Enfin la vérité ?
Par Ramdane Ahemouth – La France va-t-elle une bonne fois pour toutes faire acte de repentance pour les crimes commis pendant la colonisation ? Après l’annonce de la ministre de la Culture française d’ouvrir les archives judiciaires de la police et de la gendarmerie sur la Guerre d’Algérie, quinze années avant le délai imparti, sommes-nous face à une volonté sincère de la France officielle de dire et d’accepter enfin la vérité sur ce qu’il s’était passé ? Deux bonnes questions qui appellent des réponses claires et nettes pour espérer une réconciliation des mémoires tant de fois souillées. Rien n’est moins sûr eu égard au fonctionnement du président Macron, devenu depuis son investiture un moulin à paroles dans le vent, tancent régulièrement ses détracteurs.
Si, à première vue, le Président français semble aller dans le sens de la politique «des petits pas», la préconisation du rapport sur la réconciliation mémorielle remis en janvier de l’année en cours par l’historien Benjamin Stora, en revanche, le doute subsiste encore sur la sincérité de l’annonce inattendue de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Cette déclaration à ce moment précis et le contexte dans lequel celle-ci intervient, marqué par une avancée fulgurante des mouvements nationalistes extrémistes, plaident en faveur d’un coup politique, selon nombre d’observateurs qui suspectent Emmanuel Macron d’instrumentaliser la question mémorielle à des fins électoralistes.
Il ne faut présumer de rien. Mais deux certitudes : le bilan du Président sortant, attaqué de toutes parts à l’occasion de la campagne présidentielle nauséabonde qui s’est ouverte, n’est pas reluisant, notamment aux yeux des plus précaires ; sa réélection n’étant plus de l’ordre d’une formalité. Il faut alors y voir de multiples raisons en conséquence desquelles d’aucuns considèrent la décision de la ministre de la Culture, sans le moindre doute, sous la dictée du président Macron, n’a donc qu’un seul et unique objectif : créer la polémique, susciter l’algarade avec les courants d’extrême droite en très nette progression dans l’opinion, ainsi qu’avec les nostalgiques de la colonisation et d’une France esclavagiste, dans le but de bipolariser la vie politique française, d’un côté la galaxie de la fachosphère et, de l’autre, le prétendu progressiste Emmanuel Macron, seule chance pour ce dernier de rempiler.
Le geste d’ouvrir les archives sur la Guerre d’Algérie au public peut être synonyme d’une forme d’audace, à la condition et si et seulement si le geste venait à être suivi d’effet. Mais rien ne confère à l’annonce de la ministre de la Culture française plus de crédibilité, dans la mesure où Emmanuel Macron, tout au long de son mandat, a eu, à maintes reprises, à renier des positions autrement plus tranchées.
Ce fut son fameux «en même temps».
R. A.
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