Mario Draghi : «L’Italie agit de concert avec la diplomatie internationale»
De Rome, Mourad Rouighi – «C’est en Afrique du Nord, sur cette rive sud qui représente la véritable arrière-cour de l’Italie et de toute l’Europe, que se jouera la capacité des pays les plus développés à gouverner les transitions politiques qui concernent la stabilité et la maîtrise des changements auxquels cette région fait face.»
Ce passage de l’intervention portant sur les défis qui attendent la géopolitique de la Méditerranée faite hier par le Premier ministre Mario Draghi au début du Med Dialogues organisé par l’Institut des études politiques italiennes (ISPI), à Milan, résume très bien l’importance qu’accorde le gouvernement de Rome à la situation politique et sécuritaire en Méditerranée.
Et cette première journée a tenu toutes ses promesses, en permettant un tour d’horizon sur les dossiers chauds de la région à commencer par la Libye où la marche vers les élections du 24 décembre avance semée de tant d’embûches.
En effet, le président du Conseil Mario Draghi a en l’occasion repris les idées déjà exprimées lors de la conférence de Paris sur la Libye le 12 novembre dernier et souligné le besoin d’une action rapide pour réorienter le processus politique de ce pays, dans l’esprit des efforts de la communauté internationale.
Entre-temps, la démission de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Jan Kubisch, n’a fait probablement qu’aggraver une situation qui, selon le chef du gouvernement italien, était déjà incertaine du fait de l’absence d’une véritable loi électorale.
Les présentations et l’examen des différentes candidatures, selon Rome, se déroulent dans un climat d’âpres conflictualités entre Tripoli et Benghazi.
Ce qui a amené la diplomatie italienne à agir sur plusieurs fronts : éviter ici et là les nuisances françaises, convaincre le voisinage immédiat que la sortie de crise ne peut que venir d’un effort exclusivement interne, mais aussi contribuer à la tenue des élections législatives et présidentielles à la même date que celle prévue par l’ONU, de sorte à éviter le risque d’influencer les élections législatives sur le résultat et le climat du premier tour des élections présidentielles.
Le ministre des Affaires étrangères Luigi di Maio s’exprimant, lui aussi, durant cette session inaugurale du Med Dialogues a tenu à rappeler que «les efforts de son pays, a-t-il insisté, font partie d’un effort que nous lançons avec nombre de pays pour un partenariat dynamique entre l’Europe et son voisinage méridional au sens large, pour relever ensemble les défis communs et les transformer en opportunités d’intérêt commun, sur la Libye et sur d’autres questions».
Luigi Di Maio a ensuite souligné à quel point l’objectif du Dialogue Med de cette année est l’ébauche d’un «Agenda positif», qui puisse considérer la Méditerranée «non pas comme un épicentre de crise, mais ayant un extraordinaire potentiel, principalement en tant que plate-forme matérielle et idéale de connexion entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, réunies dans un seul macro-continent. Les rivalités idéologiques, la compétition pour le contrôle des ressources et l’émergence de nouvelles crises qui s’ajoutent à celles encore irrésolues ne doivent pas limiter notre effort mais, au contraire, le renforcer pour éviter les dynamiques négatives.»
Un chantier ambitieux mais ô combien urgent !
M. R.
Comment (7)