’Ayatollah Khomeiny qui, tout à fait au départ, avait à ses côtés des démocrates et même des communistes. Il était large d’esprit, c’était un grand démocrate, c’était un grand sage et tout ce qu’il faisait était dans l’intérêt de son pays. Seule la monarchie était un problème pour lui et l’armée qui était à domestiquer. Mais lorsqu’il a pris le pouvoir, qu’a-t-il fait ? Petit à petit, il les a réduits à néant, il les a arrêtés, il les a guillotinés, on faisait passer certains pour des traîtres, qu’il s’agisse de démocrates, qu’il s’agisse de progressistes ou qu’il s’agisse même du parti [républicain islamique, ndlr]», a-t-il rappelé.
«Il y a un autre exemple qu’ils veulent suivre. Ils ont vu que le pouvoir, qui se réclame de la démocratie et de la justice sociale, a besoin d’une façade démocratique. Le mouvement Rachad est dans la même logique. Ce mouvement imite le pouvoir et s’est donné une façade démocratique, à travers la chaîne Al-Magharibia. C’est par ce moyen qu’il essaye d’exercer une influence, et comme il y a un grand mécontentement contre le pouvoir, il l’a exploité très sérieusement et il a entraîné dans sa voie des personnes qui sont socialistes, des personnes qui sont démocrates, des personnes qui sont pour la justice sociale ; enfin, des gens de tous bords, qui sont pour le respect des droits de l’Homme, etc.», a-t-il poursuivi.
«Il faut se poser la question : d’où vient l’argent d’Al-Magharibia ? Cette chaîne a-t-elle de la publicité ? Fait-elle payer des abonnements à ses téléspectateurs ? Pas de publicité, pas d’abonnement, tout le monde a accès [sans frais] à Al-Magharibia, pourtant cette dernière rayonne, possède une organisation visiblement pléthorique, des moyens excessivement importants, d’où lui vient l’argent ? Il faut qu’on le sache, il faut que ceux qui travaillent au sein même de cette chaîne le sachent aussi. Nous voulons qu’une enquête soit faite sur ses sources de revenus», a insisté l’opposant, qui a également exigé que soient connues les «vraies personnes» qui sont à la tête de Rachad. «Le Qatar, qui est partisan des Frères musulmans, joue-t-il un rôle ? Subventionne-t-il cette chaîne ? Moi, j’ai un certain nombre d’informations. Qu’ils le disent clairement ! Il suffit de consulter Internet pour voir que cela ressort, que l’argent lui vient de l’extérieur. Il lui vient de qui ? Il lui vient de ces Etats qui sont favorables à l’arabo-islamisme, favorables aux Frères musulmans, notamment le Qatar et la Turquie», a-t-il assuré.
«Indépendamment de cela, les dirigeants de Rachad essayent de montrer qu’ils sont pour la démocratie. Mais le sont-ils vraiment ? Il y a un esprit de revanche. Lorsqu’ils parlent des événements des années 1990, ils sont du côté des islamistes, ils ne sont pas du côté de l’armée», a-t-il conclu.
H. A.
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