Sur fond de crise politique : sale temps pour les sociétés françaises en Algérie
Par Mohamed K. – Les premiers effets de la crise politique provoquée par le président français commencent à se manifester. En effet, outre les deux mesures prises par les autorités algériennes, à savoir le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et l’interdiction du survol de l’espace aérien algérien par les avions de transport militaire français, les sociétés outre-marines commencent à pâtir sérieusement de cette brouille. «L’avenir des entreprises françaises en Algérie s’assombrit» a, en effet, titré le site Slate, selon lequel «le climat des affaires n’est pas au beau fixe pour la France sur le sol algérien».
Le média français précise, cependant, que «cette tendance remonte à bien avant l’aggravation des tensions entre Paris et Alger, début octobre 2021». «Avec le durcissement de l’attitude algérienne vis-à-vis de la France, la dernière mesure en date étant l’instruction donnée par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, au département des Affaires étrangères, de s’interdire tout contact, toute rencontre, à quelque niveau que ce soit, avec la France, les observateurs redoutent désormais une détérioration du climat des affaires entre les deux pays», fait remarquer Slate, en estimant que «cela doit préoccuper les quelque 400 entreprises françaises implantées en Algérie qui, malgré tout, continuent à travailler normalement et à entretenir les meilleures relations possibles avec leurs partenaires respectifs».
«Jusqu’ici, rappelle le site, deux grandes entreprises françaises (Suez et RATP) ont vu leurs contrats non renouvelés. Or, curieusement, cela s’est passé bien avant le clash entre Alger et Paris. Ainsi, contre toute attente, l’entreprise algérienne de gestion de l’eau SEAL avait, dès la fin septembre, annoncé qu’elle n’allait pas renouveler le contrat expirant fin octobre qui la liait à son partenaire français Suez. Au même moment, l’entreprise de gestion et de maintenance du métro d’Alger, dirigée jusque-là par la RATP, annonçait le même coup de semonce, perçu dans les médias comme un deuxième coup d’éventail contre la France. La reprise de la gestion de cette entreprise coïncidait avec la reprise d’activité du métro d’Alger, après une longue fermeture due à la pandémie», écrit Slate, qui précise qu’à la même période, le cahier des charges relatif à l’importation de blé avait été modifié pour «élargir la liste des fournisseurs de l’Algérie en blé tendre, marché jusque-là dominé par la France».
Toujours selon Slate, 500 fournisseurs français auraient été boycottés, décrivant un «climat globalement défavorable aux investisseurs français» qui «laisse présager un plus grand durcissement contre les entreprises encore présentes». Les Français craignent, selon des sources généralement bien informées, que les Italiens raflent la mise, après la visite d’Etat du président italien, Sergio Matarrella, qui a reçu un accueil grandiose à Alger, au moment même où le président Tebboune rappelait à son homologue français que l’Algérie exigeait qu’on la traitât d’égal à égal.
M. K.
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