François Hollande : «On peine à définir des projets communs avec l’Algérie !»
Par Nabil D. – «Mon souhait le plus cher est que les relations entre l’Algérie et la France puissent s’apaiser», a déclaré François Hollande dans une interview à Berbère Télévision. «J’aime l’Algérie, j’y ai passé du temps», a ajouté l’ancien président français, qui a estimé qu’«il faut apprendre, il faut comprendre et non pas essayer de bousculer». «Il faut vivre avec les nouvelles générations qui, en Algérie, aspirent aussi à un certain nombre de progrès et de libertés», a-t-il insisté. Et de poursuivre : «Voilà pourquoi je pense que l’aspect mémoriel est important, mais il ne doit pas capter toute notre énergie.»
«Ce qu’il faut, c’est définir des projets communs avec l’Algérie ; on peine à le faire, mais c’est ça qui compte le plus, qui va permettre aux Algériens qui vivent en Algérie de voir en la France un grand partenaire, et à ceux qui sont d’origine algérienne et qui sont français de se dire qu’on n’est quand même pas si loin, qu’on a un travail à mener en commun», a encore affirmé François Hollande, qui avait réagi aux propos d’Emmanuel Macron qui avait provoqué une grande colère en Algérie, en octobre dernier, en indiquant que «sur la dette mémorielle et les relations avec l’Algérie, il ne faut pas avoir de mots qui puissent blesser». «Il n’y a pas de tabous […] mais il faut avoir une forme de délicatesse dans l’expression», avait-il insisté sur le plateau de la chaîne publique française TV5 Monde. «Chaque fois que la France prend position sur les affaires intérieures de l’Algérie, ça lui revient en boomerang», avait-il fait remarquer.
Lors de sa visite officielle en Algérie, en 2012, l’ex-président socialiste s’était recueilli devant la stèle dédiée à Maurice Audin et prononcé un discours devant l’Assemblée populaire nationale, au cours duquel il avait reconnu les «souffrances causées aux Algériens par la colonisation, le massacre de Sétif et la torture pendant la Guerre d’Algérie».
L’intervention de François Hollande coïncide avec la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à Alger, ce mercredi. Une visite durant laquelle l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron s’est employé à briser la glace dans les relations tendues entre les deux pays, suite à la décision de la France de réduire de moitié le nombre de visas établis au profit des Algériens, comme mesure de rétorsion suite à ce que le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a qualifié de «manque de coopération» des autorités algériennes dans le dossier des sans-papiers que la France veut extrader, en vain, en raison de la difficulté à identifier les concernés dont la plupart se défont de leurs documents de voyage et usurpent de fausses identités.
Alors que la tempête ne s’était pas encore calmée, le président Macron exacerbait l’ire des Algériens en alléguant que l’Algérie, en tant que nation, n’existait pas avant la colonisation. Des historiens français de renom avaient alors vite réagi à cette contrevérité en rappelant que l’affaire de l’éventail entre le dey Hussein Pacha et le consul français Pierre Deval était une preuve, s’il en est, que la France reconnaissait la Régence d’Alger et que, donc, l’Algérie jouissait bel et bien d’institutions officielles qui en faisaient un Etat à part entière.
N. D.
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