Face aux violences policières marocaines : la fausse «preuve» d’Omar Hilale pour attaquer Sultana Khaya
Le représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, s’est attaqué mercredi à la militante sahraouie Sultana Khaya, l’accusant de travailler pour le compte d’une «organisation séparatiste», en parlant du Front Polisario, accordant ainsi peu de considération au fait que les Nations unies considéraient depuis des décennies le Sahara Occidental comme un territoire à décoloniser et que le tribunal de l’Union européenne reconnaisse depuis septembre dernier le Front Polisario comme seul représentant du peuple sahraoui, rapporte l’APS.
Concernant la personne de Sultana Khaya, assignée à résidence depuis novembre 2020 dans son domicile à Boujdour, dans les territoires sahraoui occupés, le diplomate marocain qui s’adressait aux membres du Conseil de sécurité, à travers une lettre officielle, a brandi une photo montrant la militante en treillis, une arme à la main, pour prouver sa prétendue «imposture».
Il est certain que le diplomate n’ignore pas le fait qu’il soit pratiquement impossible de convaincre un auditoire avec une simple photo. L’histoire nous apprend que l’une des premières images truquées remonte à l’année 1860 lorsque Abraham Lincoln, 16e président des Etats-Unis, avait décidé de placer son portrait sur le buste d’un autre personnage. Plus de 160 ans plus tard, la manipulation des images a, certainement, connu de grands progrès.
La «preuve» présentée par Hilale nécessite, ainsi, elle-même une preuve pour l’appuyer ou, à tout le moins, l’avis d’experts impartiaux.
Et face à la photo d’une Sultana Khaya «militarisée», il y a des vidéos qui ne trompent pas. Celles des violences policières que la militante subit au quotidien depuis qu’elle est assignée à résidence. Des dizaines de vidéos montrant des policiers violenter la militante et les membres de sa famille ont déjà fait plusieurs fois le tour des réseaux sociaux.
Cependant, quel que soit ce que reprochent les autorités marocaines à Sultana Khaya, il n’est pas concevable que le domicile de cette femme soit envahi régulièrement par les forces de sécurité et qu’elle fasse l’objet, ainsi que les membres de sa famille, d’actes de violence.
Convaincre l’ONU et son Conseil de sécurité avec une simple image est une tâche pour le moins ardue lorsque les réseaux sociaux foisonnent de vidéos relatant l’exact contraire de la version marocaine.
Et il est tout aussi difficile de convaincre l’ONU que le Front Polisario est une organisation «séparatiste», alors que plusieurs résolutions de l’ONU, elle-même, considèrent le Sahara Occidental comme un territoire à décoloniser et ne relevant donc pas de l’autorité du Maroc.
D’autre part, le Front Polisario est officiellement considéré, depuis le 29 septembre, par le Tribunal de l’Union européenne comme le représentant légitime du peuple sahraoui. Une décision appuyant un verdict faisant clairement la distinction entre le Sahara Occidental et le royaume du Maroc.
Enfin, la République arabe sahraouie démocratique (RASD), quant à elle, a été reconnue par 80 pays à travers le monde en plus d’être membre fondateur de l’Union africaine (UA). Toutes ces données alignées font que le mot «séparatiste» sonne indubitablement faux.
R. I.
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