Se réveiller sur ordre
Par Bachir Medjahed – Les faibles et les forts n’ont pas la même perception de la souveraineté nationale. Pas la même perception des moyens à utiliser pour préserver chacun la sienne. Les forts (militairement, bien sûr) ont une conception de leur propre souveraineté qu’ils ne transposent pas sur celles des faibles. Si le concept de souveraineté nationale a été pendant longtemps, sur le plan des interventions militaires, le principe «fondateur de l’ordre international» qui inclut le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui ce ne sont plus ces critères qui servent de base au droit international.
Les grandes puissances ont leur propre définition, parfois non publique, du droit international. Elles ne veulent pas de définition nouvelle et précise du droit international, plus particulièrement quand il s’agit d’interventions militaires extérieures qu’imposera, bien sûr, leur vision portant sur la défense de leurs propres intérêts. Une question capable de «titiller» nos «souverainistes» qui se réveillent sur instructions, ceux qui ont l’habitude de profiter d’un événement national pour nous rappeler qu’ils détiennent le monopole sur toute déclaration d’amour à la patrie. Ils nous rappellent, également, que nous devons solliciter de leur bienveillance l’autorisation d’user de tous les concepts liés au nationalisme.
Par rapport à leur propre perception de leur souveraineté nationale, les grandes puissances sont disponibles à défendre la leur, par les moyens militaires de dissuasion qui sont à leur disposition, alors que les autres pays, en particulier les pays en développement, savent qu’ils doivent investir dans leur politique d’action diplomatique pour se mettre à l’abri des menaces militaires. Le fait de sans cesse vouloir se mettre à l’abri de telles menaces a fatalement un coût. Soit celui de le payer par un amoindrissement de la notion de souveraineté nationale. Il y a des pays qui sont tout à fait engagés sur cette voie. Leurs politiques de défense et de relations internationales sont transférées dans les mains des grandes puissances.
Ces pays (ces royaumes) ont signé des accords de défense avec, par exemple, les Etats-Unis. Et ces accords sont supérieurs aux accords définis dans la Charte de la Ligue des pays arabes. Ils ont besoin de s’intégrer à un ensemble cohérent lié à son voisinage immédiat, surtout un voisinage qui peut s’étendre par intérêt. Dans l’espace arabe, nous en sommes encore à des départs en solitaire. Sur tous les plans. Qui peut réussir une politique de présence permanente quand ils ne possèdent pas une économie solide, soumise et non soumise, aux oscillations de la conjoncture ?
C’est la région à laquelle nous appartenons qui devrait devenir une puissance régionale.
B. M.
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